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https://doi.org/10.11588/diglit.29074#0956
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CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
ROIS D’ANGLETERRE
L’Isle qu’aujourd’hai nous appellons Anglecerre & Grande-Bretagne, nommée par les Anciens Aibio >
à cause de lablancheur de ses dunes, ôc Britannia du nom de ses premiers habitans, quoique séparée
du reste du monde , & moins exposée par sa sttuation aux incursions des nations étrangeres , a été
néanmoins plus que toute autre piliée ôc ravagée par difterens peuples, ôc le théâtre d’une infinité de
révolutions dont nous avons vu des exempies jusqu’au dernier necle. Jules César fit deux descentes avec
succès en cette Isle, ôc remarqua entre les habitans de la partie méridionale ôc les Gaulois une confor-
mité particuliere dans les mœurs, les coutumes, la religion ôc le gouvernement^ ce qui donne iieu de
croire que les premiers étoient originaires des Gauies j conjeèture d’autant plus vraisembiable que l’isle
faisoit autrefois partie de notre continent. Auguste ne voulant rien avoir à démêier avec les peupies
de la Grande-Bretagne, se contenta de les avoir pour amis : Caïus entreprit de les subjuguer, & n’y
réusiit pas : Claude en asisujettit une partie : Agricola conquit l’Isle presque toute entiere sous Domi-
tien. Dans la décadence de l’Empire romain , les habitans de la Grande-Bretagne furent attaqués par
différens peuples : les Caiédoniens , ôc les Pictes, sortis de la Scythie, ou piutôt de la Scandinavie,
après un long séjour dans l’IIibernie, oii d’abord ils avoient débarqué, s’établirent dans la Haute-Breta-
gne, & y dominerent jusques vers l’an 480 , qu’ils furent subjugués par les Ecostois. On ignore le tems
de l’invasion des Piètes, ainsi nommés du mot Gaüois piclich, qui signifie en Gaiiois pillard ou vo-
leur. Les Scots ou EcoTois , venus pareillement cl’Hibernie où iis avoient aulsi demeuré long-tems,
s’étant emparés de la partie la plus occidentale occupée par les Piètes , donnerent enfin le nom à tout
le nord de l’Isle, ôc y formerent un Royaume qui a subsisté jusqu’à la fin du dernier liecle. Les Ro-
mains, sous les Empereurs Honorius , Constance ôc Théodose le Jeune , envoyerent du secours aux
Bretons , pour se soutenir contre les Barbares , ôc les abandonnerent ensuite sous le régne de l’Empe-
reur Valentinien III. Alors Ies Piètes ôc les EcoTois rentrerent en foule dans ie pays des Bretons, & se
rendirent maîtres de la muraille de Sévere, qu’ils avoient rétablie pour se mettre à l’abri de leurs in-
cursions. Ii est certain que les Piètes ôc les Ecostois joints ensemble, entrerent dans ie pays des Bre-
tons pendant le Carème de l’an 429, puisque S. Germain d’Auxerre ôc S. Loup de Troies, qui s’y
étoient rendus pour combattre l’hérésie de Pélage , firent remporter aux Bretons qui avoient reçu le
Baptème à Pâque de cette année, une grande vidoire sur ces Barbares, après avoir entonné XAllduia.
L’an 446, les Bretons, preTés par les Barbares, s’adreTent à Aëce pour avoir des secours des Ro-
mains} mais ils n’obtiennent rien. Se voyant abandonnés, les uns se soumettent aux Barbares , les au-
tres, mettant leur confiance en Dieu, prennent les armes ôc les repouTent. L’an 447 , S. Germain fait
un i e voyage avec S. Sévere de Tréves dans Ia Grande-Bretagne, pour combattre les Pélagiens, ôc purger
l’Isle de cette hérésie. La mème année, Vortigerne, Roi des Bretons, appelle à son secours les Anglois
ôc les Saxons, pour arrêter les incursions des peuples septentrionaux. Le P. Pagi remarque que la plu-
part des Historiens Ôc des Critiques se méprennent sur l’époque de l’arrivée des Anglois ôc des Saxons
dans la Grande-Bretagne, ôc qu’ils accusent mal à propos Bede de se tromper à ce sujet, ôc de n’être
pas d’accord avec lui-mème. L’erreur de ces Historiens vient de ce qu’ils 11e distinguent point, comme
fait Bede, l’année que les Angîes, ou Anglois , les Saxons ôc les Jutes , tous peupies des côtes de
Danemarck ou d’Allemagne, furent invités à venir en Angieterre , ôz l’année qu’ils s’y rendirent. Ce
fut s 'an 447 qu’ils y furent appellés par Vortigerne, chef des Bretons} ôc ce fut i’an 449 qu’ils y
arriverent sous la conduite des Généraux Hengist ôc Horst. Ces auxiliaires vengerent ceux qui les avoient
fait venir , des ennemis qui les attaquoient. Mais dès l’an 455 , iis font un Traité avec les Pides,
tournent leurs armes contre Ies Bretons, ôc mettent tout à feu ôc à sang depuis une 111er jusqu’à i’autre,
dans toute Ia largeur de l’Isle. Les Bretons reprenant courage sous la sige conduite d’Ambroise Au-
rélien, le seul Romain qui fut resté dans l’Isle, ôc ayant impioré le secours du Ciel, attaquent les vic-
torieux ôc les défont : ils continuent de faire la guerre avec diTérens succès jusqu’à l’an 491 , ou 494,
ou enfin 520 , selon UTérius. Les Bretons gagnent, contre les Barbares, la céiebre bataille de Bath.
Les Historiens varient beaucoup sur l’année de cet événement, qui procura aux Bretons la liberté ôc
le repos dont ils jouirent environ 44 ans. Depuis la bataille de Bath, jusqu’à la conversion des An-
glois , sous S. Grégoire le Grand, 011 ne sait rien de certain sur ce qui se pastà dans la Grande-Breta-
gne, puisque Bede, mietix instruit ôc plus habile que tous les autres Historiens de ce pays, n’en dit
rien. II est seulemenr certain que les Saxons ôc leurs alliés se rendirent enfin maîtres de toute la Ion-
gueur de l’Isle jusqu’à l’Ecostè, sans qu’on sache comment, ôc partagerent entre eux leurs conquètes,
dont ils formerent 7 Royaumes, qui commencerent, les uns plutôt, les autres plus tard. Les Saxons
en eurent 3 } savoir la Saxe orientale} c’est ce qu’011 a appellé depuis le Royaume d’EssEx , où sont
Londres ôc Colchester : i° la Saxe méridionale, qui fait ie Royaume de Sussex , dont la capitale est
Chichester : 3°la Saxe occidentale} c’est le Royaume d’OüESSEx , 011 est Salisbury. Les Anglois eurent
aussi 3 Royaumes dans leur partage } savoir, 1 w rAngieterre orientale } c’est le Royaume d’ÈsTANGiiE ,
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
ROIS D’ANGLETERRE
L’Isle qu’aujourd’hai nous appellons Anglecerre & Grande-Bretagne, nommée par les Anciens Aibio >
à cause de lablancheur de ses dunes, ôc Britannia du nom de ses premiers habitans, quoique séparée
du reste du monde , & moins exposée par sa sttuation aux incursions des nations étrangeres , a été
néanmoins plus que toute autre piliée ôc ravagée par difterens peuples, ôc le théâtre d’une infinité de
révolutions dont nous avons vu des exempies jusqu’au dernier necle. Jules César fit deux descentes avec
succès en cette Isle, ôc remarqua entre les habitans de la partie méridionale ôc les Gaulois une confor-
mité particuliere dans les mœurs, les coutumes, la religion ôc le gouvernement^ ce qui donne iieu de
croire que les premiers étoient originaires des Gauies j conjeèture d’autant plus vraisembiable que l’isle
faisoit autrefois partie de notre continent. Auguste ne voulant rien avoir à démêier avec les peupies
de la Grande-Bretagne, se contenta de les avoir pour amis : Caïus entreprit de les subjuguer, & n’y
réusiit pas : Claude en asisujettit une partie : Agricola conquit l’Isle presque toute entiere sous Domi-
tien. Dans la décadence de l’Empire romain , les habitans de la Grande-Bretagne furent attaqués par
différens peuples : les Caiédoniens , ôc les Pictes, sortis de la Scythie, ou piutôt de la Scandinavie,
après un long séjour dans l’IIibernie, oii d’abord ils avoient débarqué, s’établirent dans la Haute-Breta-
gne, & y dominerent jusques vers l’an 480 , qu’ils furent subjugués par les Ecostois. On ignore le tems
de l’invasion des Piètes, ainsi nommés du mot Gaüois piclich, qui signifie en Gaiiois pillard ou vo-
leur. Les Scots ou EcoTois , venus pareillement cl’Hibernie où iis avoient aulsi demeuré long-tems,
s’étant emparés de la partie la plus occidentale occupée par les Piètes , donnerent enfin le nom à tout
le nord de l’Isle, ôc y formerent un Royaume qui a subsisté jusqu’à la fin du dernier liecle. Les Ro-
mains, sous les Empereurs Honorius , Constance ôc Théodose le Jeune , envoyerent du secours aux
Bretons , pour se soutenir contre les Barbares , ôc les abandonnerent ensuite sous le régne de l’Empe-
reur Valentinien III. Alors Ies Piètes ôc les EcoTois rentrerent en foule dans ie pays des Bretons, & se
rendirent maîtres de la muraille de Sévere, qu’ils avoient rétablie pour se mettre à l’abri de leurs in-
cursions. Ii est certain que les Piètes ôc les Ecostois joints ensemble, entrerent dans ie pays des Bre-
tons pendant le Carème de l’an 429, puisque S. Germain d’Auxerre ôc S. Loup de Troies, qui s’y
étoient rendus pour combattre l’hérésie de Pélage , firent remporter aux Bretons qui avoient reçu le
Baptème à Pâque de cette année, une grande vidoire sur ces Barbares, après avoir entonné XAllduia.
L’an 446, les Bretons, preTés par les Barbares, s’adreTent à Aëce pour avoir des secours des Ro-
mains} mais ils n’obtiennent rien. Se voyant abandonnés, les uns se soumettent aux Barbares , les au-
tres, mettant leur confiance en Dieu, prennent les armes ôc les repouTent. L’an 447 , S. Germain fait
un i e voyage avec S. Sévere de Tréves dans Ia Grande-Bretagne, pour combattre les Pélagiens, ôc purger
l’Isle de cette hérésie. La mème année, Vortigerne, Roi des Bretons, appelle à son secours les Anglois
ôc les Saxons, pour arrêter les incursions des peuples septentrionaux. Le P. Pagi remarque que la plu-
part des Historiens Ôc des Critiques se méprennent sur l’époque de l’arrivée des Anglois ôc des Saxons
dans la Grande-Bretagne, ôc qu’ils accusent mal à propos Bede de se tromper à ce sujet, ôc de n’être
pas d’accord avec lui-mème. L’erreur de ces Historiens vient de ce qu’ils 11e distinguent point, comme
fait Bede, l’année que les Angîes, ou Anglois , les Saxons ôc les Jutes , tous peupies des côtes de
Danemarck ou d’Allemagne, furent invités à venir en Angieterre , ôz l’année qu’ils s’y rendirent. Ce
fut s 'an 447 qu’ils y furent appellés par Vortigerne, chef des Bretons} ôc ce fut i’an 449 qu’ils y
arriverent sous la conduite des Généraux Hengist ôc Horst. Ces auxiliaires vengerent ceux qui les avoient
fait venir , des ennemis qui les attaquoient. Mais dès l’an 455 , iis font un Traité avec les Pides,
tournent leurs armes contre Ies Bretons, ôc mettent tout à feu ôc à sang depuis une 111er jusqu’à i’autre,
dans toute Ia largeur de l’Isle. Les Bretons reprenant courage sous la sige conduite d’Ambroise Au-
rélien, le seul Romain qui fut resté dans l’Isle, ôc ayant impioré le secours du Ciel, attaquent les vic-
torieux ôc les défont : ils continuent de faire la guerre avec diTérens succès jusqu’à l’an 491 , ou 494,
ou enfin 520 , selon UTérius. Les Bretons gagnent, contre les Barbares, la céiebre bataille de Bath.
Les Historiens varient beaucoup sur l’année de cet événement, qui procura aux Bretons la liberté ôc
le repos dont ils jouirent environ 44 ans. Depuis la bataille de Bath, jusqu’à la conversion des An-
glois , sous S. Grégoire le Grand, 011 ne sait rien de certain sur ce qui se pastà dans la Grande-Breta-
gne, puisque Bede, mietix instruit ôc plus habile que tous les autres Historiens de ce pays, n’en dit
rien. II est seulemenr certain que les Saxons ôc leurs alliés se rendirent enfin maîtres de toute la Ion-
gueur de l’Isle jusqu’à l’Ecostè, sans qu’on sache comment, ôc partagerent entre eux leurs conquètes,
dont ils formerent 7 Royaumes, qui commencerent, les uns plutôt, les autres plus tard. Les Saxons
en eurent 3 } savoir la Saxe orientale} c’est ce qu’011 a appellé depuis le Royaume d’EssEx , où sont
Londres ôc Colchester : i° la Saxe méridionale, qui fait ie Royaume de Sussex , dont la capitale est
Chichester : 3°la Saxe occidentale} c’est le Royaume d’OüESSEx , 011 est Salisbury. Les Anglois eurent
aussi 3 Royaumes dans leur partage } savoir, 1 w rAngieterre orientale } c’est le Royaume d’ÈsTANGiiE ,