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ACTUAL1 1
Dis donc, Fifine, as-tu reçu beaucoup de cartes à l’occas’ du premier de l’an ?
Non, une seule... celle de la Préfecture de Police.
tJn récent verdict a encore remis sul le P
[uestion du jury. , , mile.
Décidément, l’institution a du plomb i
Hélas! l’infaillibilité n’est pas de ce mona • ^
Un de mes amis me contait que, faisan P
jury en province, il tomba sur une affaire Cep •
Le verdict était controversé, quand un raA gan^
mier, l'un des douze, dit avec conviction, pe
qu’il lançait un argument décisif: t
— Messieurs, y a plus de trente ans que les ge
de notre département n’ont point vu d'exécution, <îa
leur fera plaisir.
Candeur adorable!
Que voulez-vous? Vous no pouvez pas exiger que
les jurés déposent au vestiaire les préoccupations
et les mesquineries courantes. Ils rentrent au logis,
où. madame leur épouse pèse sur leur conscience,
où les passions de clocher viennent répercuter eur
écho.
Certains pays, du moins, ont pris 1 habitude,pour
les affaires à prolongement, d’isoler le juré c i
l’enfermer. Il faudrait, pour bien iaire, que ce
fquestration fût rendue obligatoire ici pcn a
la quinzaine.
— Un des fléaux du jury , me disait encore un ma-
gistrat, c’est le loustic. Quand il y a, dans cette réu-
nion fortuite de gens qui ne se connaissent pas, un
monsieur qui fait des calembours et conte des his-
toires folâtres, on peut être sûr d'avance que tous
les verdicts seront incohérents.
Pauvre ’ustice humaine !
*
)ute
Une spécialité qui paraît prendre dans les jour-
naux un développement de plus en plus grand, c’est
la réclame en vers.
Qui donc prétendait que nous vivions dans le siè-
cle de la prose et que les Muses étaient délaissées?
Voilà qu’un nouveau débouché s’est ouvert devant
elles. A certains, jours, dans les gazettes en vogue,
on trouve jusqu’à deux, trois, quatre sonnets célé-
brant le savon du Soudan, l’élixir Blaguineau ou
quelque autre produit destiné à abolir les rides, les
taches de rousseur, le choléra.
Les poètes qui se livrent à cette spécialité doivent
être assez curieux à étudier dans l’intimité...
Cicux, écoutez leur voix! Terre, prête l’oreille!
Voyez-vous d’ici le barde cherchant, échevelé, une
rime à pilule ou à cosmétique?
L'entendez-vous répondre à la dame de ses pen-
sées, qui lui demande à quelle heure on déjeunera :
— Je n’en sais rien... Laisse-moi... Cela dépendra
de l’inspiration... Il faut que je livre à onze heures
huit stances sur un nouveau purgatif, et je n’ai pas
encore trouvé le premier vers!
C’est la réconciliation, cela, de l’idéal et du positif.
Désormais, un bon père de famille ne saurait refu-
ser la main de sa fille à un jeune homme, sous pré-
texte qu’il fait des vers ; car ce jeune homme serait
en droit de lui répondre, relevant fièrement la tête :
— Oui, je fais des vers, et je m’en vante ! J’ai dans
ma clientèle trois pharmaciens qui, à eux seuls, me
rapportent plus de cinq mille francs par an.
ils
-'F
*.v *1-
L’autre jour, un de nos peintres de portraits avait
pour modèle certaine comtesse, veuve et mûrie, quô
cette maturité et ce veuvage n’empêchaient pas
d’avoir des prétentions désavouées par son miroir.
Le peintre, désireux de ménager cette vanité ré-
trospective, s’était évertué à dissimuler des ans
l’irréparable outrage. L’exigeante cliente ne se tenait
jamais pour satisfaite. Toujours elle demandait un
supplément de rajeunissement.
A la fin, l’artiste s’agaça. Et, sur une réclamation
nouvelle, tout en gardant le ton de la plus exquise
politesse :
— Mille regrets, madame; mais, pour réaliser ce
que vous souhaitez, il me faudrait les indications de
votre premier mari.
ZIGZAG.
ACTUAL1 1
Dis donc, Fifine, as-tu reçu beaucoup de cartes à l’occas’ du premier de l’an ?
Non, une seule... celle de la Préfecture de Police.
tJn récent verdict a encore remis sul le P
[uestion du jury. , , mile.
Décidément, l’institution a du plomb i
Hélas! l’infaillibilité n’est pas de ce mona • ^
Un de mes amis me contait que, faisan P
jury en province, il tomba sur une affaire Cep •
Le verdict était controversé, quand un raA gan^
mier, l'un des douze, dit avec conviction, pe
qu’il lançait un argument décisif: t
— Messieurs, y a plus de trente ans que les ge
de notre département n’ont point vu d'exécution, <îa
leur fera plaisir.
Candeur adorable!
Que voulez-vous? Vous no pouvez pas exiger que
les jurés déposent au vestiaire les préoccupations
et les mesquineries courantes. Ils rentrent au logis,
où. madame leur épouse pèse sur leur conscience,
où les passions de clocher viennent répercuter eur
écho.
Certains pays, du moins, ont pris 1 habitude,pour
les affaires à prolongement, d’isoler le juré c i
l’enfermer. Il faudrait, pour bien iaire, que ce
fquestration fût rendue obligatoire ici pcn a
la quinzaine.
— Un des fléaux du jury , me disait encore un ma-
gistrat, c’est le loustic. Quand il y a, dans cette réu-
nion fortuite de gens qui ne se connaissent pas, un
monsieur qui fait des calembours et conte des his-
toires folâtres, on peut être sûr d'avance que tous
les verdicts seront incohérents.
Pauvre ’ustice humaine !
*
)ute
Une spécialité qui paraît prendre dans les jour-
naux un développement de plus en plus grand, c’est
la réclame en vers.
Qui donc prétendait que nous vivions dans le siè-
cle de la prose et que les Muses étaient délaissées?
Voilà qu’un nouveau débouché s’est ouvert devant
elles. A certains, jours, dans les gazettes en vogue,
on trouve jusqu’à deux, trois, quatre sonnets célé-
brant le savon du Soudan, l’élixir Blaguineau ou
quelque autre produit destiné à abolir les rides, les
taches de rousseur, le choléra.
Les poètes qui se livrent à cette spécialité doivent
être assez curieux à étudier dans l’intimité...
Cicux, écoutez leur voix! Terre, prête l’oreille!
Voyez-vous d’ici le barde cherchant, échevelé, une
rime à pilule ou à cosmétique?
L'entendez-vous répondre à la dame de ses pen-
sées, qui lui demande à quelle heure on déjeunera :
— Je n’en sais rien... Laisse-moi... Cela dépendra
de l’inspiration... Il faut que je livre à onze heures
huit stances sur un nouveau purgatif, et je n’ai pas
encore trouvé le premier vers!
C’est la réconciliation, cela, de l’idéal et du positif.
Désormais, un bon père de famille ne saurait refu-
ser la main de sa fille à un jeune homme, sous pré-
texte qu’il fait des vers ; car ce jeune homme serait
en droit de lui répondre, relevant fièrement la tête :
— Oui, je fais des vers, et je m’en vante ! J’ai dans
ma clientèle trois pharmaciens qui, à eux seuls, me
rapportent plus de cinq mille francs par an.
ils
-'F
*.v *1-
L’autre jour, un de nos peintres de portraits avait
pour modèle certaine comtesse, veuve et mûrie, quô
cette maturité et ce veuvage n’empêchaient pas
d’avoir des prétentions désavouées par son miroir.
Le peintre, désireux de ménager cette vanité ré-
trospective, s’était évertué à dissimuler des ans
l’irréparable outrage. L’exigeante cliente ne se tenait
jamais pour satisfaite. Toujours elle demandait un
supplément de rajeunissement.
A la fin, l’artiste s’agaça. Et, sur une réclamation
nouvelle, tout en gardant le ton de la plus exquise
politesse :
— Mille regrets, madame; mais, pour réaliser ce
que vous souhaitez, il me faudrait les indications de
votre premier mari.
ZIGZAG.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Actualité
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: - Dis donc, Fifine, as-tu reçu beaucoup de cartes à l'occas' du premier de l'an? - Non, une seule...celle de la Préfecture de Police.
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le charivari, 62.1893, Janvier, S. 23
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg