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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Lafenestre, Georges: Jean-Louis Hamon
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0426

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d'un esprit pédantesque et paradoxal. Hamon avait l'habitude, dès qu'une rêverie le surprenait, d'en
fixer le souvenir sur un lambeau de papier, quelquefois par un coup de crayon, quelquefois par un
coup de plume. M. Arthur Gentil nous a montré une de ces esquisses à peine effleurée, mais toute
vive et toute parlante : c'est une jeune hlle qui rentre du bal; tout en se déshabillant, elle s'est
laissée aller à quelque tendre rêverie, et s'est assise, sans y penser, dans un grand fauteuil devant
sa cheminée, où flambe un joli feu. Et voici que toutes les petites langues du feu, se mettant a bercer
son rêve de leur chanson pétillante, s'allongent et se déroulent en longues banderoles qui prennent
peu à peu la forme vague de portées musicales où frétillent, comme des fourmis noires, toutes les
croches et demi-croches des douces valses entendues à la fête. Sur une autre feuille est tracé,
toujours bien légèrement, un ange debout, tenant une palette de la main gauche, le bras droit levé
povir peindre, avec ces mots : « Cet ange est un peintre envoyé par le Soleil pour donner à chaque
fleur sa couleur. 11 faut voir si l'ange ne serait pas mieux en l'air. » Parfois la pensée poétique de

Croquis d'Hamon.
Gravure de Vallette.

l'artiste n'arrivait pas à prendre immédiatement le corps léger qu'il lui voulait donner; dans ce cas,
il se contentait d'une note écrite. M. Eugène Muntz nous communique une de ces notes, extrêmement
curieuse, parce qu'elle révèle tout au long les façons d'aller lentes et consciencieuses en même temps
que les goûts délicats et tendres de cette imagination, demeurée malgré tout libre, naïve et rustique ,
au milieu des conventions parisiennes qui l'avaient effleurée, mais n'avaient pu la corrompre.
C'est une simple feuille de papier écolier, sans aucun dessin, qui porte, écrites au crayon, ces lignes :
« Décoration d'une chambre de jeune fille, quand, étant sortie de pension, elle entre dans sa
f amille. Rien de brusque dans les images poétiques qui seront sous ses yeux dans son appartement.
Quelque chose de plus que dans la pension. Penser aux rêves charmants et purs de ces jeunes
imaginations, — leur prêter des sentiments de charité, sous la forme la plus jolie, la plus élevée,
penser à l'amour de Dieu sous la forme de la charité, — prendre pour thème de composition des
pensées comme celle-ci : « Quand le matin votre mère vous a baisée au front pour vous réveiller
« doucement, pensez, heureuse enfant, à ceux qui n'ont plus de mère, etc., etc., etc.. » Enfin une
foule de pareilles pensées. Cela peut donner naissance à des compositions en rapport avec la première
éducation des jeunes filles et de plus leur faire aimer la vie en réveillant en elles l'amour de leurs
semblables (autre point essentiel à méditer), mettre aussi des pensées d'amour, mais d'une pureté
un peu mystique et naïve. — Les fleurs sont une source ravissante de beauté, de pensées mysté-
 
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