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Nous ne voulons nous occuper ici que de l’art vivant et jeune. Malgré
qu’on en ait, une sélection s’opère d’après la qualité. A quoi donc servirait
un catalogue complet de ceux qui, dans les deux départements manient le
pinceau ou l’ébauchoir sinon à induire en erreur. L’on veut préciser les
conditions de la vie artistique en Alsace, esquisser les personnalités repré-
sentatives, examiner les directives actuelles.
Pour ces mêmes raisons nous n’avons voulu étudier que la région dont
Strasbourg est le centre. Il existe dans cette capitale et dans la partie
de l’Alsace directement soumise à sa suprématie un ensemble assez cohérent
d’artistes et d’amateurs. En même temps l’on peut saisir sur le vif dans
cette ville les conditions sociales qui détermineront l’artiste alsacien, de
sorte que leur analyse nous a paru valoir également pour le reste du pays.
L’artiste alsacien est, socialement, de la même extraction que ses con-
frères du monde entier, il sort de familles généralement modestes. Il faut
donc qu’il se tourne dès ses débuts vers les sources officielles d’enseignement
et c’est ainsi que la grande majorité des artistes, dont nous aurons à nous oc-
cuper, a reçu outre-Rhin son éducation. Que dans ces académies les Alsaciens
aient manifesté avec une persistance inconsciente la forte personnalité de
leur race, cela n’étonnera pas beaucoup. Leurs maîtres ne les confondaient pas
avec les autres élèves ; mais en ce qui concerne la technique, ces jeunes gens
élèves à Munich ou à Dusseldorf ne pouvaient pas ne pas assimiler ce qu’on
leur enseignait. A mesure que venait l’âge, la critique, les voyages les dé-
barrassaient du formalisme scolaire, les rendaient à eux-mêmes, non pourtant
sans que des traces n’en subsistent surtout chez ceux qui ont pratiqué les
arts dits décoratifs. Cette dernière catégorie est assez importante car il ne
faut pas manquer de signaler le rôle joué par l’Ecole municipale des Arts
Décoratifs de Strasbourg dans la formation de la jeune génération.
Les événements de novembre 1918 ont ouvert une ère nouvelle. La guerre
à semblé mûrir en Alsace une moisson de talents et la plupart des artistes
alsaciens ont fait de nombreux et longs séjours à Paris. Ils ont cherché dans les
académies libres de Montmartre ou de Montparnasse le contact avec l’enseigne-
ment français ou mieux, avec les milieux artistiques, avec cette atmosphère
si bienfaisante à ceux qui n’y doivent pas demeurer, et l’on peut penser avec
quelle force cette influence se manifeste sur l’art alsacien.
Mais pendant ces années où le jeune Alsacien devait aller chercher auprès
du voisin de l’Est et l’enseignement et les assurances de sa vie matérielle
future, il était tout de même soumis à l’influence de l’art français. D’abord
par l’importance que l’Allemagne a toujours attachée à notre vie artistique,
ensuite par les œuvres conservées dans les musées, et enfin par cette in-
Nous ne voulons nous occuper ici que de l’art vivant et jeune. Malgré
qu’on en ait, une sélection s’opère d’après la qualité. A quoi donc servirait
un catalogue complet de ceux qui, dans les deux départements manient le
pinceau ou l’ébauchoir sinon à induire en erreur. L’on veut préciser les
conditions de la vie artistique en Alsace, esquisser les personnalités repré-
sentatives, examiner les directives actuelles.
Pour ces mêmes raisons nous n’avons voulu étudier que la région dont
Strasbourg est le centre. Il existe dans cette capitale et dans la partie
de l’Alsace directement soumise à sa suprématie un ensemble assez cohérent
d’artistes et d’amateurs. En même temps l’on peut saisir sur le vif dans
cette ville les conditions sociales qui détermineront l’artiste alsacien, de
sorte que leur analyse nous a paru valoir également pour le reste du pays.
L’artiste alsacien est, socialement, de la même extraction que ses con-
frères du monde entier, il sort de familles généralement modestes. Il faut
donc qu’il se tourne dès ses débuts vers les sources officielles d’enseignement
et c’est ainsi que la grande majorité des artistes, dont nous aurons à nous oc-
cuper, a reçu outre-Rhin son éducation. Que dans ces académies les Alsaciens
aient manifesté avec une persistance inconsciente la forte personnalité de
leur race, cela n’étonnera pas beaucoup. Leurs maîtres ne les confondaient pas
avec les autres élèves ; mais en ce qui concerne la technique, ces jeunes gens
élèves à Munich ou à Dusseldorf ne pouvaient pas ne pas assimiler ce qu’on
leur enseignait. A mesure que venait l’âge, la critique, les voyages les dé-
barrassaient du formalisme scolaire, les rendaient à eux-mêmes, non pourtant
sans que des traces n’en subsistent surtout chez ceux qui ont pratiqué les
arts dits décoratifs. Cette dernière catégorie est assez importante car il ne
faut pas manquer de signaler le rôle joué par l’Ecole municipale des Arts
Décoratifs de Strasbourg dans la formation de la jeune génération.
Les événements de novembre 1918 ont ouvert une ère nouvelle. La guerre
à semblé mûrir en Alsace une moisson de talents et la plupart des artistes
alsaciens ont fait de nombreux et longs séjours à Paris. Ils ont cherché dans les
académies libres de Montmartre ou de Montparnasse le contact avec l’enseigne-
ment français ou mieux, avec les milieux artistiques, avec cette atmosphère
si bienfaisante à ceux qui n’y doivent pas demeurer, et l’on peut penser avec
quelle force cette influence se manifeste sur l’art alsacien.
Mais pendant ces années où le jeune Alsacien devait aller chercher auprès
du voisin de l’Est et l’enseignement et les assurances de sa vie matérielle
future, il était tout de même soumis à l’influence de l’art français. D’abord
par l’importance que l’Allemagne a toujours attachée à notre vie artistique,
ensuite par les œuvres conservées dans les musées, et enfin par cette in-