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7G
PÉRIODE ELECTORALE
— Qu’est-ce que t’attends là?
— Que t’aies fini... pour coller mon candidat su l’tien.
Alors, tandis que lui sommeille
Étendu là,
Elle, la joue encor vermeille
De tout cela,
Déçue, effrayée et surprise,
Se rappelant
Tout ce que dans son âme éprise
D’amour brûlant,
Elle s’imaginait d’hommages
Et de ferveur,
Evoquant les tendres images,
Dans sa candeur,
Auxquelles son esprit avide
Tant, tant pensa,
Elle se dit, fixant le vide :
« Comment 1 ç’est ça??? »
l’espi.anade
Cela m'eut été bien facile
De devenir tout simplement
La femme à Claude, un imbécile
Qui n’osait être mon amant.
C’était de l’amour de village
Avec des rendez-vous, le soir,
Sur le banc où l’on vient s’asseoir
Le long du chemin de halage ;
De l’amour bête où tout le temps
On se regarde sans rien dire,
Où l’on se rencontre hésitants
Sans avancer, ni se dédire !
Mais, moi, j’avais d’autres penchants :
Chacun subit sa destinée !
Sans doute je n'étais pas née
Pour vivre en fille honnête aux champs,
Car je partis un soir d'automne
Comme tant d’autres l'avaient fait,
N’ayant sur moi,pour tout effet,
Que ma pauvre robe en cretonne!
Ah 1 ça n’a pas duré longtemps
Tous mes rêves de la campagne :
Huit jours peut-être, enfin le temps
D’apprendre à boire du champagne.
Et depuis six mois je roulais
De l’Elysée au Moulin-Rouge,
Et du Champ de Mars à Montrouge,
Montrant aux passants mes moliols,
Lorsque pendant ma promenade
Sur le trottoir de l’Esplanade,
Dans un type que j’abordais
Je reconnus mon grand dadais 1...
Il était toujours ridicule
Avec son gibus démodé,
Ses bras en plateaux de bascule
Et son habit raccommodé :
11 était toujours ridicule
Avec son même riflard vert
Qu’en dépit de la canicule
Il trimbaladait grand ouvert.
Moi j’étais en toquet à plume,
En bas de soie et jupon fin,
Le genre de toilette enfin
Plaisant aux hommes qu’elle allume...
Mais il ne me vit même pas,
Tandis qu’en plan sur le bitume
Je ressentais tant d’amertume
De le voir partir à grands pas,
Que j’ai plein le dos de la vie,
Qu’au fond du cœur ça me répond,
Et qu’il me vient comme une envie
De me ficher en bas d’un pont.
Et ça m’eût été si facile
De devenir tout simplement
La femme de cet imbécile
Qui n’osait être mon amant!
Henry de Fleurigny.
7G
PÉRIODE ELECTORALE
— Qu’est-ce que t’attends là?
— Que t’aies fini... pour coller mon candidat su l’tien.
Alors, tandis que lui sommeille
Étendu là,
Elle, la joue encor vermeille
De tout cela,
Déçue, effrayée et surprise,
Se rappelant
Tout ce que dans son âme éprise
D’amour brûlant,
Elle s’imaginait d’hommages
Et de ferveur,
Evoquant les tendres images,
Dans sa candeur,
Auxquelles son esprit avide
Tant, tant pensa,
Elle se dit, fixant le vide :
« Comment 1 ç’est ça??? »
l’espi.anade
Cela m'eut été bien facile
De devenir tout simplement
La femme à Claude, un imbécile
Qui n’osait être mon amant.
C’était de l’amour de village
Avec des rendez-vous, le soir,
Sur le banc où l’on vient s’asseoir
Le long du chemin de halage ;
De l’amour bête où tout le temps
On se regarde sans rien dire,
Où l’on se rencontre hésitants
Sans avancer, ni se dédire !
Mais, moi, j’avais d’autres penchants :
Chacun subit sa destinée !
Sans doute je n'étais pas née
Pour vivre en fille honnête aux champs,
Car je partis un soir d'automne
Comme tant d’autres l'avaient fait,
N’ayant sur moi,pour tout effet,
Que ma pauvre robe en cretonne!
Ah 1 ça n’a pas duré longtemps
Tous mes rêves de la campagne :
Huit jours peut-être, enfin le temps
D’apprendre à boire du champagne.
Et depuis six mois je roulais
De l’Elysée au Moulin-Rouge,
Et du Champ de Mars à Montrouge,
Montrant aux passants mes moliols,
Lorsque pendant ma promenade
Sur le trottoir de l’Esplanade,
Dans un type que j’abordais
Je reconnus mon grand dadais 1...
Il était toujours ridicule
Avec son gibus démodé,
Ses bras en plateaux de bascule
Et son habit raccommodé :
11 était toujours ridicule
Avec son même riflard vert
Qu’en dépit de la canicule
Il trimbaladait grand ouvert.
Moi j’étais en toquet à plume,
En bas de soie et jupon fin,
Le genre de toilette enfin
Plaisant aux hommes qu’elle allume...
Mais il ne me vit même pas,
Tandis qu’en plan sur le bitume
Je ressentais tant d’amertume
De le voir partir à grands pas,
Que j’ai plein le dos de la vie,
Qu’au fond du cœur ça me répond,
Et qu’il me vient comme une envie
De me ficher en bas d’un pont.
Et ça m’eût été si facile
De devenir tout simplement
La femme de cet imbécile
Qui n’osait être mon amant!
Henry de Fleurigny.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Actualités
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: Période électorale. - Qu'est-ce que t'attends-là? - Que t'aies fini....pour coller mon candidat su l' tien. Bildbeschriftung: Stupuy; Potel
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 62.1893, Avril, S. 415
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg