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L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
15 Avril 1877.
— Non, madame... C'est... pour un manuscrit que
je désirerais lui...
— Ça suffît, mettez-le là... Pas sur mon fromage,
donc; c'est pour le coup que ça le ferait couler.
— Je vous serai très-reconnaissant, madame, de
vouloir bien le remettre le plus tôt possible.
— Rien ne presse : le théâtre a des pièces dans
son garde-manger pour dix ans.
— Pour dix ans ! répète le jeune homme d'un air
consterné.
— Au moins. Et tout des cheff'cs-d'œuvre.
— Il me semble pourtant que la pièce d'hier...
— Celle-là avait été reçue par bienfaisance, pour
sauver la vie d'un meurt-de-faim. Vlà ce qu'on
gagne à obliger le premier venu. — Pas vrai, Mou-
ton?
— Miaou !...
— Comme tu dis. C'est pas toi qui ferais tes or-
dures, comme ces messieurs, devant le public ; bien
trop poli pour ça.
— Ainsi, madame, je puis compter...
— Comptez si ça vous fait plaisir jusqu'à ce qu'on
vous lise... vous aurez le temps d'apprendre vos
méthamétiques... A bas, Mouton!... Polisson qui
liche mon beurre !...
L. L.
CHOSES ET AUTRES
— Mais enfin, se disait-on entre gens de lettres,
ce Sarcey est un bien vilain coucheur : il passe son
temps à éreinter ses confrères; pas un ne trouve
grâce devant lui.
— Oh ! fit un autre, il ne faut pas lui en vouloir ;
il est si myope !
— Comment si myope!... Qu'est-ce que cela fait?
— Eh ! cela fait que son infirmité le condamne à
tout voir d'un mauvais œil.
— Cher ami, vous voyez un homme désespéré :
mon caissier a pris son vol...
— S'il n'a pris que cela?...
— Un vol de deux cent mille francs, le miséra-
ble!... La justice est saisie...
— La justice?... 11 vaudrait mieux pour vous que
ce fût le voleur.
On parlait de M. M..., connu par ses infortunes
conjugales.
— Il est très-riche ; il a des terres, des vignes,
des bois...
— Par-dessus la tête !
D.
LA BOURRIQUE DE PERIGUA (fin)
Puis, pendant trois heures, avec une sollicitude Un mieujc s'est manifesté. La bourrique semble Alors il prend une résolution héroïque, il
do mère, il promena bien chaudement enveloppée enfin pouvoir se tenir sur ses quatre pieds sans charge sa bourrique sur sa carriole et, songeant au
la bête au pas de procession, observant de temps trembler. 11 veut atelier : hélas! impossible d'en- 30 francs qu'elle lui a coûté, il s'attelle philosophi-
à autre le travail de la digestion. trer dans les brancards. quement et regagne sa demeure.
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
15 Avril 1877.
— Non, madame... C'est... pour un manuscrit que
je désirerais lui...
— Ça suffît, mettez-le là... Pas sur mon fromage,
donc; c'est pour le coup que ça le ferait couler.
— Je vous serai très-reconnaissant, madame, de
vouloir bien le remettre le plus tôt possible.
— Rien ne presse : le théâtre a des pièces dans
son garde-manger pour dix ans.
— Pour dix ans ! répète le jeune homme d'un air
consterné.
— Au moins. Et tout des cheff'cs-d'œuvre.
— Il me semble pourtant que la pièce d'hier...
— Celle-là avait été reçue par bienfaisance, pour
sauver la vie d'un meurt-de-faim. Vlà ce qu'on
gagne à obliger le premier venu. — Pas vrai, Mou-
ton?
— Miaou !...
— Comme tu dis. C'est pas toi qui ferais tes or-
dures, comme ces messieurs, devant le public ; bien
trop poli pour ça.
— Ainsi, madame, je puis compter...
— Comptez si ça vous fait plaisir jusqu'à ce qu'on
vous lise... vous aurez le temps d'apprendre vos
méthamétiques... A bas, Mouton!... Polisson qui
liche mon beurre !...
L. L.
CHOSES ET AUTRES
— Mais enfin, se disait-on entre gens de lettres,
ce Sarcey est un bien vilain coucheur : il passe son
temps à éreinter ses confrères; pas un ne trouve
grâce devant lui.
— Oh ! fit un autre, il ne faut pas lui en vouloir ;
il est si myope !
— Comment si myope!... Qu'est-ce que cela fait?
— Eh ! cela fait que son infirmité le condamne à
tout voir d'un mauvais œil.
— Cher ami, vous voyez un homme désespéré :
mon caissier a pris son vol...
— S'il n'a pris que cela?...
— Un vol de deux cent mille francs, le miséra-
ble!... La justice est saisie...
— La justice?... 11 vaudrait mieux pour vous que
ce fût le voleur.
On parlait de M. M..., connu par ses infortunes
conjugales.
— Il est très-riche ; il a des terres, des vignes,
des bois...
— Par-dessus la tête !
D.
LA BOURRIQUE DE PERIGUA (fin)
Puis, pendant trois heures, avec une sollicitude Un mieujc s'est manifesté. La bourrique semble Alors il prend une résolution héroïque, il
do mère, il promena bien chaudement enveloppée enfin pouvoir se tenir sur ses quatre pieds sans charge sa bourrique sur sa carriole et, songeant au
la bête au pas de procession, observant de temps trembler. 11 veut atelier : hélas! impossible d'en- 30 francs qu'elle lui a coûté, il s'attelle philosophi-
à autre le travail de la digestion. trer dans les brancards. quement et regagne sa demeure.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La bourrique de périqua (fin)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_332
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg