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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Ménard, René: La gravure en médailles sous la Renaissance franc̨aise, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0155

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i30 L'ART.

plus tyrannique qui fut jamais produisit pourtant des chefs-d'œuvre dans l'art, comme de grandes
actions dans l'ordre moral, car dans tous les temps il y a des génies sublimes et de grands carac-
tères; mais si l'on veut chercher le point commun qui les relie tous, on ne le trouvera pas sur la
terre. Jésus-Christ avait dit : Mon royaume n'est pas de ce monde. Les grands hommes furent des
saints, dédaigneux de l'édifice social en dehors duquel ils se tenaient, et les artistes, négligeant
l'observation de la nature, ne regardèrent que le ciel et ne traduisirent que des inspirations dépour-
vues de forme réelle.

Aussitôt que les communes se constituèrent et cherchèrent à régler par des lois humaines les
droits et les devoirs de chacun, l'art quitta les monastères, où il vivait depuis plusieurs siècles,
obéissant à des formules hiératiques, et passa aux mains des laïques. Ce fut le xiiiu siècle, encore
enseveli dans les ténèbres les plus épaisses, mais plein d'aspirations de toutes sortes vers un idéal
inconnu, qui vit poindre l'aurore des idées nouvelles. Dès que les habitants des communes, trans-
formes en citoyens, cherchent à établir entre eux des conventions pour fixer les droits et les
devoirs de chacun, les tailleurs de pierres et imaygiers, transformés en artistes, cherchent dans
l'observation de la nature des règles pour leur travail. Ils imitent d'abord les plantes, les animaux,
puis l'homme lui-même, et, forts de ces nouvelles études, traduisent par leur inspiration les senti-
ments de la multitude. Dès lors aux saints traditionnels viennent se mêler les héros des légendes,
les vertus et les vices personnifiés, et jusqu'à cette image de la Liberté, qu'un sculpteur plaça dans
la cathédrale de Chartres, bien étonnée sans doute de recevoir un pareil hôte.

Ce mouvement d'idées qui marque la fin du moyen âge, mais qui n'est pas encore la Renais-
sance, se produisit en même temps en France et en Italie; seulement, dans ce dernier pays, l'abon-
dance des monuments qui subsistaient de l'antiquité et l'étude passionnée qu'on en fit vinrent donner
à l'art un caractère particulier.

L'art antique repose sur des principes absolus, où on chercherait en vain quelque chose d'ar-
bitraire : c'est la recherche de ces principes, dont la tradition avait été perdue pendant le moyen
âge, qui constitue à proprement parler la Renaissance. C'est pour cela que, bien que la même
activité se soit manifestée dans divers pays à la même époque, l'Italie a droit à la première place.
Tandis que les autres cherchaient dans l'inconnu le principe d'une loi nouvelle, l'Italie la trouvait,
toute formulée, dans les monuments que son sol avait conservés.

La France avait déjà produit dans tous les genres des œuvres remarquables, avant de demander
à l'Italie les leçons de son expérience, et nous sommes loin de vouloir amoindrir les efforts qu'elle
fit après le long enfantement du moyen âge. Mais c'est l'Italie qui lui a enseigné la voie dans laquelle
elle est entrée : il y aurait injustice à lui contester cette gloire. Le renouvellement de l'art a eu
pour point de départ, en Italie comme partout, l'étude et l'imitation de la nature, mais l'Italie avant
les autres a interrogé l'antiquité, pour savoir comment on doit voir et imiter la nature. La gravure
en médailles parcourt exactement les mêmes phases que la sculpture et la peinture.

A cette époque le goût pour l'antiquité était répandu dans toute l'Italie ; les grands seigneurs
étaient tous lettrés, et tenaient à honneur de se connaître en médailles antiques et d'en posséder
une collection. La spéculation s'en mêlait et d'habiles artistes s'efforçaient d'imiter ces médailles
que des marchands vendaient ensuite pour des originaux.

Ces fausses médailles offraient quelquefois une telle ressemblance avec les véritables, que les
connaisseurs les plus expérimentés s'y trompent encore souvent. Les artistes qui se livraient à ce
travail n'étaient pourtant pas tous des faussaires, le plus grand nombre faisait cela comme étude;
mais, quel que soit le motif qui les guidât, le résultat était le même pour l'art, et la tradition antique,
si longtemps méconnue, était une mine inépuisable, où chacun apprenait les principes du grand style.

L'artiste qui s'est rendu le plus célèbre dans l'imitation des médailles antiques, est Giovanni
Cavino, dit il Padovano (le Padouan), du nom de sa ville natale. On lui en attribue même un beaucoup
plus grand nombre qu'il n'a pu en faire réellement, et les numismates appellent Padouans toutes
les fausses médailles antiques qui ont un mérite suffisant pour tromper les connaisseurs.

Admirateurs enthousiastes des chefs-d'œuvre de l'antiquité, les graveurs de la Renaissance ne
s'en tenaient pas pourtant à de simples imitations. De l'effet, ils remontaient à la cause et rendaient
 
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