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Moeder, Marcel: Les Ex-Libris Alsaciens du XVI Siècle $Par Marcel Moeder
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.61639#0067
LES EX-LIBRIS ALSACIENS DU XVIe SIÈCLE
par MARCEL MOEDER
A l’aube du seizième siècle, les arts graphiques fêtaient en Alsace des
triomphes sans pareils. L’imprimerie venait d’atteindre l’apogée de son
développement dans la ville même qui avait vu éclore ses premiers timides
essais. Les officines strasbourgeoises produisaient à l’envi des livres admira-
blement imprimés et illustrés de figures charmantes. La gravure sur bois, aux
lignes puissantes, taillées de mains d’artistes par d’habiles artisans, se voyait
portée à un degré de perfection qui, jamais, ne devait plus être égalé. Et
d’incomparables maîtres concevaient et rendaient à coup de burin d’exquises
tailles-douces d’une grâce et d’une vigueur incomparables. L’âme des huma-
nistes, des lettrés et des curieux ne pouvait rester insensible à tout ce mer-
veilleux épanouissement. Le bibliophile, l’amateur du livre devait naître
— et il naquit, car son heure était venue. Les bibliothèques, jadis privilège
des couvents ou des cours princières, devinrent l’apanage de tous les esprits
cultivés. L’amour des livres fit naître le désir de les posséder et le souci de
les conserver, le besoin de les distinguer de ceux des autres. Là encore les
bibliophiles alsaciens surent prouver qu’ils étaient bien les enfants de leur
siècle. Dédaignant de marquer leurs trésors de leur simple signature, ces
hommes nés dans une ambiance empreinte d’un goût artistique profond
eurent recours aux artistes. Ils ornèrent leurs livres de vignettes symboliques,
ou de figures portant leurs armes, ou accompagnées de leur nom, de ces ex-
libris artistiques que l’amateur contemple aujourd’hui avec le respect dû
aux vestiges d’une époque qui sut unir admirablement le goût des arts à
celui des lettres. C’est d’eux que nous avons dessein de parler ici1.
Les pièces les plus anciennes que nous ayons pu trouver en Alsace nous
reportent au premier quart du seizième siècle, mais il est difficile de leur
assigner une date exacte, puisque aucune d’elles ne porte de millésime. Nous
croyons toutefois pouvoir considérer comme la pièce la plus ancienne, l’ex-
libris de Mathias Schürer, un des imprimeurs les plus remarquables que Stras-
bourg ait produit au début du seizième siècle. Cette pièce est doublement
curieuse puisqu’elle présente le cas de l’emploi simultané d’un bois comme
(1) Abréviations : Archives = Archives de la Société des Collectionneurs d’Ex-libris. Paris.
1894 et suiv. — Zeitschrift = Zeitschrift des Ex-libris Vcreins. Berlin. 1891 et suiv.
par MARCEL MOEDER
A l’aube du seizième siècle, les arts graphiques fêtaient en Alsace des
triomphes sans pareils. L’imprimerie venait d’atteindre l’apogée de son
développement dans la ville même qui avait vu éclore ses premiers timides
essais. Les officines strasbourgeoises produisaient à l’envi des livres admira-
blement imprimés et illustrés de figures charmantes. La gravure sur bois, aux
lignes puissantes, taillées de mains d’artistes par d’habiles artisans, se voyait
portée à un degré de perfection qui, jamais, ne devait plus être égalé. Et
d’incomparables maîtres concevaient et rendaient à coup de burin d’exquises
tailles-douces d’une grâce et d’une vigueur incomparables. L’âme des huma-
nistes, des lettrés et des curieux ne pouvait rester insensible à tout ce mer-
veilleux épanouissement. Le bibliophile, l’amateur du livre devait naître
— et il naquit, car son heure était venue. Les bibliothèques, jadis privilège
des couvents ou des cours princières, devinrent l’apanage de tous les esprits
cultivés. L’amour des livres fit naître le désir de les posséder et le souci de
les conserver, le besoin de les distinguer de ceux des autres. Là encore les
bibliophiles alsaciens surent prouver qu’ils étaient bien les enfants de leur
siècle. Dédaignant de marquer leurs trésors de leur simple signature, ces
hommes nés dans une ambiance empreinte d’un goût artistique profond
eurent recours aux artistes. Ils ornèrent leurs livres de vignettes symboliques,
ou de figures portant leurs armes, ou accompagnées de leur nom, de ces ex-
libris artistiques que l’amateur contemple aujourd’hui avec le respect dû
aux vestiges d’une époque qui sut unir admirablement le goût des arts à
celui des lettres. C’est d’eux que nous avons dessein de parler ici1.
Les pièces les plus anciennes que nous ayons pu trouver en Alsace nous
reportent au premier quart du seizième siècle, mais il est difficile de leur
assigner une date exacte, puisque aucune d’elles ne porte de millésime. Nous
croyons toutefois pouvoir considérer comme la pièce la plus ancienne, l’ex-
libris de Mathias Schürer, un des imprimeurs les plus remarquables que Stras-
bourg ait produit au début du seizième siècle. Cette pièce est doublement
curieuse puisqu’elle présente le cas de l’emploi simultané d’un bois comme
(1) Abréviations : Archives = Archives de la Société des Collectionneurs d’Ex-libris. Paris.
1894 et suiv. — Zeitschrift = Zeitschrift des Ex-libris Vcreins. Berlin. 1891 et suiv.