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Le charivari — 17.1848

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Avril (No. 92-121)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17760#0410
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LE CHARIVARI.

m i

Pendant que les titulaires -vaqueront à leurs tra-
vaux politiques, un suppléant fera le cours. Qu'on
nomme alors le suppléant professeur; les chaires
sont mal occupées par des noms, il leur faut des
hommes.

On a bien assez reproché à M. Guizot de ne pis
avoir donné sa démission de professeur lorsqu'il a été
nommé ministre.

Les nouvelles chaires, sont, momentanément du
moins, gratuites ; il n'y aura donc pas de cumul
matériel, mais le cumul moral blesse aussi profondé-
ment le bon sens et l'équité. Tant de fonctions ac-
cumulées sur les mêmes hommes, ne grandissent ni
les hommes ni les fonctions. On sent que parmi un
si grand nombre d'occupations beaucoup sont sacri-
fiées; on néglige l'État ou l'enseignement, et ce sont
deux choses qui veulent qu'on s'y consacre entière-
ment et entre lesquelles les hommes sérieux choi-
sissent.

Il résulte d'une réclame insérée dans beaucoup
de journaux, et nous croyons, Dieu nous pardonne !
dans le Moniteur lui-même, que les artistes ont de-
mandé, réclamé, exigé la nomination du citoyen
Charles Blanc aux fonctions de directeur des Beaux-
Arts. Ces puffs-là ne devraient plus être de mise sous
la République. Nous sommes très disposés à admet-
tre que M. Charles Blanc est le seul homme capable
de diriger les Beaux-Arts en France, que tous les ar-
tistes le chérissent et le vénèrent, qu'ils se seraient
soulevés si le citoyen Ledru-Rollin avait eu l'im-
prudence de le refuser à leurs vœux, cependant
nous ne voudrions pas traduire notre opinion en
fait officiel. Après tout, il y a peut-être en France
un homme qui se croit aussi apte à diriger les Beaux-
Arts que M. Charles Blanc, et nous ne voudrions
blesser aucune susceptibilité ; les amis du nouveau
directeur auraient dû imiter notre réserve. « Placez-
vous les uns les autres, que celui qui est casé, case
celui qui ne l'est pas, » dit l'Évangile du lendemain.
Suivez ce précepte, mais ne l'enjolivez pas de récla-
mes absurdes. Cela est inutile et agace les nerfs.

LE TURC ET L'ÉCONOMIE POLITIQUE.

Au nombre des chaires supprimées par le nouveau
décret du gouvernement provisoire, nous avons cité
la chaire de turc; il faut citer encore la chaire d'éco-
nomie politique.

On n'enseignera plus le turc, si ce n'est au Théâ-
tre de la République, dans la scène du mamamouchi
du Bourgeois-Gentilhomme. C'est là, du reste, que
les professeurs de turc allaient apprendre le turc :
Ben Salem; cette phrase qui émerveillait si fort M.
Jourdain servait de salut au commencement de cha-
que leçon. Les élèves répondaient salem salamu-
leck. Le portier du turc du Collège en était dans
l'admiration.

Il faut dire que depuis quelques années le turc du
Collège de France élait en décadence; la tradition du
Bourg-ois-Gentilhomme n'avait plus de cours. Des
locutions auvergnates ou provençales venaient altérer
la pureté du style oriental , et l'on sentait trop que
la chaire était occupée par des suppléans nés dans
l'Ardèche. Déjà la Revue des Deui-Mondes signa-
lait le style fleuri du turc du Collège de France com-
me un style réfugié.

Rendons justice au professeur de turc supprimé. Il

a accepté son malheur avec une gravité musulmane,
La seule exclamation a été : Allah kerim ! Dieu est
grand et Carnot est son prophète ! après quoi, s'at-
tendant bien à voir arriver chez lui un muet portant
le fatal cordon sur un plat d'argent, il est resté à l'at-
tendre dans son cabinet, assis sur des coussins et fu-
mant le narghilé. Sa femme de ménage versait des
larmes en le conjurant de fuir : — Console-toi,
Fatmé, lui a dit le professeur destitué ; s'il est écrit
là haut que ma tête sera coupée cette nuit et apportée
demain matin au sérail, jè" ferais de vains efforts
pour m'échapper. C'est la fatalité qui règle les des-
tinées de l'homme.

Toi, Fatmé, tu seras probablement enlevée et con-
duite au harem, soumets-toi à ton sort avec le calme
qui convient au sage.

Ce dogme de la fatalité, qui servait de base à l'en-
seignement du turc, faisait de grands ravages dans la
population et nécessitait la suppression de la chaire.

Nous regrettons bien que M. Michel Chevalier
n'ait pas montré autant de stoïcisme que son con-
frère.

On voit bien que M. Michel Chevalier était pro-
fesseur d'économie politique et non pas de turc. Ces
deux cours étaient l'antipode l'un de l'autre. Fidèle
au dogme de la fatalité , le turc attendait que les si-
nécures et les faveurs vinssent à lui ; l'économie po-
litique, au contraire , allait à la montagne quand la
montagne ne venait pas à sa rencontre. Il est sans
exemple qu'un homme fort sur l'économie politique
ait reconnu et mis en pratique le dogme de la fata-
lité.

Dans une lettre publiée ce matin par le Journal
des Débats, M. Michel Chevalier se plaint amère-
ment de sa destitution non moins que de la suppres-
sion de sa chaire. Par là, il trahit la faiblesse de son
âme et son infériorité philosophique. Grands dieux!
comme il est loin de son confrère le turc! Quelle dif-
férence entre le touchant Allah kerim de celui-ci et
les récriminations de M. Michel Chevalier !

Le professeur de turc n'apps dit : Hors du turc,
point de salut. Non, il s'est contenté de dire à Fatmé,
sa femme de ménage qui se lamentait sur la déca-
dence de la littérature turque : Tu es une cigogne,
Fatmé ; les hommes passent, mais la linguistique
reste ; après nous l'arménien ! M. Michel Chevalier,
au contraire , s'écrie : Hors de l'économie politique
point de salut. C'en est fait maintenant de la science

industrielle et sociale, elle est morte comme letu

L'économie politique avait révélé aux agriculiey0'
la date précise de l'introduction des pommes de ^
en France Aussi Napoléon repoussait-il cette scient
Ceux qui la cultivaient, il les traitait d'idéologues
En professant l'économie politique, M. Michel Cile
valier faisait acte d'opposition au despotisme im
rial.

Il lui reste comme fiche de consolation sa p^
d'ingénieur en chef des mines. Le professeur de tut.
n'en a pas autant, à moins qu'il ne se rattrape sui
le sanscrit, qui parait devoir traverser sain et sauf
ce temps de crise.

L'autre soir Mlle Rachel a reçu un bouquet qui a
dû lui faire plus de plaisir à lui seul que les deux ou
trois mille bouquets réunis dont elle a reçu l'hom-
mage dans sa carrière dramatique.

Ces fleurs lui ont été offertes au nom du public du
théâtre de la Républiqae, et cette fois c'est bien le
public qui en a fait les frais.

Dans un des entractes de la première représenta-
tion populaire donnée pnr le théâtre de la Républi-
que, un spectateur en blouse, mais beaucouu plus
galant que plus d'un lion en habit noir, émit l'idée
d'offrir un beau bouquet à Rachel.

Ce projet fut accueilli par les acclamations de tous
les voisins,et aussitôt un chapeau recueillit les sous-
criptions.

En quelques minutes, tous les spectateurs du par-
terre et de l'orchestre avaient versé leur offrande
dans le chapeau voyageur.

Le montant de chaque souscription était modique:
l'un versait un sou, l'autre deux; mais on en versa
tant qu'au bout de cinq minutes on n'avait plus d'in-
quiétude sur le bouquet.

On avait seulement quelque peur pour le fond à
chapeau.

Heureusement il était solide et il put résister à cette
avalanche de monnaie.

Bref, en moins d'un quart d'heure, et sans avoir
pris de leçon de Robert Houdin, notre ingénieui
spectateur sut faire sortir de son chapeau un magni'
fique bouquet qui, à la fin du spectacle, fut offert
Mlle Rachel.

Il y a longtemps que le peuple de Parie a unere-
putation de bravoure, de générosité et d'esprit.

Encore un bouquet pareil et on le tiendra pou'
plus galant de l'Europe.

Les théâtres de Paris sont depuis six semait*
dans la plus déplorable position, et l'on n'ose jj!
prévoir l'époque où les recettes recommencer0
devenir quelque peu satisfaisantes.

Le théâtre de la' République et celui de la
viennent de prendre une mesure révolutioi
daus le tarif du prix des places.

A partir de ce jour les stalles d'Opéra ne t®
plus que cinq francs au lieu de dix, et tous les a
prix sont restés réduits à peu près dans une Pr0
lion analogue. ;.

Ce qui ruine surtout les directeurs de
sont les énormes appointerons touchés par _jj
miers sujets. 11 n'est pas jusqu'à certains dl
théâtres secondaires qui ne s'estiment q«a
cinquante mille francs par an. ^ $

Jusqu'à ce jour, nous n'avons pas entejW
qu'aucun de ces messieurs ait oilert ae ^
appointerons au moins pendant tout le
durera la crise commerciale. ^

De sorte qu'aujourd'hui les recettes a on ^
ver diminuées de moitié, fit-on salle com
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Titel

Titel/Objekt
Le Turc et l'économie politique
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Entstehungsdatum
um 1848
Entstehungsdatum (normiert)
1843 - 1853
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift
Wirtschaftspolitik
Türkei
Türken

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Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
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Le charivari, 17.1848, Avril (No. 92-121), S. 406

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
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