ACTUALITES
ni
\
— Sapristi! que de lettres de deuil! 11 est donc arrivé des nouvelles du Dahomey
ou du Tonkin ?
la main et poussant des cris plaintifs pour solliciter
un sou du visiteur.
Les réclames auront beau me vanter les charmes
des amazones du roi de Dahomey, je persisterai à
protester contre ces spectacles humiliants pour
ceux qui les donnent comme pour ceux qui les sa-
vourent.
Voilà l’hiver fini. Les parasites du calorifère vont
recommencer à circuler en plein vent, disant adieu
à leurs refuges variés.
Il y aurait tout un article à écrire sous ce titre :
L'art de se chauffer gratis à Paris.
D’abord, c’est dans les églises que cet art-là
s’exerce. Refuge naturel au nom de la charité. Ce-
pendant, il arrive que les mal mis qui y séjournent
trop longtemps soient expulsés par la vigilance du
suisse. 11 faut chercher asile autre part.
Les grandes salles du Muséum, au Jardin des
Plantes, reçoi\ent depuis cinq semaines des sup-
pléments extraordinaires de visiteurs. La galerie
des minéraux, où l’on n’entend d’habitude retentir
que le pas solitaire du gardien à bicorne, est tout
étonnée de voir affluer des tas de flâneurs en qui
l’on ne soupçonnerait pas ces curiosités scientifi-
ques. Ces flâneurs, parfaitement indifférents, d’ail-
leurs, aux spécimens de minerais qui dorment dans
les vitrines, sont simplement de pauvres hères atti-
rés là par la tiède caresse des calorifères.
Où l’on est, par exemple, enveloppé d’une cha-
leur poussée parfois à l’excès, c’est dans le hall de
l’Hôtel des Postes, bien connu, je vous en réponds,
des grelotteux. Il y en a toujours une rangée en
train de sommeiller sur les bancs.
Les bibliothèques reçoivent aussi, en ce moment,
un supplément considérable d’assidus. Mais là il
faut avoir une certaine tenue. La blouse et la loque
ne sont point admises, hélas !
Le vestibule des mairies est encore un rendez-
vous de besogneuse compagnie. Sous prétexte de
venir quérir un renseignement ou attendre un ma-
riage, on passe son petit quart d’heure dans une
atmosphère moins féroce.
Ah! qu’elle serait curieuse et poignante l’histoire
de toutes les infortunes blotties dans ces nids impro-
visés I Et quel terrible livre on pourrait faire sous
ce titre : Les Mémoires de la Misère !
*
ai*
On recommence à se plaindre des ravages que les
brasseries galantes exercent sur les potaches.
Il y a quelque temps, la police fît semblant de
sévir. Mais, bien entendu, sans gêner en rien le pe-
tit commerce des brasseries cythêréennes.
Ils sont pourtant effroyables, les résultats de cette
industrie fin de siècle.
Plusieurs rapports lus à l’Académie de médecine
ont signalé vainement le péril public. Péril qui me-
nace aussi bien les pauvres complices que la clien-
tèle elle-mê.ne. Car, dans certaines de ces embus-
cades, le patron exige que les malheureuses ser-
vantes avalent leur litre d’alcool pour amorcer les
buveurs 1
Pittoresquement, une de ces infortunées disait à
une autre qui lui demandait ce qu’elle faisait :
— Je suis meurt-de-soif à la brasserie du Lapin-
Vert.
En présence de ces scandales, de ces exploita-
tions, de ces décompositions, l’austère Thémis croit
avoir donné une suffisante sanction à la moralequand
elle inflige de temps en tempsquatre mois de prison
à une patronne qui paie pour les autres.
Le tarif est vraiment trop bon marché.
Délicieuse formule de dépêche venant de je ne
sais plus quel coin de l'Amérique du Sud :
« Les insurgés, représentants de l'ordre, marchent
sur... »
Retour de Bagneux, la semaine dernière.
Le veuf cause avec un ami :
— C’est tout de même heureux, quand le cimetière
est si loin, que ma pauvre femme ait choisi un aussi
beau temps pour mourir.
MEMOR.
ni
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— Sapristi! que de lettres de deuil! 11 est donc arrivé des nouvelles du Dahomey
ou du Tonkin ?
la main et poussant des cris plaintifs pour solliciter
un sou du visiteur.
Les réclames auront beau me vanter les charmes
des amazones du roi de Dahomey, je persisterai à
protester contre ces spectacles humiliants pour
ceux qui les donnent comme pour ceux qui les sa-
vourent.
Voilà l’hiver fini. Les parasites du calorifère vont
recommencer à circuler en plein vent, disant adieu
à leurs refuges variés.
Il y aurait tout un article à écrire sous ce titre :
L'art de se chauffer gratis à Paris.
D’abord, c’est dans les églises que cet art-là
s’exerce. Refuge naturel au nom de la charité. Ce-
pendant, il arrive que les mal mis qui y séjournent
trop longtemps soient expulsés par la vigilance du
suisse. 11 faut chercher asile autre part.
Les grandes salles du Muséum, au Jardin des
Plantes, reçoi\ent depuis cinq semaines des sup-
pléments extraordinaires de visiteurs. La galerie
des minéraux, où l’on n’entend d’habitude retentir
que le pas solitaire du gardien à bicorne, est tout
étonnée de voir affluer des tas de flâneurs en qui
l’on ne soupçonnerait pas ces curiosités scientifi-
ques. Ces flâneurs, parfaitement indifférents, d’ail-
leurs, aux spécimens de minerais qui dorment dans
les vitrines, sont simplement de pauvres hères atti-
rés là par la tiède caresse des calorifères.
Où l’on est, par exemple, enveloppé d’une cha-
leur poussée parfois à l’excès, c’est dans le hall de
l’Hôtel des Postes, bien connu, je vous en réponds,
des grelotteux. Il y en a toujours une rangée en
train de sommeiller sur les bancs.
Les bibliothèques reçoivent aussi, en ce moment,
un supplément considérable d’assidus. Mais là il
faut avoir une certaine tenue. La blouse et la loque
ne sont point admises, hélas !
Le vestibule des mairies est encore un rendez-
vous de besogneuse compagnie. Sous prétexte de
venir quérir un renseignement ou attendre un ma-
riage, on passe son petit quart d’heure dans une
atmosphère moins féroce.
Ah! qu’elle serait curieuse et poignante l’histoire
de toutes les infortunes blotties dans ces nids impro-
visés I Et quel terrible livre on pourrait faire sous
ce titre : Les Mémoires de la Misère !
*
ai*
On recommence à se plaindre des ravages que les
brasseries galantes exercent sur les potaches.
Il y a quelque temps, la police fît semblant de
sévir. Mais, bien entendu, sans gêner en rien le pe-
tit commerce des brasseries cythêréennes.
Ils sont pourtant effroyables, les résultats de cette
industrie fin de siècle.
Plusieurs rapports lus à l’Académie de médecine
ont signalé vainement le péril public. Péril qui me-
nace aussi bien les pauvres complices que la clien-
tèle elle-mê.ne. Car, dans certaines de ces embus-
cades, le patron exige que les malheureuses ser-
vantes avalent leur litre d’alcool pour amorcer les
buveurs 1
Pittoresquement, une de ces infortunées disait à
une autre qui lui demandait ce qu’elle faisait :
— Je suis meurt-de-soif à la brasserie du Lapin-
Vert.
En présence de ces scandales, de ces exploita-
tions, de ces décompositions, l’austère Thémis croit
avoir donné une suffisante sanction à la moralequand
elle inflige de temps en tempsquatre mois de prison
à une patronne qui paie pour les autres.
Le tarif est vraiment trop bon marché.
Délicieuse formule de dépêche venant de je ne
sais plus quel coin de l'Amérique du Sud :
« Les insurgés, représentants de l'ordre, marchent
sur... »
Retour de Bagneux, la semaine dernière.
Le veuf cause avec un ami :
— C’est tout de même heureux, quand le cimetière
est si loin, que ma pauvre femme ait choisi un aussi
beau temps pour mourir.
MEMOR.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Actualités
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: Sapristi! Que de lettres de deuil! Il est donc arrivé des nouvelles du Dahomey ou du Tonkin?
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 62.1893, Avril, S. 387
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg