8 Avril 1877.
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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
323
mais à Paris, il me semble que le dimanche...
mme bernardin. — Bernardin!...
m. bernardin. — Et le jeudi...
mme bernardin. — Bernardin, vous verrez les fruits
de l'éducation et des exemples que vous donnez à
votre fille.
m. bernardin. —D'abord je ne me mêle pas de son
éducation, et vous avez toujours été libre de la di-
riger selon vos idées.
mmo bernardin. — Heureusement pour elle !
m. bernardin. — Quant à mes exemples, je ne
pense pas lui en avoir donné qui ne fussent à suivre.
léonie. ■— P'pa?
m. bernardin. — Ma fille ?
léonie. — Tu ne me donnes pas de beaux exemples.
m. bernardin. — Allons, bon ! je te défends, et,
pour me remercier, lu m'accuses de te donner de
mauvais exemples?
léonie. — Oui; d'abord vous jurez, et c'est très-
vilain.
m. bernardin. — Je jure, moi?... Tu crois?
léonie. — Oh! oui! et vous fumez.
m. bernardin. — Voilà un beau crime !
léonie. — Certainement!
m. bernardin. — Sa... mille noms... non, non,
non... Fichtre de maladroit!
léonie. — Tu t'es coupé la joue?
m. bernardin. — Non, le menton... Une belle esta-
filade.
léonie. — C'est le bon Dieu qui t'a puni!
m. bernardin. — Et pourquoi, fillette?
léonie. — Ah ! parce que tu contraries maman.
mmo bernardin. — Léonie, où en es-tu?
léonie. — Je me coiffe... Maman, si nous allions à
la messe de dix heures ?
mmc bernardin. — Nous ne serions pas rentrées à
temps pour le déjeuner.
léonie. — Nous déjeunerons au restaurant.
mmc bernardin. —Non, mademoiselle, nous déjeu-
nerons ici.
léonie. — C'est ennuyeux !
mmcbernardin. — Et pourquoi?
léonie. —Les garçons ont l'air de sacristains; on
dit le Benedicite ; on parle tout bas comme à con-
fesse, et le maître d'hôtel a une petite sonnette devant
lui. Ce n'est pas très-gai; toutes les fois qu'il sonne,
j'ai envie de me lever comme à l'église.
m. bernardin. — C'est vrai, quand il passe une as-
siette, il a l'air de dire : Dominus vobiscum.
mme bernardin. — Bernardin, vous blâmez les ré-
publicains, et il y en a plus d'un qui rougirait de
causer ainsi avec une jeune fille.
m. bernardin. — Léonie est une fille intelligente
et franche. Je ne veux pas en faire une petite niaise
sournoise comme son amie mademoiselle Léocadie
Serpinet.
mmo bernardin. — Vous en ferez une femme à la
mode... une Parisienne...
m. bernardin. — Eh bien! où serait le mal ? Je
connais la vie de province et la vie de Paris, madame
Bernardin, et mon opinion est faite.
mme bernardin. — Et quelle est votre opinion?
L'AVARE ET LE FROMAGE (suite)
-.d'un certain fromage de chèvre qu'il savoura Mais la mère Trimouillat, qui du fond de sa cui- — Mats, doux Jésus! qu'avez-vous, père Cadet?
ayee la double satisfaction d'un plaisir qui ne coûte sine avait vu le larcin, se promet d'avoir pour elle Vous v'ià tout vert comme un trépassé I
rieQ- le dernier mot.
— Tiens ! pour le coup, je n'aurons p'us d'souris !
— Pourquoi ça?
■— Parbleu! elles ont tout dévoré le fromage
ousque j'avais mis de la poison, de l'arsenique î
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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
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mais à Paris, il me semble que le dimanche...
mme bernardin. — Bernardin!...
m. bernardin. — Et le jeudi...
mme bernardin. — Bernardin, vous verrez les fruits
de l'éducation et des exemples que vous donnez à
votre fille.
m. bernardin. —D'abord je ne me mêle pas de son
éducation, et vous avez toujours été libre de la di-
riger selon vos idées.
mmo bernardin. — Heureusement pour elle !
m. bernardin. — Quant à mes exemples, je ne
pense pas lui en avoir donné qui ne fussent à suivre.
léonie. ■— P'pa?
m. bernardin. — Ma fille ?
léonie. — Tu ne me donnes pas de beaux exemples.
m. bernardin. — Allons, bon ! je te défends, et,
pour me remercier, lu m'accuses de te donner de
mauvais exemples?
léonie. — Oui; d'abord vous jurez, et c'est très-
vilain.
m. bernardin. — Je jure, moi?... Tu crois?
léonie. — Oh! oui! et vous fumez.
m. bernardin. — Voilà un beau crime !
léonie. — Certainement!
m. bernardin. — Sa... mille noms... non, non,
non... Fichtre de maladroit!
léonie. — Tu t'es coupé la joue?
m. bernardin. — Non, le menton... Une belle esta-
filade.
léonie. — C'est le bon Dieu qui t'a puni!
m. bernardin. — Et pourquoi, fillette?
léonie. — Ah ! parce que tu contraries maman.
mmo bernardin. — Léonie, où en es-tu?
léonie. — Je me coiffe... Maman, si nous allions à
la messe de dix heures ?
mmc bernardin. — Nous ne serions pas rentrées à
temps pour le déjeuner.
léonie. — Nous déjeunerons au restaurant.
mmc bernardin. —Non, mademoiselle, nous déjeu-
nerons ici.
léonie. — C'est ennuyeux !
mmcbernardin. — Et pourquoi?
léonie. —Les garçons ont l'air de sacristains; on
dit le Benedicite ; on parle tout bas comme à con-
fesse, et le maître d'hôtel a une petite sonnette devant
lui. Ce n'est pas très-gai; toutes les fois qu'il sonne,
j'ai envie de me lever comme à l'église.
m. bernardin. — C'est vrai, quand il passe une as-
siette, il a l'air de dire : Dominus vobiscum.
mme bernardin. — Bernardin, vous blâmez les ré-
publicains, et il y en a plus d'un qui rougirait de
causer ainsi avec une jeune fille.
m. bernardin. — Léonie est une fille intelligente
et franche. Je ne veux pas en faire une petite niaise
sournoise comme son amie mademoiselle Léocadie
Serpinet.
mmo bernardin. — Vous en ferez une femme à la
mode... une Parisienne...
m. bernardin. — Eh bien! où serait le mal ? Je
connais la vie de province et la vie de Paris, madame
Bernardin, et mon opinion est faite.
mme bernardin. — Et quelle est votre opinion?
L'AVARE ET LE FROMAGE (suite)
-.d'un certain fromage de chèvre qu'il savoura Mais la mère Trimouillat, qui du fond de sa cui- — Mats, doux Jésus! qu'avez-vous, père Cadet?
ayee la double satisfaction d'un plaisir qui ne coûte sine avait vu le larcin, se promet d'avoir pour elle Vous v'ià tout vert comme un trépassé I
rieQ- le dernier mot.
— Tiens ! pour le coup, je n'aurons p'us d'souris !
— Pourquoi ça?
■— Parbleu! elles ont tout dévoré le fromage
ousque j'avais mis de la poison, de l'arsenique î
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
L'avare et le fromage (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_323
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg