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— Crie : « Filou!!. » Tu vois, ils se sont tous retournés!
dier aux journaux des listes où se trouve mentionn
|e nom des spectateurs marquants, que lceil dun
inspecteur vigilant a sans doute été chargé de dé-
couvrir dans la salle.
Je ne parle pas, bien entendu, des nomenclatures
de
premières, auxquelles, du reste, on a fini par re-
noncer presque sur toute la ligne, tant elles deve-
naient lassantes par leur monotonie.
On les a remplacées par ces citations habilement
espacées et, qui se formulent à peu près comme il
suit :
« Le succès do Ma Tante à cascades, la folie car-
navalesque jouée au théâtre des Ahurissements-
Comiques, est attesté par la distinction du public
qui se presse tous les soirs dans la salle. Hier, on
y voyait aux fauteuils d’orchestre le vidame do
Poire-Tapée, dans une loge la comtesse de Hauts-
Fournaux, et dans une baignoire 10 toujours sémil-
lant prince de Follebraise. »
Chacun est libre, ce nous semble, de passer sa
soirée ici ou là, sans que la presse en informe l'u-
nivers, qui doit se soucier lort peu de la nouvelle.
Sans compter que ces révélations imprévues peu-
vent entraîner des conséquences vaudevillesques ou
dramatiques selon les circonstances.
Supposez un monsieur bien et dûment marié s en
allant, comme le prince de Follebraise, ouïr en com-
pagnie intime la fameuse pochade en abritant son
incognito dans la pénombre de la baignoire protec-
rice. Et voyez la stupeur du délinquant, lorsque, le
lendemain, à l’heure du déjeuner, sa légitime épouse
lui apparaît, l’œil menaçant, et lui dit :
-—Est-ce qu’elle s’est prolongée tard hier, votre
séance de l’Association philagronomique ?
— Oh ! très tard, ma chère amie; jusqu’à minuit.
— Alors, daignerez-vous m’expliquer comment on
vous a vu au théâtre des Ahurissements-Comiques ?
— Moi ! Par exemple !... Je ne connais même pas
ce théâtre-là; je n’y ai jamais mis le pied, mabonne
amie.
— Oser soutenir un pareil mensonge, quand voici
votre journal, — particulièrement bien renseigné,
c’est vous qui me l’avez dit...
— Mon journal 1 Qu’est-ce qu’il y a dans mon jour-
nal ?
— Il y a... que vous m’avez trompée, que vous vous
occupiez d’agronomie en compagnie d’une créature,
dans une baignoire scandaleusement livrée aux
malins regards!
Produit net : un joli divorce à brève échéance.
Cette simple considération devrait suffire à réfré-
ner le zèle des directeurs trop ardents. J'ajouterai
que le procédé ne doit pas être bien fécond, car il a
le don d'agacer plutôt que de persuader le lecteur,
vexé qu’on cite les autres et qu’on ne le cite jamais,
lui.
Truc à réformer.
***
Lu dans un journal l'histoire d’un acteur qui, en
un théâtre de province, est, l’autre jour, tombé ivre-
mort sur la scène.
Il y a de nombreux précédents, hélas 1
Frédérick-Lemaître pratiqua parfois lui-même le
titubare hurnanum est.
Un acteur de drame moins célèbre que Frédérick,
mais qui n'était pas sans mérite, Clarence, qu'on
vit tour à tour à la Porte-Saint-Martin et à l’Odéon,
était également un trop zélé adorateur de la dive
bouteille. Un certain soir, il se tira en homme d’es-
prit i'un assez mauvais pas.
Il jouait en représentation dans une ville de Nor-
mandie, et dame! on commença à s’apercevoir qu’il
était gris, mais là gris...
On murmure. Il essaie do se raidir. On murmure
plus fort. Alors, par une inspiration géniale, Cla-
rence s’approche de la rampe, salue respectueuse-
ment, et d'une voix persuasive :
— Mesdames et messieurs, je n’avais jamais bu
de cidre de ma via; on m’a fait goûter du vôtre tout
à l'heure, et je l’ai trouvé si bon que, ma foi... Je
sollicite votre indulgence...
On l’applaudit à outrance. Et la soirée fut sauvée.
Inutile d’ajouter que le cidre était complètement
étranger à l'événement, dont la responsabilité reve-
nait tout entière à l’absinthe.
MEMOR.
np’OT’DT r-Cm COINTKEAU(TAciers.
X ÜllrLli Dijü airons u flacon casa*
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— Crie : « Filou!!. » Tu vois, ils se sont tous retournés!
dier aux journaux des listes où se trouve mentionn
|e nom des spectateurs marquants, que lceil dun
inspecteur vigilant a sans doute été chargé de dé-
couvrir dans la salle.
Je ne parle pas, bien entendu, des nomenclatures
de
premières, auxquelles, du reste, on a fini par re-
noncer presque sur toute la ligne, tant elles deve-
naient lassantes par leur monotonie.
On les a remplacées par ces citations habilement
espacées et, qui se formulent à peu près comme il
suit :
« Le succès do Ma Tante à cascades, la folie car-
navalesque jouée au théâtre des Ahurissements-
Comiques, est attesté par la distinction du public
qui se presse tous les soirs dans la salle. Hier, on
y voyait aux fauteuils d’orchestre le vidame do
Poire-Tapée, dans une loge la comtesse de Hauts-
Fournaux, et dans une baignoire 10 toujours sémil-
lant prince de Follebraise. »
Chacun est libre, ce nous semble, de passer sa
soirée ici ou là, sans que la presse en informe l'u-
nivers, qui doit se soucier lort peu de la nouvelle.
Sans compter que ces révélations imprévues peu-
vent entraîner des conséquences vaudevillesques ou
dramatiques selon les circonstances.
Supposez un monsieur bien et dûment marié s en
allant, comme le prince de Follebraise, ouïr en com-
pagnie intime la fameuse pochade en abritant son
incognito dans la pénombre de la baignoire protec-
rice. Et voyez la stupeur du délinquant, lorsque, le
lendemain, à l’heure du déjeuner, sa légitime épouse
lui apparaît, l’œil menaçant, et lui dit :
-—Est-ce qu’elle s’est prolongée tard hier, votre
séance de l’Association philagronomique ?
— Oh ! très tard, ma chère amie; jusqu’à minuit.
— Alors, daignerez-vous m’expliquer comment on
vous a vu au théâtre des Ahurissements-Comiques ?
— Moi ! Par exemple !... Je ne connais même pas
ce théâtre-là; je n’y ai jamais mis le pied, mabonne
amie.
— Oser soutenir un pareil mensonge, quand voici
votre journal, — particulièrement bien renseigné,
c’est vous qui me l’avez dit...
— Mon journal 1 Qu’est-ce qu’il y a dans mon jour-
nal ?
— Il y a... que vous m’avez trompée, que vous vous
occupiez d’agronomie en compagnie d’une créature,
dans une baignoire scandaleusement livrée aux
malins regards!
Produit net : un joli divorce à brève échéance.
Cette simple considération devrait suffire à réfré-
ner le zèle des directeurs trop ardents. J'ajouterai
que le procédé ne doit pas être bien fécond, car il a
le don d'agacer plutôt que de persuader le lecteur,
vexé qu’on cite les autres et qu’on ne le cite jamais,
lui.
Truc à réformer.
***
Lu dans un journal l'histoire d’un acteur qui, en
un théâtre de province, est, l’autre jour, tombé ivre-
mort sur la scène.
Il y a de nombreux précédents, hélas 1
Frédérick-Lemaître pratiqua parfois lui-même le
titubare hurnanum est.
Un acteur de drame moins célèbre que Frédérick,
mais qui n'était pas sans mérite, Clarence, qu'on
vit tour à tour à la Porte-Saint-Martin et à l’Odéon,
était également un trop zélé adorateur de la dive
bouteille. Un certain soir, il se tira en homme d’es-
prit i'un assez mauvais pas.
Il jouait en représentation dans une ville de Nor-
mandie, et dame! on commença à s’apercevoir qu’il
était gris, mais là gris...
On murmure. Il essaie do se raidir. On murmure
plus fort. Alors, par une inspiration géniale, Cla-
rence s’approche de la rampe, salue respectueuse-
ment, et d'une voix persuasive :
— Mesdames et messieurs, je n’avais jamais bu
de cidre de ma via; on m’a fait goûter du vôtre tout
à l'heure, et je l’ai trouvé si bon que, ma foi... Je
sollicite votre indulgence...
On l’applaudit à outrance. Et la soirée fut sauvée.
Inutile d’ajouter que le cidre était complètement
étranger à l'événement, dont la responsabilité reve-
nait tout entière à l’absinthe.
MEMOR.
np’OT’DT r-Cm COINTKEAU(TAciers.
X ÜllrLli Dijü airons u flacon casa*
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Nos œufs de Pâques
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 62.1893, Mars, S. 347
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg