L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

30 Juillet 1S76.

L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

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figure pour le représentant du prophète ! Les yeux,
les joues, le nez, le front, étaient barbouillés de noir
comme s'il eût frénétiquement embrassé une mar-
mite !

Sa colère fut terrible!... La pauvre enfant fut fouet-
tée jusqu'au sang, et la favorite d'un moment passa
dans les cuisines.

Sa Hautesse était déjà d'une humeur massacrante:
son coq favori, qu'il avait décoré du grand-cordon
du Medjidié, avait été battu la veille par un an-
glais. Avec l'algarade du lendemain, c'en était trop.
Il reçut vingt-cinq coups de fouet. Quant à
M. Achille, ses bons services antérieurs lui évitèrent
la bastonnade ;
il croyait sentir
sur son cou le
froid du sabre
du Chaouss ou
la pointe aiguë
du paratonnerre
de la mosquée
lui pénétrer jus-
qu'au cerveau.
Il en fut quitte
pour la peur.

Il prit, le len-
demain, le che-
min de l'exil, en
compagnie du
pauvre coq, vic-
time, lui aussi,
de la fatalité.
Sic transit gloria
mundi !

Louis B.

LA SEMAINE

Les agitateurs
cléricaux triom-
phent, et vrai-
ment il y a de
quoi. Ils sont
parvenus à met-
tre en opposi-
tion le Sénat
avec la Chambre

des députés, ils ont divisé les pouvoirs publics, ils
ont provoqué la discorde : quelle victoire ! Quand
tout est tranquille, ils déclarent que l'Eglise est
opprimée ; quand la concorde règne entre les citoyens,
ils crient à la persécution ; quand tout va bien pour
les honnêtes gens, ils se plaignent de l'affaiblisse-
ment de la foi. Accoutumés a pêcher en eau trou-
ble, ils appellent, ils suscitent les divisions et les
déchirements, dont ils ne souffrent guère, étant
exempts de toutes les responsabilités sociales; ils
ont d'ailleurs toujours la ressource commode d'attri-
buer le mal aux ravages de l'impiété.

LE PRINCE MILAN DE SERBIE

Donc, en vertu des cinq voix bonapartistes du Sénat,
ces messieurs vont pouvoir provisoirement sacrer des
médecins et ordonner des avocats ; magnifique résul-

tat pour l'exploitation des mourants elle tripotage des
testaments ! Ils ne manqueront pas de clients parmi
les faiseurs sans conscience et les fruits secs, et ils
feront une concurrence sérieuse aux boutiques uni-
versitaires allemandes, où l'on a des diplômes pour
quinze sous.

, Garde à vous, citoyens ! Les eaux de Lourdes et de
la Salette vont prendre place dans le Codex, et les
principes du Syllabus vont remplacer les nobles
principes du droit national, les inébranlables vérités
de la Déclaration des Droits de l'homme.

La science est humiliée ou semble l'être ; le cau-
chemar clérical
devient une réa-
lité; laplus gros-
sière mystago-
gie va nous en-
vahir et nous
domijner, si
nous ne réagis-
sons pas avec
énergie.

Etes-vous con-
tents, libéraux
imbéciles ou
plutôt com-
plices? Es-tu
content, Labou-
laye, Américain
de contrebande
et quaker ( de
parade ? Avez-
vous tous assez
travaillé pour
nous amener ce
résultat, pour
nous vendre et
nous livrer à
l'ennemi?

Nous vous
avons assez,
uous vous avons
trop ménagés,
malgré nos mé-
fiances trop lé-
gitimes. Main-
% tenant, votre

jeu est décou-
vert, et l'on vous connaît bien : vous êtes des traîtres
ou tout au moins des complaisants serviles, ce qui
est exactement la même chose.

Dupanloup et les autres sont dans leur rôle. Mais
quel nom donner aux hypocrites qui invoquent les
principes pour renier les principes, qui sacrifient la
démocratie et la liberté au nom de la liberté ?

Un monsieur qui est particulièrement agaçant,
c'est le nommé Chesnelong. On avait l'espoir légi-
time d'en être débarrassé, au moins pour cette
saison ; on le croyait fini, enterré, tué pour le reste
de ses jours, voué à l'inexpiable ridicule des pèle-
rinages burlesques et des farces miraculeuses ; et le