FANTAISIES
83
an
MBBBBHBWBBBMBBMMnBBMBMWWMBMMBBSEMMMilllilwMMiililiiiM ... iiiWIlMWIIIWMMMMMHaMM—■—S
— Oui, mes petites chattes, voilà comment, moi, je comprends les cadres
de l’armée.
LES SYMPHONIES DE LA RUE
LES ANESSES A MUSIQUE
I
Au moment même où j’écris, j’entends tintinner
Sous mes fenêtres la clochette des ânesses qui ap-
portent à mon voisin d’au-dessous sa ration quoti-
dienne de lait hygiénique.
Ding! ding! ding! Mon voisin du dessous est un
charmant garçon qui a le malheur de trop aimer le
bal de l'Opéra, ses pompes et ses oeuvres.
Ding! ding! ding!... C’est navrant au possible, ce
gredin de bruit ironique. Quand on pense que let
pauvre diable était si jeune, si vaillant, si pimpan
naguère encore. Qui sait ce qu’il sera demain?
Ding! ding! ding!. . Ne vous a-t-il pas semblé
comme à moi, quand, le matin, les ânesses s’en vont
trottant menu par les rues, que l’écho lointain de
leur grelot aigrelet a l’air de vouloir narrer une
foule de choses.
***
Et nunc erudimini! Le tout est de savoir com-
prendre.
Ding! ding! ding! A vous, monsieur de Veston-
court, qui usez vos forces en pure perte et jetez vos
vingt-cinq ans par la fenêtre, il dit, le carillon nar-
quois :
— Cocodès, mon ami, tiens-toi sur tes gardes. Qui
veut aller loin ménage sa monture. Un de ces quatre
matins, tu auras besoin de notre concours, et, très
probablement, ce concours-là, tu le réclameras trop
tard.
Cocodès, mon ami, le physique et le moral se dé-
forment de concert. Voici une toux qui ne présage
rien de bon : il ne faut pas que les pygmées jouent à
l’hercule; tu fais partie d'une génération qui a plus
besoin de tisane que de champagne.
Au vieillard cacochyme, le carillon murmure :
— Tu l’as voulu, Georges Dandin !
On t’avait prévenu que tes catarrhes n’avaient pas
le droit d’épouser une jeunesse; mais, sous le pré-
texte que tu avais le moyen de t’offrir cette fantaisie
matrim oniale, tu as passé outre.
Ding! ding ! On sonne la cloche là-haut.
-***
A la mère frivole qui oublie le berceau de son en-
fant pour s’en aller au bal de l’ambassade, la sonne-
rie jette son avertissement trop peu écouté :
— Ding ! Vous devriez être levée, madame; car, à
l'heure où vous dansiez, votre pauvre cher petit
se tordait dans les convulsions, et ce ne sont pas
les soins des domestiques qui le sauveront, je
vous l’assure.
Ding! ding! Vous êtes bien heureuse de pouvoir
dormir... Bien heureuse ou bien à plaindre!
A
Mais les ânesses qui apportent à mon voisin du
dessous sa ration quotidienne ont repris leur course ;
l’écho redevient muet.
GAVROCHE.
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— Oui, mes petites chattes, voilà comment, moi, je comprends les cadres
de l’armée.
LES SYMPHONIES DE LA RUE
LES ANESSES A MUSIQUE
I
Au moment même où j’écris, j’entends tintinner
Sous mes fenêtres la clochette des ânesses qui ap-
portent à mon voisin d’au-dessous sa ration quoti-
dienne de lait hygiénique.
Ding! ding! ding! Mon voisin du dessous est un
charmant garçon qui a le malheur de trop aimer le
bal de l'Opéra, ses pompes et ses oeuvres.
Ding! ding! ding!... C’est navrant au possible, ce
gredin de bruit ironique. Quand on pense que let
pauvre diable était si jeune, si vaillant, si pimpan
naguère encore. Qui sait ce qu’il sera demain?
Ding! ding! ding!. . Ne vous a-t-il pas semblé
comme à moi, quand, le matin, les ânesses s’en vont
trottant menu par les rues, que l’écho lointain de
leur grelot aigrelet a l’air de vouloir narrer une
foule de choses.
***
Et nunc erudimini! Le tout est de savoir com-
prendre.
Ding! ding! ding! A vous, monsieur de Veston-
court, qui usez vos forces en pure perte et jetez vos
vingt-cinq ans par la fenêtre, il dit, le carillon nar-
quois :
— Cocodès, mon ami, tiens-toi sur tes gardes. Qui
veut aller loin ménage sa monture. Un de ces quatre
matins, tu auras besoin de notre concours, et, très
probablement, ce concours-là, tu le réclameras trop
tard.
Cocodès, mon ami, le physique et le moral se dé-
forment de concert. Voici une toux qui ne présage
rien de bon : il ne faut pas que les pygmées jouent à
l’hercule; tu fais partie d'une génération qui a plus
besoin de tisane que de champagne.
Au vieillard cacochyme, le carillon murmure :
— Tu l’as voulu, Georges Dandin !
On t’avait prévenu que tes catarrhes n’avaient pas
le droit d’épouser une jeunesse; mais, sous le pré-
texte que tu avais le moyen de t’offrir cette fantaisie
matrim oniale, tu as passé outre.
Ding! ding ! On sonne la cloche là-haut.
-***
A la mère frivole qui oublie le berceau de son en-
fant pour s’en aller au bal de l’ambassade, la sonne-
rie jette son avertissement trop peu écouté :
— Ding ! Vous devriez être levée, madame; car, à
l'heure où vous dansiez, votre pauvre cher petit
se tordait dans les convulsions, et ce ne sont pas
les soins des domestiques qui le sauveront, je
vous l’assure.
Ding! ding! Vous êtes bien heureuse de pouvoir
dormir... Bien heureuse ou bien à plaindre!
A
Mais les ânesses qui apportent à mon voisin du
dessous sa ration quotidienne ont repris leur course ;
l’écho redevient muet.
GAVROCHE.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Fantaisies
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le charivari, 62.1893, Avril, S. 451
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg