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LES ARTISTES D'ALSACE A PARIS
AU XVIIIe SIÈCLE
par S. ROCHEBLAVE
ON sait combien le rôle du premier cardinal de Rohan, Armand-Gaston,
fut capital dans l’introduction de l’art français en Alsace. Le «château»
de Strasbourg occupe dans l’histoire de l’art alsacien au dix-huitième siècle
une place dont l’importance ne sera jamais assez haut estimée. Il fait époque.
De là part toute l’architecture et toute la décoration qui s’épanouissent
jusqu’à la fin du siècle, avec une liberté où la sagesse le dispute à la finesse,
et où l’esprit alsacien se confond avec le style proprement français. Tout
cela est connu, et se vérifie chaque jour davantage. Hier, la très élégante et
ingénieuse Exposition d’architecture organisée par M. Danis au Palais du
Rhin en apportait des preuves nouvelles avec des documents nouveaux,
notamment sur Kléber architecte.
Ce que l’on sait moins, c’est que l’Alsace d’alors, non contente de recevoir
ce que la France lui apportait en quelque sorte à domicile, voulut aller à Paris
pour s’instruire plus directement encore à la source de l’art français. Les
plans de Robert de Cotte, les chantiers de Massol pour l’édification du Château,
les constructions d’hôtels comme le grand Doyenné, l’hôtel de Hanau, de
Deux-Ponts, de Klinglin, etc., pouvait certes suffire à former les architectes
alsaciens, comme les modèles de Bofïrand étaient des leçons suffisantes pour
les ornemanistes. Mais les peintres ? Mais les statuaires ? Car l’art charmant
de Le Lorrain ne pouvait du premier coup faire école, et Le Lorrain était
mort sans successeur direct, et enfin l’Alsace avait alors perdu sa tradition
statuaire. Il fallait aller à Paris pour trouver l’enseignement qui, à côté de
l’architecture, inspirât une peinture et une sculpture en rapport avec l’art
architectonique d’un Hôtel Soubise, et ce n’est pas, on le sait aussi, par sa
peinture que brille le Château de Rohan à Strasbourg. De toute façon, si
l’Alsace était ambitieuse, — et elle le fut alors, elle devenait chaque jour
désireuse de se distinguer dans tous les arts, — il fallait qu’elle prît, en sens
inverse, la route qu’avait prise l’art français pour lui apporter sa douce révé-
lation, et provoquer chez elle la renaissance de ses facultés artistiques.
Il y eut donc un double mouvement : Le premier de Paris vers l’Alsace,
par l’initiative d’Armand-Gaston de Rohan. Le second, de l’Alsace vers Paris,
inauguré sûrement sous le premier et par le premier des Rohan, puis con-
tinué sous ses successeurs, et qui ensuite persista par lui-même, traversa la
 
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