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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 2)

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Écoles et musées d'art industriel: le projet de M. Antonin Proust
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t

ECOLES ET MUSEES D'ART INDUSTRIEL

LE PROJET DE M. ANTONIN PROUST

Nous annoncions récemment que M. Antonin Proust, rap-
porteur du budget des beaux-arts, se proposait de déposer sur
le bureau de la Chambre des députés un projet de loi relatif à
la création et à l'organisation d'écoles et de musées d'art indus-
triel dans toute la France1. Nous avons sous les yeux les
épreuves de ce projet de loi qui doit être distribué au commen-
cement d'avril, et nous sommes heureux d'en pouvoir offrir
quelques extraits à nos lecteurs.

L'enseignement du dessin est une question vitale pour les
industries de notre pays, et l'Art, qui a pris l'initiative de la
création du Musée des arts décoratifs, qui n'a cessé d'appeler
l'attention du public et de l'administration sur les efforts de
nos rivaux étrangers, ne peut que se féliciter de voir enfin nos
législateurs se préoccuper d'un intérêt national, dont il a si sou-
vent fait ressortir l'importance.

« Les sociétés modernes vivant surtout par l'industrie, dit
M. Antonin Proust, dans son Exposé des motifs, et le dessin étant
par excellence la langue de l'industrie, les gouvernements sou-
cieux des intérêts qui leur sont confiés ont le devoir de déve-
lopper l'enseignement des arts du dessin.

« La plupart des gouvernements étrangers ont si bien com-
pris l'étendue de ce devoir, qu'ils ont depuis quelques années
multiplié les institutions destinées à favoriser l'enseignement
du dessin, et que nous avons pu constater à l'Exposition uni-
verselle de 1878 combien ont été rapides, grâce à cette pré-
voyance, les progrès accomplis dans les industries d'art par des
peuples qui n'étaient encore naguère que nos imitateurs et qui
sont aujourd'hui nos rivaux. »

Passant ensuite à la démonstration, M. Antonin Proust énu-
mère les principaux établissements créés à l'étranger, et dont
nous avons ici même rappelé, sans nous lasser, les rapides suc-
cès. Il cite, en Angleterre, l'Art Department, qui a fondé le
musée de South Kensington, et qui dispose, chaque année, de
sommes énormes pour vulgariser partout, au moyen de concours,
de modèles, de professeurs, l'enseignement du dessin. Il montre
l'Allemagne multipliant depuis 1852 les écoles industrielles dans
tous les centres communaux, créant à Munich un musée spécial,
ainsi qu'à Nuremberg, à Berlin (1867), et annexant à chacun
des écoles de dessin pourvues de budgets annuels variant de
50,000 à 100,000 francs. Puis vient la Belgique, qui, si elle
n'est pas encore parvenue à fonder le « Kensington belge 2 »,
possède depuis plusieurs années un musée de moulages et un
vaste réseau d'écoles de dessin et d'art appliqué à l'industrie ;
l'Autriche, avec le musée de Vienne (1863), ses sociétés nom-

breuses d'industrie, et dont les méthodes aussi bien que les col-
lections de modèles sont, d'après le rapport officiel de 1867,
supérieures à celles de la France ; puis l'Italie, puis la Suisse, et
même la Suède, la Russie, et enfin les États-Unis3. Partout on
a compris que l'art n'était pas un vain amusement, une récréa-
tion aimable, mais un puissant ressort de la fortune publique,
une source féconde de la richesse des peuples.

« Pendant qu'à i'étranger on créait ainsi des musées d'art
industriel, ajoute M. Antonin Proust, et qu'on fortifiait les écoles
de dessin, le gouvernement, en France, ne paraissait prendre

qu'un médiocre intérêt à tout ce qui pouvait vulgariser l'art.....

Les collections de nos musées n'étaient pas utilisées au profit
des ouvriers, et l'on reculait devant la nécessité chaque jour plus
évidente d'instituer des musées d'art industriel, non pas à
l'exemple du South Kensington, mais en s'inspirant des projets
d'Emeric David et de Mayeuvrc, que les Anglais n'ont fait que
copier. Dans nos écoles normales primaires, aussi bien que dans
les établissements d'enseignement secondaire qui dépendent de
l'Université, rien n'était fait pour relever les arts du dessin. »

Objecterait-on que le sacrifice exigé par l'organisation de ces
écoles sera considérable ? M. A. Proust démontre qu'il n'en est
rien, et qu'on peut aisément et sans grands frais utiliser la bonne
volonté des chambres de commerce ou des syndicats d'ouvriers ;
enfin qu'il est facile de puiser dans la collection du Garde-Meu-
ble et de quelques autres établissements les éléments d'un « In-
stitut industriel » sans rival. Il se borne à demander l'inscription
au budget des beaux-arts d'un crédit relativement modeste de
800,000 francs.

Nous louons avec d'autant plus de plaisir un tel projet de loi
que, tout en donnant au gouvernement le rôle d'inspirateur et
de directeur des divers établissements projetés, il laisse néan-
moins une large part à l'initiative privée. En effet, chaque
grande ville de France, à l'instigation des chambres de com-
merce ou des syndicats d'ouvriers, pourrait organiser suivant ses
besoins spéciaux, ses traditions et ses ressources, un musée
industriel qui relèverait, à la vérité, de l'administration et rece-
vrait son contrôle, en même temps que ses subsides, mais ne
serait point gêné par l'action mécanique et uniforme d'une cen-
tralisation presque toujours nuisible.

Nous avons donc le ferme espoir que la Chambre des députés,
considérant ce que l'initiative privée a pu créer déjà, saura
mettre à profit ces efforts, en les encourageant avec intelligence,
au grand bénéfice du projet de M. A. Proust, et pour le progrès
de nos industries nationales.

1. Voir dans l'Art, 5° année, tome 1er, page 501, sa lettre à M. Georges Berger.

2. Ce projet est exposé dans une brochure de M. Charles Buis, secrétaire général de la Ligue de l'enseignement, aujourd'hui échevin de l'instruction publique
et des beaux-arts a Bruxelles.

3. Voir dans l'Art, 4» année, tome Ier, page 83, et je année, tome Ier, page 299, les articles de M. Horatio X. Powers sur la « Society of décorative Art » de
New-York, ses écoles, ses succursales, etc.

CuL-DE-LAMI'E OE CoCHIN FILS.

Composé et gravé pour une Histoire de France.
 
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