L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

LES FOURNISSEURS

Les manchettes lui sont fournies par une accorte modiste, qui
se chargerait volontiers aussi de le guider à travers les restau-
rants parisiens

LES CONSEILS DE SURVEILLANCE

POUR RIRE

Par le temps qui court, et au moment des carottes
nouvelles, le public actionnaire n'apprendra pas sans
plaisir qu'il est question de prendre des mesures pour
rendre réellement responsables les membres des con-
seils de surveillance des sociétés financières dont le
capital aura été dilapidé.

Jusqu'ici, les gens notables qui acceptaient la sur-
veillance d'une entreprise quelconque s'étaient figuré
que tout consistait pour eux à laisser imprimer leurs
noms sur les affiches et prospectus d'une émission
plus ou moins fantaisiste.

Celle-ci, par exemple :

SOCIÉTÉ DES MINES D'AMADOU

DES PLAINES DE LA VALACHIE.
CAPITAL : bO MILLIONS.

Jlembres du conseil de surveillance :

MM. Anatole Goussardin, comte de la Boursouflure, com-
mandeur de l'ordre du Baguenaudier hottentot; Albert
Croustignac, marquis de la Trouspinière, chevalier de
l'ordre du Vilebrequin du roi Orélie Ier.

Après quoi, ces messieurs, décorés jusque dans le
dos, croyaient avoir bien mérité des actionnaires
quand ils s'étaient réunis une fois l'an, au siège de
la société, pour y examiner avec soin... la couver-
ture du grand-livre et toucher leurs jetons de pré-
sence.

* *
*

Aujourd'hui, si l'on décide que les membres d'un
conseil de surveillance doivent surveiller (chose
inouïe !), ils y regarderont à deux fois avant de don-
ner leur nom et leur blason comme enseigne.

* *

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Le frotteur à qui l'on demande ses économies
pour l'exploitation d'une grande carrière de maque-
reaux salés dans l'Hindoustan ne peut bonnement
pas, avant de donner son argent, aller vérifier lui-
même.

Mais quand il lit, en tête du prospectus-boniment,
des noms ronflants de descendants des croisades, il
se dit aussitôt :

— Je puis allonger mes cinq cents francs, puisque
ce sera surveillé par ces gros bonnets-là.

* *

Eh bien! au bout de trois mois, les sires de la Bour-