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https://doi.org/10.11588/diglit.29074#0266
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
DU NOUVEAU TESTAMENT,
Entremêlée de celle des Juifs qui lui correspond, depuis rincarnation du Verbe
jusqu’à la ruine du Temple.
AVANT L’ERE YULGAlRE,
Années.
6 L’an 747 (i) de la fondation de Rome, se-
lon Varron , sous le Consulat de C. Antistius
Vetus & Decimus Lœlius Balbus, la 40 e aiinée
de l’Ere Julienne, la 39 e d’Auguste depuis la
mort de Jules César, ou la 15 e dejxiis la ba-
taille d’Adium, la 35 e depuis qu’Herode avoit
été déclaré Roi de la Judee, la 2 e de la 193 e
Olympiade , & la 4708 e de la Période Ju-
lienne, c’est-à-dire cinq ans, neuf mois Sc sept
jours avant i’Ere vulgaire , le tems arrivé de la
rédemption du genre humain, promise dès la
chûte du premier homme, prédite par tous les
Prophêtes, figurée par toutes les cérémonies de
l’ancienne loi, attendue de tous les Justes, le
25 du mois de Mars, l’Ange Gabriel est en-
voyé du Ciel à Nazareth, vilie de Galilée, à une
Vierge nommée Marie de ia Maison de Da-
vid, mariée à Joseph (2) de la même race (3),
pour lui annoncer qu’elle concevra dans son
sein, par l’opérat'on du Saint-Esprit, un fiis
qui sera appeilé Le jils du Très-haut, & régnera
éte.rrn lUmtnt sur la Maifon de Jnrob. Voyant la
Vierge troublée à ce discours, ii usia rasture en
lui apprenant qu’Elisabeth, sa cousine, femme
du Prêtre Zacharie, avancée en âge Sc stériie
jusqu’alors, a concu dans J'a vuilteffc un jlls ,
& quc déjà dle ejl aujlxieme mois de fa guffejje,
parce que rien, dit-il, neji impojjible à Dieu.
Marie croit à la paroie de i’Ange, ôc se met en
AVANT L’ERE V U L G A I R E.
Années.
route, après qu’il a disparu, pour aller trouver
Elisabeth dans les montagnes de Judée ( peut-
être à Hébron, l’une des villes destinées pour
les Prètres, à 3 0 lieues environ de Nazareth ) 3
elle demeura trois mois auprès d’elle. Ce fut
durant ce séjour , 011 très peu de tems après le
départ de Marie, qu’Èlifabeth accoucha de son
fils qui fut nommé Jean. C’est le nom que Za-
charie, son pere, indiqua sur ses tablettes, par
inspiration divine, étant demeuré muet depuis
sa conception pour n’avoir pas ajouté foi à l’Ange
qui la lui avoit annoncée. Sa bouche s’étant ou-
verte alors , il chante un Cantique d’adtions de
graces , dans lequel il prédit que Jean sera le
Prophète du Très-Haut, ôc le précurseur du
Mestie.
6 Au mois de Décembre suivant, Marie se
rend avec Joseph à Bethléem, ville de la Tribu
de Juda Sc lieu natal de David, pour se faire
inscrire dans le dénombrement genéral des su-
jets de l’Empire, ordonnc par Auguste trois ans
auparavant, mais qui n’avoit pu s’exécuter dans '
la Judée avant qu’elle eût prêté serment de fidé-
lité à ce Prince. Les hôtelleries de Bethléem se
trouvant remplies par la multitude des étran-
gers que Ie même lujet y avoit attirés , Marie
Sc son époux ne trouverent de retraite que dans
une caverne qui servoit d’étable (4). Comme
l’heure de l’enfantement de cette Vierge étoit I
(1) L’opinion que nous suivons comme la plus probabîe ( car
nous ne la donnons pas pour absolument certaine) sur l’année j
de la naissance du Sauveur, est celle qui a pour auteur Marc-
Antoine Cappelli, Franciscain, & que M. le Noble de S. Geor-
ge a développée dans une savante disTertation sur ce sujet, im-
primée à Paris en 1693. 11 est surprenant que M. Freret, qui a
traité la même matiere dans les Mémoires de l’Académie des
B. L., Tom. XXI, p. 278 & fuiv. ait donné la préfcrence au
sentiment du P. Petau, & d’autres Chronologistes, qui retardent
d’un an l’événement dont il s’agit, & ne le font préccdcr que
d’environ trois mois la mort d’Hérode, arrivée, comme ils en
conviennent d’après Josephe, peu de jours avant Pâque, 3 7 ans
après que ce Prince eut obtenu des Romains la royautc 3 ce qui
revient à l’an 42 de l’Ere Julienne, 749 de la fondation de
Rome , 4 année avant notre Ere vulgaire. C’est ass'urément res-
serrer dans des bornes trop étroites tout ce que l’Evangile place
entre ces deux époques. En effet il est constant, par le témoi-
gnage de S. Luc, que la sainte Vierge se soumit à la loi de la
purifîcation. Après quoi cet Evangéiiste dit qu’elle retourna à
Nazareth (d’où elle revint ensuite, comme nous le prouverons
plus bas, à Béthléem ). Or , la purification de la Vierge est
antérieure à l’adoration des Mages, quelque intervalle que
i’on mette entre la naissance du Sauveur & ieur arrivée à Beth-
iéem; puisque S. Matthieu dit qu’après leur départ Joseph fut
averti par l’Ange de prendre la Mere avec l’Enfant & de les em-
mener en Egypte. 11 faut donc compter d’abord les 40 jours qui
s’écoulerent dcpuis la nailsanceduSauveur jusqu’à la purification
de Marie 3 placer ensuite l’arrivée des Mages, puis la fuite en
Egypte, qui n’a pu se faire qu’en beaucoup fle jours , y ayant 1
près de yo iieues de Jérusalem à la frontiere d’Egypte, & enfîn 1
îe tems, quelque bref qu’on veuille ie supposer, que Joseph |
demeura dans ce pays, d’où il est certain qu’il 11e revint qu’a- |
près la mort d’Hérode. Or il n’y a nulle apparence que toutes |
les circonstances qu’on vient de marquer, puissent se rassembler 1
en aussi peu de tems qu’ii s’en trouve entre le 23 Bécembre
d’une année & la fin de Mars de la suivante. D’ou il s’ensuit
que Notre Seigneur naquit en la 40e année Julienne, 748 - de la
fondation de Ronie 3 & cela s’accorde avec l’ancienne rradition
qui Iui donne deux ans lorsqu’il fut ramené d’Egypte.
(2) Les mariages chez les Juifs se contraèloient dans une
assemblée de parens & d’amis sans i’intervention d’aucun Mi-
nistre de la Religion. Ainsi les peintres manquent au costume
en représentant Marie épousant Joseph dans le Temple en pré-
sence du Grand-Prêtre qui les miit.
( 3 ) S. Matthieu & S. Luc ont tracé deux généalogies de J. C.
qui le font égalemcnt descendre de David , mais qui difterent
entre elles d’ailieurs en plusieurs points. Cela prouve qu’ils ne
Ics ont pas faites de concert, mais non pas qu’ils se contredi-
sent. L un a nomrne les Ancêtres de J. C. selon ia nature, i’au-
tre ies Ancetres selon la loi de Moise, qui ordonnoit qu’une
femme étant devenue veuve sans enfans , le plus proclie parent
du defunt 1 epouieroit pour en avoir des enfans qui seroient
censés appartenir au premier mari.
(4) Bethléem étoit bâti sur une môntag;ne pieine de rochers
dans lesquels on avoit creusé plusieurs maiscns. On voit encore
1 etable où naquit le Sauveur, sur laquelle cn a élevé une Eglise
DU NOUVEAU TESTAMENT,
Entremêlée de celle des Juifs qui lui correspond, depuis rincarnation du Verbe
jusqu’à la ruine du Temple.
AVANT L’ERE YULGAlRE,
Années.
6 L’an 747 (i) de la fondation de Rome, se-
lon Varron , sous le Consulat de C. Antistius
Vetus & Decimus Lœlius Balbus, la 40 e aiinée
de l’Ere Julienne, la 39 e d’Auguste depuis la
mort de Jules César, ou la 15 e dejxiis la ba-
taille d’Adium, la 35 e depuis qu’Herode avoit
été déclaré Roi de la Judee, la 2 e de la 193 e
Olympiade , & la 4708 e de la Période Ju-
lienne, c’est-à-dire cinq ans, neuf mois Sc sept
jours avant i’Ere vulgaire , le tems arrivé de la
rédemption du genre humain, promise dès la
chûte du premier homme, prédite par tous les
Prophêtes, figurée par toutes les cérémonies de
l’ancienne loi, attendue de tous les Justes, le
25 du mois de Mars, l’Ange Gabriel est en-
voyé du Ciel à Nazareth, vilie de Galilée, à une
Vierge nommée Marie de ia Maison de Da-
vid, mariée à Joseph (2) de la même race (3),
pour lui annoncer qu’elle concevra dans son
sein, par l’opérat'on du Saint-Esprit, un fiis
qui sera appeilé Le jils du Très-haut, & régnera
éte.rrn lUmtnt sur la Maifon de Jnrob. Voyant la
Vierge troublée à ce discours, ii usia rasture en
lui apprenant qu’Elisabeth, sa cousine, femme
du Prêtre Zacharie, avancée en âge Sc stériie
jusqu’alors, a concu dans J'a vuilteffc un jlls ,
& quc déjà dle ejl aujlxieme mois de fa guffejje,
parce que rien, dit-il, neji impojjible à Dieu.
Marie croit à la paroie de i’Ange, ôc se met en
AVANT L’ERE V U L G A I R E.
Années.
route, après qu’il a disparu, pour aller trouver
Elisabeth dans les montagnes de Judée ( peut-
être à Hébron, l’une des villes destinées pour
les Prètres, à 3 0 lieues environ de Nazareth ) 3
elle demeura trois mois auprès d’elle. Ce fut
durant ce séjour , 011 très peu de tems après le
départ de Marie, qu’Èlifabeth accoucha de son
fils qui fut nommé Jean. C’est le nom que Za-
charie, son pere, indiqua sur ses tablettes, par
inspiration divine, étant demeuré muet depuis
sa conception pour n’avoir pas ajouté foi à l’Ange
qui la lui avoit annoncée. Sa bouche s’étant ou-
verte alors , il chante un Cantique d’adtions de
graces , dans lequel il prédit que Jean sera le
Prophète du Très-Haut, ôc le précurseur du
Mestie.
6 Au mois de Décembre suivant, Marie se
rend avec Joseph à Bethléem, ville de la Tribu
de Juda Sc lieu natal de David, pour se faire
inscrire dans le dénombrement genéral des su-
jets de l’Empire, ordonnc par Auguste trois ans
auparavant, mais qui n’avoit pu s’exécuter dans '
la Judée avant qu’elle eût prêté serment de fidé-
lité à ce Prince. Les hôtelleries de Bethléem se
trouvant remplies par la multitude des étran-
gers que Ie même lujet y avoit attirés , Marie
Sc son époux ne trouverent de retraite que dans
une caverne qui servoit d’étable (4). Comme
l’heure de l’enfantement de cette Vierge étoit I
(1) L’opinion que nous suivons comme la plus probabîe ( car
nous ne la donnons pas pour absolument certaine) sur l’année j
de la naissance du Sauveur, est celle qui a pour auteur Marc-
Antoine Cappelli, Franciscain, & que M. le Noble de S. Geor-
ge a développée dans une savante disTertation sur ce sujet, im-
primée à Paris en 1693. 11 est surprenant que M. Freret, qui a
traité la même matiere dans les Mémoires de l’Académie des
B. L., Tom. XXI, p. 278 & fuiv. ait donné la préfcrence au
sentiment du P. Petau, & d’autres Chronologistes, qui retardent
d’un an l’événement dont il s’agit, & ne le font préccdcr que
d’environ trois mois la mort d’Hérode, arrivée, comme ils en
conviennent d’après Josephe, peu de jours avant Pâque, 3 7 ans
après que ce Prince eut obtenu des Romains la royautc 3 ce qui
revient à l’an 42 de l’Ere Julienne, 749 de la fondation de
Rome , 4 année avant notre Ere vulgaire. C’est ass'urément res-
serrer dans des bornes trop étroites tout ce que l’Evangile place
entre ces deux époques. En effet il est constant, par le témoi-
gnage de S. Luc, que la sainte Vierge se soumit à la loi de la
purifîcation. Après quoi cet Evangéiiste dit qu’elle retourna à
Nazareth (d’où elle revint ensuite, comme nous le prouverons
plus bas, à Béthléem ). Or , la purification de la Vierge est
antérieure à l’adoration des Mages, quelque intervalle que
i’on mette entre la naissance du Sauveur & ieur arrivée à Beth-
iéem; puisque S. Matthieu dit qu’après leur départ Joseph fut
averti par l’Ange de prendre la Mere avec l’Enfant & de les em-
mener en Egypte. 11 faut donc compter d’abord les 40 jours qui
s’écoulerent dcpuis la nailsanceduSauveur jusqu’à la purification
de Marie 3 placer ensuite l’arrivée des Mages, puis la fuite en
Egypte, qui n’a pu se faire qu’en beaucoup fle jours , y ayant 1
près de yo iieues de Jérusalem à la frontiere d’Egypte, & enfîn 1
îe tems, quelque bref qu’on veuille ie supposer, que Joseph |
demeura dans ce pays, d’où il est certain qu’il 11e revint qu’a- |
près la mort d’Hérode. Or il n’y a nulle apparence que toutes |
les circonstances qu’on vient de marquer, puissent se rassembler 1
en aussi peu de tems qu’ii s’en trouve entre le 23 Bécembre
d’une année & la fin de Mars de la suivante. D’ou il s’ensuit
que Notre Seigneur naquit en la 40e année Julienne, 748 - de la
fondation de Ronie 3 & cela s’accorde avec l’ancienne rradition
qui Iui donne deux ans lorsqu’il fut ramené d’Egypte.
(2) Les mariages chez les Juifs se contraèloient dans une
assemblée de parens & d’amis sans i’intervention d’aucun Mi-
nistre de la Religion. Ainsi les peintres manquent au costume
en représentant Marie épousant Joseph dans le Temple en pré-
sence du Grand-Prêtre qui les miit.
( 3 ) S. Matthieu & S. Luc ont tracé deux généalogies de J. C.
qui le font égalemcnt descendre de David , mais qui difterent
entre elles d’ailieurs en plusieurs points. Cela prouve qu’ils ne
Ics ont pas faites de concert, mais non pas qu’ils se contredi-
sent. L un a nomrne les Ancêtres de J. C. selon ia nature, i’au-
tre ies Ancetres selon la loi de Moise, qui ordonnoit qu’une
femme étant devenue veuve sans enfans , le plus proclie parent
du defunt 1 epouieroit pour en avoir des enfans qui seroient
censés appartenir au premier mari.
(4) Bethléem étoit bâti sur une môntag;ne pieine de rochers
dans lesquels on avoit creusé plusieurs maiscns. On voit encore
1 etable où naquit le Sauveur, sur laquelle cn a élevé une Eglise