29 Octobre 1876.
L'ECLIPSE, REVUE
COMIQUE ILLUSTRÉE
faut varier les mets. Aussi ça me change d'aller au
restaurant. Oui, mon cher, un potage, deux hors-
d'œuvre—je n'en mangeais jamais avant — des radis,
une sardine, des olives, tantôt l'un, tantôt l'autre,
avec du beurre assez fin, ma foi ; puis deux plats
solides : un de poisson, — il y a de l'alose de pre-
mière qualité, — et un de viande : des pieds à la
poulette, par exemple, comme aujourd'hui, c'est
excellent ; et enfin des légumes et un dessert des
plus variés, des biscuits, des mendiants, des mar-
melades. Ce matin, j'ai mangé un roquefort vraiment
suave. Avec tout ça, une demi-bouteille de vin
rouge pas mauvais du tout, un vin de côtes, coupé
avec des vins de l'Ariége ; ils le font venir en gros,
ce qui ne leur coûte presque rien que les droits et
le port... Un de ces soirs, venez-y donc diner avec
Mmo Lerouge, ça vous plaira, j'en suis sûr.
— Allons, fit Lerouge, qui prisait à tout moment
des pincées énormes pour s'éclaircir la tète, car il
pensait rêver, je vois que vous êtes mieux remis
que je ne croyais. Vous avez pris sur vous , vous
vous êtes dominé en sage, en philosophe, en vrai
croyant; je vous félicite, mon ami, c'est très-
louable.
—'Oh ! c'est bien ce que je me suis dit, répliqua
M. Poissier; j'aurais beau pleurer comme tous les
veaux de Poissy à la fois, que ma pauvre épouse
n'en serait pas moins défunte.
« Du reste, je dois l'avouer, je n'ai eu que de l'agré-
ment dans tout ceci. Mon beau-père, notamment,
s'est conduit comme un galant homme, il n'y a pas
à dire. Il a ses travers, parbleu, moi aussi, vous
aussi ; tout le monde en a. Tout de même il est dé-
licat, oui, pour délicat, il est délicat.
« Il est encore venu me prendre hier pour diner
ensemble, et je l'ai mené à mon restaurant. Il a été
enchanté, positivement. Cependant nous y avons
beaucoup pleuré, car vous savez s'il aimait sa fille;
autant que moi, peut-être! Ainsi, pendant le café :
« Mon cher Jules, m'a-t-il dit, vous ne pouviez pas
vous attendre à ce coup... Ma pauvre fille!...
« Eh bien ! je ne veux pas que vous en portiez toute
la peine. Je veux vous faire cadeau du terrain ; j'ai
déjà été voir l'entrepreneur pour vous faire con-
struire un petit caveau pour deux. Comme ça, vous
pourrez dormir à côté l'un de l'autre, quand le mo-
ment sera venu... » Eh bien, voyez-vous,. Lerouge,
ce n'était pas une dépense pour lui, car il a de la
fortune ; vous savez s'il a eu des bénéfices avec ses
bâtisses de la rue Lafayette; tout de même, ça m'a
fait plaisir; c'est délicat, quoi!...
— Beau-père, que je lui ai répondu, vous êtes un
véritable parent; ne vous gênez pas avec nous, et
même, pendant que vous y êtes, faites-le faire
un peu plus grand, parce que si je me remariais, on
ne peut pas savoir, j'aimerais bien avoir encore une
place pour mon autre femme.
A.
L A SEMAINE COMIQUE
— Mille tonnerres! vous savez bien que je ne vais j
Fi m péri aie.
Très-intéressantes les excursions de la Commission de 1'
des champignons.
Un échange de cartes.
L'ECLIPSE, REVUE
COMIQUE ILLUSTRÉE
faut varier les mets. Aussi ça me change d'aller au
restaurant. Oui, mon cher, un potage, deux hors-
d'œuvre—je n'en mangeais jamais avant — des radis,
une sardine, des olives, tantôt l'un, tantôt l'autre,
avec du beurre assez fin, ma foi ; puis deux plats
solides : un de poisson, — il y a de l'alose de pre-
mière qualité, — et un de viande : des pieds à la
poulette, par exemple, comme aujourd'hui, c'est
excellent ; et enfin des légumes et un dessert des
plus variés, des biscuits, des mendiants, des mar-
melades. Ce matin, j'ai mangé un roquefort vraiment
suave. Avec tout ça, une demi-bouteille de vin
rouge pas mauvais du tout, un vin de côtes, coupé
avec des vins de l'Ariége ; ils le font venir en gros,
ce qui ne leur coûte presque rien que les droits et
le port... Un de ces soirs, venez-y donc diner avec
Mmo Lerouge, ça vous plaira, j'en suis sûr.
— Allons, fit Lerouge, qui prisait à tout moment
des pincées énormes pour s'éclaircir la tète, car il
pensait rêver, je vois que vous êtes mieux remis
que je ne croyais. Vous avez pris sur vous , vous
vous êtes dominé en sage, en philosophe, en vrai
croyant; je vous félicite, mon ami, c'est très-
louable.
—'Oh ! c'est bien ce que je me suis dit, répliqua
M. Poissier; j'aurais beau pleurer comme tous les
veaux de Poissy à la fois, que ma pauvre épouse
n'en serait pas moins défunte.
« Du reste, je dois l'avouer, je n'ai eu que de l'agré-
ment dans tout ceci. Mon beau-père, notamment,
s'est conduit comme un galant homme, il n'y a pas
à dire. Il a ses travers, parbleu, moi aussi, vous
aussi ; tout le monde en a. Tout de même il est dé-
licat, oui, pour délicat, il est délicat.
« Il est encore venu me prendre hier pour diner
ensemble, et je l'ai mené à mon restaurant. Il a été
enchanté, positivement. Cependant nous y avons
beaucoup pleuré, car vous savez s'il aimait sa fille;
autant que moi, peut-être! Ainsi, pendant le café :
« Mon cher Jules, m'a-t-il dit, vous ne pouviez pas
vous attendre à ce coup... Ma pauvre fille!...
« Eh bien ! je ne veux pas que vous en portiez toute
la peine. Je veux vous faire cadeau du terrain ; j'ai
déjà été voir l'entrepreneur pour vous faire con-
struire un petit caveau pour deux. Comme ça, vous
pourrez dormir à côté l'un de l'autre, quand le mo-
ment sera venu... » Eh bien, voyez-vous,. Lerouge,
ce n'était pas une dépense pour lui, car il a de la
fortune ; vous savez s'il a eu des bénéfices avec ses
bâtisses de la rue Lafayette; tout de même, ça m'a
fait plaisir; c'est délicat, quoi!...
— Beau-père, que je lui ai répondu, vous êtes un
véritable parent; ne vous gênez pas avec nous, et
même, pendant que vous y êtes, faites-le faire
un peu plus grand, parce que si je me remariais, on
ne peut pas savoir, j'aimerais bien avoir encore une
place pour mon autre femme.
A.
L A SEMAINE COMIQUE
— Mille tonnerres! vous savez bien que je ne vais j
Fi m péri aie.
Très-intéressantes les excursions de la Commission de 1'
des champignons.
Un échange de cartes.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La semaine comique
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 9.1876, S. 27_139
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg