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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
6 Mai 1877.
MAI
Voici mai, le mois des rosières, le mois des pein-
tres, le mois de Marie, des hannetons et des fleurs de
Clémence Isaure.
Il nous serait facile de donner une définition
scientifique du mot Rosière; mais il y en a une toute
faite, je ne sais où, par je ne sais qui, et c'est grand
dommage, car elle est un modèle du genre :
« La rosière tire ce nom gracieux de la char-
mante fleur dont on pare son front pudique en ré-
compense de ses modestes vertus. »
On calomniait Nanterre ; on avait insinué dans
les journaux qu'il n'y aurait pas de rosière cette
année. Grave erreur. La vertu fera traite sur Nan-
terre, grand crû de sagesse, récolte de 1877. Au
moment où la statistique impitoyable témoigne des
vices de ce siècle, Nanterre apparaît comme le bou-
levard de l'innocence, le rempart de la pudeur. Elle
semble, au milieu de la corruption générale, une de
ces terres bénies et favorisées par les dieux, où la
vertu est appelée à se développer et, comme les sa-
bles de la mer, elle est mêlée de coquillages.
0 fêtes de l'innocence,^vous réjouissez les cœurs
purs. Oui, il nous sera doux de prendre le train de
midi trente-cinq (départ à la gare Saint-Lazare)
pour assister à ce spectacle consolant. Ce n'est
certainement pas sur nos scènes, subventionnées ou
non, qu'on fait aux journalistes dépravés ce service
des premières. La petite fleur bleue ne pousse pas
autour des kiosques. J'aime à croire aux gâteaux,
aux rosières de Nanterre. (Exiger la marque de fa-
brique et se méfier des contrefaçons s. g. d. g. —
Se garer des gendarmes.)
En ce qui concerne l'Exposition des beaux-arts,
qui a ouvert ses portes au public, les Vénus du Salon
de peinture n'ont rien de commun avec les rosières
de Nanterre ; elles témoignent généralement du mé-
pris le plus absolu pour les chemises et de l'inutilité
de cet ornement dans les arts décoratifs.
Singulier rapprochement : Mabille et Nanterre.
La réouverture de Mabille sera-t-elle favorisée par
une température agréable aux hannetons, et les
Vestales n'ont-elles pas eu à craindre de voir la
pluie éteindre leurs réchauds? Une étoile nouvelle
est signalée par les observatoires spéciaux sous un
angle de quarante-cinq degrés, et quelques satellites
politiques gravitent déjà autour de l'astre des saute-
ries. On y remarquera cette année, comme les pré-
cédentes, quelques cocodettes de province, grandes
dames départementales qui vont partout les pieds
blancs, — comme les biches.
Mai voit renaître aussi les Jeux floraux de Tou-
louse. Clémence Isaure reçoit des centaines de pièces
rappelant cette facture :
C'est le mois de Marie,
C'est le mois le plus beau.
Selon l'usage antique, on distribue les Soucis et
LE COLIN-MAILLARD
11 fait un temps épouvantable, impossible de
sortir. — Madame propose une partie de colin-
maillard qui est acceptée. — On compte : Une
poule sur un mur, t/ui picote du pain dur, etc....
Bref, c'est monsieur que le sort désigne comme
chercheur; un mouchoir épais lui est mis sur les
yeux et solidement noue. Le cousin de madame
fait subir au patient les dernières épreuves.
Après plusieurs pirouettes qui lui font perdre le
nord, on le lance au large.
En route l'explorateur!
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
6 Mai 1877.
MAI
Voici mai, le mois des rosières, le mois des pein-
tres, le mois de Marie, des hannetons et des fleurs de
Clémence Isaure.
Il nous serait facile de donner une définition
scientifique du mot Rosière; mais il y en a une toute
faite, je ne sais où, par je ne sais qui, et c'est grand
dommage, car elle est un modèle du genre :
« La rosière tire ce nom gracieux de la char-
mante fleur dont on pare son front pudique en ré-
compense de ses modestes vertus. »
On calomniait Nanterre ; on avait insinué dans
les journaux qu'il n'y aurait pas de rosière cette
année. Grave erreur. La vertu fera traite sur Nan-
terre, grand crû de sagesse, récolte de 1877. Au
moment où la statistique impitoyable témoigne des
vices de ce siècle, Nanterre apparaît comme le bou-
levard de l'innocence, le rempart de la pudeur. Elle
semble, au milieu de la corruption générale, une de
ces terres bénies et favorisées par les dieux, où la
vertu est appelée à se développer et, comme les sa-
bles de la mer, elle est mêlée de coquillages.
0 fêtes de l'innocence,^vous réjouissez les cœurs
purs. Oui, il nous sera doux de prendre le train de
midi trente-cinq (départ à la gare Saint-Lazare)
pour assister à ce spectacle consolant. Ce n'est
certainement pas sur nos scènes, subventionnées ou
non, qu'on fait aux journalistes dépravés ce service
des premières. La petite fleur bleue ne pousse pas
autour des kiosques. J'aime à croire aux gâteaux,
aux rosières de Nanterre. (Exiger la marque de fa-
brique et se méfier des contrefaçons s. g. d. g. —
Se garer des gendarmes.)
En ce qui concerne l'Exposition des beaux-arts,
qui a ouvert ses portes au public, les Vénus du Salon
de peinture n'ont rien de commun avec les rosières
de Nanterre ; elles témoignent généralement du mé-
pris le plus absolu pour les chemises et de l'inutilité
de cet ornement dans les arts décoratifs.
Singulier rapprochement : Mabille et Nanterre.
La réouverture de Mabille sera-t-elle favorisée par
une température agréable aux hannetons, et les
Vestales n'ont-elles pas eu à craindre de voir la
pluie éteindre leurs réchauds? Une étoile nouvelle
est signalée par les observatoires spéciaux sous un
angle de quarante-cinq degrés, et quelques satellites
politiques gravitent déjà autour de l'astre des saute-
ries. On y remarquera cette année, comme les pré-
cédentes, quelques cocodettes de province, grandes
dames départementales qui vont partout les pieds
blancs, — comme les biches.
Mai voit renaître aussi les Jeux floraux de Tou-
louse. Clémence Isaure reçoit des centaines de pièces
rappelant cette facture :
C'est le mois de Marie,
C'est le mois le plus beau.
Selon l'usage antique, on distribue les Soucis et
LE COLIN-MAILLARD
11 fait un temps épouvantable, impossible de
sortir. — Madame propose une partie de colin-
maillard qui est acceptée. — On compte : Une
poule sur un mur, t/ui picote du pain dur, etc....
Bref, c'est monsieur que le sort désigne comme
chercheur; un mouchoir épais lui est mis sur les
yeux et solidement noue. Le cousin de madame
fait subir au patient les dernières épreuves.
Après plusieurs pirouettes qui lui font perdre le
nord, on le lance au large.
En route l'explorateur!
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le Colin-Maillard
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_358
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg