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DE M. DE VOLTAIRE.
LETTRE CX.

235

A M. LE MARECHAL DUC DE RICHELIEU.
A Strasbourg, ou tout auprès, 7 septembre.
ÏVIais vraiment, Monseigneur, cela est allez extra---
ordinaire; Quoi, pour l’œuvre de poëshies ■ Les vers 1753.
sont donc une belle chose ! Je les ai toujours aimés
à la folie quand ds sont bons. Mais ma pauvre nièce !
qu’allait-elle saire dans cette galère ! Les gens qui
disent que tout cela s’est passé de nos jours ont grand
tort ; l’aventure est du temps de Denys de Syracuse.
Je suis au désespoir de ne vous point faire ma cour.
Le temps se passe, et je ne me consolerais pas d’être
mort sans avoir eu l’honneur de vous entretenir. Et
le voyage d'Italie, et Saint-Pierre de Rome , et la ville
souterraine, n’avez-vous pas quelque envie de les
voir ? et ne pourrait-on pas venir recevoir vos ordres
dans le chemin ? et n’iriez-vous pas faire un cours
à Montpellier ? Un beau soleil et vous, vous êtes
mes dieux. Il serait doux de les voir de près. J’aime
ceux qui échausfent et qui éclairent , et non pas
ceux qui brûlent.
Je joins les sentimens de la plus tendre reconnais-
sance à un attachement d’environ quarante années;
mais j’ai des pallions malheureuses , et la jouissance
de l’objet aimé m’est interdite par ordre du médecin.
Si votre belle imagination trouve quelque tournure
pour que je puisse bacciar vi la mano quand vous irez
à Montpellier , ce serait pour moi 1 heure du berger.
 
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