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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Rousseau, Jean: Corot, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0295

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COROT. 273

et merveilleusement comprise; mais ses grandes toiles, brossées à un point de vue tout décoratif,
s'inquiètent peu de la vérité absolue. Rubens en revanche, et Van Dyck, et l'immense majorité des
coloristes d'autrefois, n'y songent même pas ; ils donnent, avec la plus parfaite insouciance, des fonds
de plein air à des figures peintes visiblement sous le jour concentré de l'atelier. Corot, lui, dans ses
nymphes si persillées, si souvent baptisées de poupées et de fantoches, a laissé de vrais modèles de
ces études de plein air, aussi salubres pour la peinture que pour le peintre, qui la sauvegardent si bien
contre la tentation des effets outrés, des ragoûts, des sophistications de la palette, et qui en même
temps élargissent si puissamment ses aspects, en simplifiant toutes choses, les lignes, les plans et les
couleurs ! A tous ces points de vue les figures de Corot, même ses figures nues, sont des chefs-
d'œuvre. Elles ont les blancheurs mates et saines de la vie, et ces ombres légères, mais solides, qui
peuvent seules rendre l'épaisseur des chairs, et que comprennent si peu tant de faux coloristes aux

La Seine a Ciiatou.
Dessin d'Edmond Yon, gravure de Joliet. (Collection de M. Dubuissoa.)

transparences vitreuses. Et si le dessin n'est jamais très-étudié dans le détail, il est toujours profondé-
ment juste et senti dans sa construction générale, et souvent frappant d'allure et de caractère, témoin
les figures nues du Repos, témoin les sorcières de Macbeth.

« On dessine plus que Corot, on ne dessine pas mieux! » disait vivement un artiste distingué
qu'on préférait, devant nous, à Corot.

On dira que cette étude n'est qu'un panégyrique. J'en suis le premier désolé, croyez-le
bien. La compétence s'affirme volontiers par l'exigence, — et le public, — ce n'est pas d'aujour-
d'hui qu'on le sait, — épouse toujours plus volontiers les critiques que les éloges. Mais qu'y faire ?
Plus j'ai étudié mon Corot, plus je l'ai trouvé grand, et j'en suis arrivé à le tenir pour le pre-
mier maître du siècle, le plus original comme le plus sincère. Je trouve des pages manquées
dans son œuvre : celles de ses premières années, par exemple, sèches et incolores ; mais elles
appartiennent à ses maîtres plutôt qu'à lui. J'y trouve des inégalités : la spéculation lui a
arraché plus d'une toile inachevée. — Des défauts graves, des vices de constitution ? Aucun.

Mais il est monotone. Du gris! toujours du gris!

— C'est que vous ne l'avez pas assez regardé. — « Pour bien entrer dans mes paysages, disait
Corot, il faut avoir au moins la patience de laisser le brouillard se lever. On n'y pénètre que peu à
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