ACTUALITÉS
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Tout en roulant, je supputais les probabilités de
Sibier qui me souriaient.
Car j’avais eu soin, cette fois-là, de me munir du
P°rt d’armes protecteur.
Nous n’étions plus qu’à deux lieues de l’endroit
je devais me livrer à mes exploits cynégétiques.
Lin violent coup de sifflet se fait entendre.
Cn autre y répond avec détresse.
Je veux mettre la tète à la portière... Boum!...
Avant d'avoir exécuté le mouvement, je reçois en
Pleine poitrine la tète de mon voisin de face, tète si
dure que j’en ai deux côtes enfoncées.
Une rencontre épouvantable venait d’avoir lieu
eûtre mon convoi et celui qui, le précédant, avait
été retardé par un accident fortuit.
Je vous tiens quitte du tableau.
Morts, mourants, cris, pleurs. On me rapporte à
Puris, où je reste pendant deux mois au lit.
La troisième fois que j’eus le plaisir de chasser,
l’était avec un de mes amis, un garçon que j’aimais
Leaucoup, et qui avait l’air de me le rendre.
Nous étions partis avec l’aurore, gais, alertes, de-
vant joyeusement.
C’était une expédition préméditée et caressée dès
°ngtemps, un rêve de paradis combiné avec amour.
Mon ami m’avait vanté son talent de chasseur,
son expérience, ses raffinements dignes de Nemrod.
Lui seul connaissait les bons endroits, les affûts,
que sais-je?
De fait, il était équipé splendidement. Quelle belles
guêtres! Quel fusil breveté! Quelle veste de velours I
Nous arrivons à une clairière.
Mon ami me poste.
— No bouge pas. Les chiens vont rabattre. Moi,
je me mets dans l’autre taillis... Sentinelle, bouge
pas !...
Je n’aurais eu garde.
Deux minutes après, un coup de feu retentit.. et
je tombe.
Mon ami m’avait, en tirant un lièvre, envoyé dans
le bras gauche toute sa décharge.
J’en fus quitte pour ces deux doigts qu’on m’am-
puta.
De plus, comme j’étais une vivante preuve de sa
maladresse, je fus mortellement brouillé avec un
ami intime...
La quatrième fois que j’eus le plaisir de chasser,
c’était il y a cinq ans.
Je m'étais marié l’année précédente avec une
femme que j’adorais, et qui avait l’air de partager
ce goût.
— Mon amie, tu vas bien t'ennuyer, lui dis-je;
mais j’ai promis... Une partie de chasse!...
— Va donc, mon chéri... Quand tu t’amuses, je
ne m’ennuie jamais ; et puis je penserai à toi.
— Oh!... je reviendrai jeudi.
Nous nous séparons, non sans un pleur.
Le matin du second jour, vers six heures, je me
foule le pied en sautant un fossé à la piste d'un
faisan, mon premier!
On est obligé de me remettre en voiture pour
Paris.
J'arrive à minuit.
Je sonne. On ne répond pas.
J’insiste.
Je crie, je me nomme. Fnfin, je me rappelle que
j’ai une seconde clé.
Et je trouve...
Trois mois après, .i'ôtais séparé de corps et de
biens pour cause d’adultère.
***
Telles sont, messieurs, mes quatre parties!...
Vous comprenez, conclut le monsieur d’un certain
âge en se versant un peu de chartreuse...
J’aime bien la chasse... mais je n’en suis pas foui
FANTASIO.
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Tout en roulant, je supputais les probabilités de
Sibier qui me souriaient.
Car j’avais eu soin, cette fois-là, de me munir du
P°rt d’armes protecteur.
Nous n’étions plus qu’à deux lieues de l’endroit
je devais me livrer à mes exploits cynégétiques.
Lin violent coup de sifflet se fait entendre.
Cn autre y répond avec détresse.
Je veux mettre la tète à la portière... Boum!...
Avant d'avoir exécuté le mouvement, je reçois en
Pleine poitrine la tète de mon voisin de face, tète si
dure que j’en ai deux côtes enfoncées.
Une rencontre épouvantable venait d’avoir lieu
eûtre mon convoi et celui qui, le précédant, avait
été retardé par un accident fortuit.
Je vous tiens quitte du tableau.
Morts, mourants, cris, pleurs. On me rapporte à
Puris, où je reste pendant deux mois au lit.
La troisième fois que j’eus le plaisir de chasser,
l’était avec un de mes amis, un garçon que j’aimais
Leaucoup, et qui avait l’air de me le rendre.
Nous étions partis avec l’aurore, gais, alertes, de-
vant joyeusement.
C’était une expédition préméditée et caressée dès
°ngtemps, un rêve de paradis combiné avec amour.
Mon ami m’avait vanté son talent de chasseur,
son expérience, ses raffinements dignes de Nemrod.
Lui seul connaissait les bons endroits, les affûts,
que sais-je?
De fait, il était équipé splendidement. Quelle belles
guêtres! Quel fusil breveté! Quelle veste de velours I
Nous arrivons à une clairière.
Mon ami me poste.
— No bouge pas. Les chiens vont rabattre. Moi,
je me mets dans l’autre taillis... Sentinelle, bouge
pas !...
Je n’aurais eu garde.
Deux minutes après, un coup de feu retentit.. et
je tombe.
Mon ami m’avait, en tirant un lièvre, envoyé dans
le bras gauche toute sa décharge.
J’en fus quitte pour ces deux doigts qu’on m’am-
puta.
De plus, comme j’étais une vivante preuve de sa
maladresse, je fus mortellement brouillé avec un
ami intime...
La quatrième fois que j’eus le plaisir de chasser,
c’était il y a cinq ans.
Je m'étais marié l’année précédente avec une
femme que j’adorais, et qui avait l’air de partager
ce goût.
— Mon amie, tu vas bien t'ennuyer, lui dis-je;
mais j’ai promis... Une partie de chasse!...
— Va donc, mon chéri... Quand tu t’amuses, je
ne m’ennuie jamais ; et puis je penserai à toi.
— Oh!... je reviendrai jeudi.
Nous nous séparons, non sans un pleur.
Le matin du second jour, vers six heures, je me
foule le pied en sautant un fossé à la piste d'un
faisan, mon premier!
On est obligé de me remettre en voiture pour
Paris.
J'arrive à minuit.
Je sonne. On ne répond pas.
J’insiste.
Je crie, je me nomme. Fnfin, je me rappelle que
j’ai une seconde clé.
Et je trouve...
Trois mois après, .i'ôtais séparé de corps et de
biens pour cause d’adultère.
***
Telles sont, messieurs, mes quatre parties!...
Vous comprenez, conclut le monsieur d’un certain
âge en se versant un peu de chartreuse...
J’aime bien la chasse... mais je n’en suis pas foui
FANTASIO.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Actualités
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 62.1893, Juillet, S. 747
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg