L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

18 Février 1877.

LE GUIDE DU DÉPUTÉ

DE PARIS A VERSAILLES

Rive droite. — Gare Saint-Lazare.

Cette gare est fertile en trains. Il y a les trains d'em-
ployés (9 heures matin , train des wistheurs), — les
trains des députés,—l'express de o heures, — le train
du théâtre, minuit et demi.

En sortant de l'embarcadère, — 10 quais, 20 voies, —
le chemin de fer passe sous la place de l'Europe (ce tra-
vail d'art serait certainement admiré par les Romains),
puis sous le tunnel de 330 mètres' des Batignolles. On
s'arrête qucquefois à

Levaixois-Perbet, — qui compte quinze mille habi-
tants. Il y a des chefs-lieux de département qui n'en ont
pas davantage. Le voyageur peut rêver à la vue de ce
modeste village, qui vient d'être érigé en commune.

Il a ce privilège rare de n'avoir aucune église du
xin" siècle, avec un clocher neuf qui a l'air d'un nez
d'argent sur la figure d'un nègre, aucune antiquité ro-
maine, aucun monument... Une caserne de gendarme-
rie, sans doute, peut-être une mairie.

Heureux village ! Heureux habitants de Lcvallois-
Penrel !

Allez danser sous les ormeaux,
Animez-vous, garçons, fillettes,
Dansez au son des chalumeaux !

A droite, on aperçoit Clichy-la-Garenne, 14,000 hab.
Clichy a eu pour curé saint Vincent de Paul. C'était une
résidence royale à l'époque des Mérovingiens, où

Quatre bœufs attelés, d'un pas tranquille et lent,
Promenaient dans Paris le monarque indolent.

Asnières, — Nanterre, Rueil, Colombes, Argenteu il,
Versailles et Saint-Germain ! Il y a des hommes qui ré-
pètent cette litanie cent soixante-quatorze fois par jour.
Que pourront-ils se raconter dans leur vieillesse ?

Asniéres-les-Bains possède un château, qui fut autre-
fois la résidence de mademoiselle de Fontanges et de
madame de Parabère ; il sert aujourd'hui de restaurant
ou de bal. — Visiter les chantiers où se construisent les
embarcations des clubs nautiques.

Courbevoie. — Belles casernes. Au centre du rond-
point planté de grands ormes, la statue de Napoléon, re-
dingote et petit chapeau, dont M. Courbet ignorait sans
doute l'existence depuis son exil de la colonne Vendôme.
Blemarquez l'île de la Grande-Jatte.

Pl'teaux.

u Homo sum, et nil humani a me alienum Pcteaux ! »

ne manquai! jamais de dire M. Patin en saluant cette
station. Des usines remplacent les villas du xvir5 et du
xvin0 siècle. Les habitants de Puteaux cultivent des
rosiers, dont les fleurs sont vendues aux parfumeurs de
Paris pour fabriquer l'essence de rose.

Suresnes. — Suresnes, en latin Surisnx, est célèbre
par les conférences à la suite desquelles Henri IV déclara
que Paris valait bien une messe. Chaque année on y

Pourquoi je ne suis pas peintre de fleurs

J'avais, dnns ma jeunesse, de grandes disposi-
tions pour devenir un Desgoffe; j'ayais un pen-
chant pour la nature morte, surtout les fleurs...

Mais j'avais aussi une cousine, ma grande
cousine Rose, aussi belle que les fleurs do son
jardin.

Et qui me rendait bien rêveur, surtout lors-
qu'elle soignait les fraisiers.