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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
29 Juillet 1877.
LES INDUSTRIELS DISPARUS
CHAPELLERIE AMBULANTE
Ni homme ni femme.
JOURNAL DU SOIR
On ne connaissait pas le kiosque.
HISTOIRES LUGUBRES
Tout n'est pas rose dans la vie.
Sunt lacrymal rerum.
Il y a de lugubres histoires.
Première histoire lugubre :
On était à table. Chacun racontait son mot. S...
prend la parole à son tour.
S... est réellement un homme d'une froideur
effrayante. Il a de ces gaietés anglaises qui font froid
dans le dos. 11 a aussi le singulier pouvoir de faire
rire d'une façon cruelle, mais c'est un rire nerveux,
comme celui d'un homme qui tombe à genoux sur
la glace, un rire qui ressemble à une convulsion.
11 commença ainsi :
— Vous avez connu M. un Tel? C'est un homme
tout à fait charmant.
« Je le rencontre un jour, et il me propose une
promenade à la campagne en voiture découverte.'
« 11 faisait beau temps. J'accepte.
« Nous arrivons à la porte du cimetière...
— Comment? dit une voix. Vous appelez cela
une promenade à la campagne?
— Oui, monsieur. Ce cimetière est situé hors des
fortifications... Mon excellent ami avait acheté un
caveau de famille pour douze personnes.
« Il y avait un petit jardin antour du caveau.
Nous le visitâmes ensemble. Ce caveau était parfai-
tement vide.
« Voilà, me dit-il, mon futur appartement. Le
loyer est payé d'avance.. »
« Nous retournons à Paris.
« Quinze jours après, je le rencontre un crêpe
au chapeau.
« Je l'interroge avec discrétion.
« — Ah! ah! me dit-il cordialement; l'apparte-
ment est occupé. »
« Je lui demande le nom du parent qu'il a perdu.
« — C'est ma pauvre tante. Je l'avais toujours dit.
C'est ma tante qui essuiera les plâtres. »
« Quel bon garçon que cet animal-là! ajouta S...
en souriant à sa voisine. »
Les convives se regardèrent et, après quelques
instants d'hésitation, se décidèrent à rire.
S... conservait son air de catafalque.
Il continua :
— Voyageant en Allemagne, j'avais fait connais-
sance avec le fonctionnaire d'une ville où je me
plaisais énormément.
« C'était un homme du commerce le plus agréa*ble
et le plus charmant. On exerçait les mêmeâ fonctions
de père en fils dans sa famille: il faisait son affaire
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
29 Juillet 1877.
LES INDUSTRIELS DISPARUS
CHAPELLERIE AMBULANTE
Ni homme ni femme.
JOURNAL DU SOIR
On ne connaissait pas le kiosque.
HISTOIRES LUGUBRES
Tout n'est pas rose dans la vie.
Sunt lacrymal rerum.
Il y a de lugubres histoires.
Première histoire lugubre :
On était à table. Chacun racontait son mot. S...
prend la parole à son tour.
S... est réellement un homme d'une froideur
effrayante. Il a de ces gaietés anglaises qui font froid
dans le dos. 11 a aussi le singulier pouvoir de faire
rire d'une façon cruelle, mais c'est un rire nerveux,
comme celui d'un homme qui tombe à genoux sur
la glace, un rire qui ressemble à une convulsion.
11 commença ainsi :
— Vous avez connu M. un Tel? C'est un homme
tout à fait charmant.
« Je le rencontre un jour, et il me propose une
promenade à la campagne en voiture découverte.'
« 11 faisait beau temps. J'accepte.
« Nous arrivons à la porte du cimetière...
— Comment? dit une voix. Vous appelez cela
une promenade à la campagne?
— Oui, monsieur. Ce cimetière est situé hors des
fortifications... Mon excellent ami avait acheté un
caveau de famille pour douze personnes.
« Il y avait un petit jardin antour du caveau.
Nous le visitâmes ensemble. Ce caveau était parfai-
tement vide.
« Voilà, me dit-il, mon futur appartement. Le
loyer est payé d'avance.. »
« Nous retournons à Paris.
« Quinze jours après, je le rencontre un crêpe
au chapeau.
« Je l'interroge avec discrétion.
« — Ah! ah! me dit-il cordialement; l'apparte-
ment est occupé. »
« Je lui demande le nom du parent qu'il a perdu.
« — C'est ma pauvre tante. Je l'avais toujours dit.
C'est ma tante qui essuiera les plâtres. »
« Quel bon garçon que cet animal-là! ajouta S...
en souriant à sa voisine. »
Les convives se regardèrent et, après quelques
instants d'hésitation, se décidèrent à rire.
S... conservait son air de catafalque.
Il continua :
— Voyageant en Allemagne, j'avais fait connais-
sance avec le fonctionnaire d'une ville où je me
plaisais énormément.
« C'était un homme du commerce le plus agréa*ble
et le plus charmant. On exerçait les mêmeâ fonctions
de père en fils dans sa famille: il faisait son affaire
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Les industriels disparus
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 2_038
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg