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Le charivari — 62.1893

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Juillet
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https://doi.org/10.11588/diglit.23887#0831
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ACTUALITÉS

150

— Qu’est-ce que c’est que tout ça ?

— Ma chère amie, comme on parle tout le temps de la grève générale... je m’entoure de
tous les objets nécessaires à la consommation !

Mais j'avais piqué sa curiosité en lui affirmant
que je la mènerais dans des endroits ignorés d’elle
et curieux à voir, étonnamment curieux.

Elle finit par consentir.

Nous étions dans le coupé. Elle portait une robe
Uoire avec un corselet rouge; de gros carrés de jais
Aillaient sur le corsage et sur les manches. Ce
costume bien coupé sortait évidemment de chez
Christiane. Il ôtait grand chic; néanmoins, je le
trouvais hideux.

Depuis une heure, je l’amusais par une conversa-
tion préparée à l’avance. J’avais déniché justement,
l’avant-veille, un volume de contes italiens d'une
allure très incorrecte, quanta la morale, et c'étaient
ces contes, travestis par ma fantaisie, que je lui
Narrais le plus brutalement du monde.

Je voyais quelquefois sur ses joues si pâles écla-
ter une rougeur disparue aussi vite que ces papiers
trempés dans une solution chimique et qui prennent
^eu, éclairent l’air une seconde d’un zigzag pourpre
et disparaissent sans laisser trace de leur pas-
sage.

De temps en temps, notre attention était distraite
Par le cheval de mon coupé. Mme de Larystès avait
remarquô la finesse de la bête, avant de monter dans
j^a voiture : — « Un nouveau cheval? Un pur sang,
hein? _ Qui — Superbe, c’t’animal. — Oui, mais
0tïlbrageux. »

Et, en effet, depuis que nous étions partis de

aris, la, bête se livrait à des écarts nombreux. Une

ou deux fois, elle s’était mise A danser de façon in-
quiétante.

— Vous êtes sûr de votre cocher?

— Très sûr.

Cependant, le cheval continuait de danser et le
cocher semblait avoir toutes les peines du monde à
le retenir.

Tout à coup, au tournant d’une allée, l’animal se
cabra, fit entendre un hennissement prolongé ; il se
dressa complètement sur ses jambes de derrière,
puis, retombant sur ses pattes, il fit un tel écart que
Mme de Larystès s’écria :

— Nous sommes dans le fossé!

Mais le cocher venait de le remettre dans le droit
chemin.

Seulement, la bête, furieuse des coups de fouet
que le cocher lui donnait pour la corriger, lançait
une ruade terrible et s’emballait à fond de train.

Je me penchai à la portière. Personne sur la route.

Je saisis Mme de Larystès par les poignets.

— Ecoute, Georgette... nous sommes sur une route
qui conduit directement à la Seine... Dans dix mi-
nutes, si le cocher n’a pu retenir son cheval, nous
sommes perdus... Georgette, Georgette, je t’aime!...

Elle était frissonnante, avec ses yeux de braise
qui rutilaient derrière son binocle. Je l’embrassais,
je la mordais, je hurlais. Elle me saisit à son tour
et me rendit morsure pour morsure.

— Ah! dit-elle, fais de moi ce que tu veux... Je

suis ta chose... je suis ton bien... Aimons-nous
avant de claquer.

... Quand le cheval, retenu par le cocher, s’arrêta
à quelques mètres de la berge de la Seine, Geor-
gette n’avait plus son binocle, — ce qui me la faisait
voir plus affreuse encore, — mais je pensais que,
dorénavant, j’aurais le million.

— Tu n’es pas banal, me disait-elle, sapristi,
non!. . Ah! jamais, je n’ai ôté aussi heureuse...

Mais puisque ceci est une confession, j’avouerai
que pas une minute je n’avais eu peur; car c’était
Boulot qui conduisait la voiture, le cheval était
dressé à ce manège. Et nous avions répété plusieurs
fois la scène auparavant.

Georgette ne veut pas être aimée comme une
bourgeoise, je lui donnerai des amours échevelées!

Toutefois, je reconnais que c’est fatigant. En
outre, il faut de l’imagination...

JUIN

Le Syndicat du Téléphone Visuel se constitue.
Georgette me tient au courant de ce qui se passe.
Elle me dit que son mari me regarde comme un
homme remarquable et qu’il s’intéresse à présent
très vivement à notre affaire. Je suis obligé de re-
doubler de passion vis-à-vis d’elle. Ce qui m’ennuie,
c’est qu’il faut toujours manifester ma passion dans
des conditions anormales.

Auguste Germain.

[La fin à demain.)
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Actualités, 150.
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Henriot
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 62.1893, Juillet, S. 827

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
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