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RECUEIL DES LETTRES
~ moi, n’étant ébloui de rien, ne désirant et ne crai-
‘ '' gnant rien , ndele à mes amis, et me moquant un
peu de la sorbonne avec sa IVlajesté. Iterum vais.
LETTRE LXL
A M. LE COMTE DE C H O I S E U L (*),
Potsdani, le $ septembre.
os bontés consiantes me sont bien plus précieuses,
IVIonsieur, que l’enthousiasme passager d’un public
presque toujours égaré, qui condamne à tort et à
travers, juge de tout et n’examine rien, dressc des
statues et les brise pour vous en caster la tête. C'est
à vous plaire que je mets ma gloire.
Je n’aime de Lignai que celui-auquel je reviendrai
voir mes amis. A l’égard de celui de Lijois, je pense
qu’à la reprise on pourrait hasarder ce qu'il a été
très-prudent de ne pas risquer aux premières repré-
sen tâtions.
Ce n’est point le héros du Nord qui m’empêche
a présent de venir vous faire ma cour, c’est Louis XIV.
Une nouvelle édition, qu’on ne peut faire que sous
mes yeux , m’occupera encore six semames pour le
moins. J’ai eu de bons matériaux que je mets en
çeuvre. J’ai tiré de mon absence tout le parti que
je pouvais. Jç suis assez comme qui vous savez ; mon
royaume n’est pas de ce monde. Si j’étais resté à
Paris, on aurait sifflé Rome et le Duc deFoix; la
sorbonne eût condamné le Siècle de Louis XIV ; on
(*) Depuis duc de Praslin.
RECUEIL DES LETTRES
~ moi, n’étant ébloui de rien, ne désirant et ne crai-
‘ '' gnant rien , ndele à mes amis, et me moquant un
peu de la sorbonne avec sa IVlajesté. Iterum vais.
LETTRE LXL
A M. LE COMTE DE C H O I S E U L (*),
Potsdani, le $ septembre.
os bontés consiantes me sont bien plus précieuses,
IVIonsieur, que l’enthousiasme passager d’un public
presque toujours égaré, qui condamne à tort et à
travers, juge de tout et n’examine rien, dressc des
statues et les brise pour vous en caster la tête. C'est
à vous plaire que je mets ma gloire.
Je n’aime de Lignai que celui-auquel je reviendrai
voir mes amis. A l’égard de celui de Lijois, je pense
qu’à la reprise on pourrait hasarder ce qu'il a été
très-prudent de ne pas risquer aux premières repré-
sen tâtions.
Ce n’est point le héros du Nord qui m’empêche
a présent de venir vous faire ma cour, c’est Louis XIV.
Une nouvelle édition, qu’on ne peut faire que sous
mes yeux , m’occupera encore six semames pour le
moins. J’ai eu de bons matériaux que je mets en
çeuvre. J’ai tiré de mon absence tout le parti que
je pouvais. Jç suis assez comme qui vous savez ; mon
royaume n’est pas de ce monde. Si j’étais resté à
Paris, on aurait sifflé Rome et le Duc deFoix; la
sorbonne eût condamné le Siècle de Louis XIV ; on
(*) Depuis duc de Praslin.