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Tardieu, Charles: La peinture au salon de Paris, 1879, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17800#0228
Les Saintes
-Maries-de-la-Mer. Coucher de
Dessin d'Adolphe Potter d'après
soleil en
son tableau.
Camargue (Bouches-du-Rhône).
(Salon de 1871;.)
LA PEINTURE'
AU SALON DE PARIS, 1879
(suite.)
l est passé le temps des grandes batailles artistiques, des
luttes d'école et d'atelier, le temps où l'on se passionnait
pour ou contre un drapeau, une doctrine, un nom, une œuvre.
La littérature n'a pas complètement renoncé à la tradition
militante des mœurs d'autrefois. La guerre est déclarée entre
les naturalistes et ceux qui ne le sont pas, ou plutôt entre
les zolistes et les antizolistes, car parmi ces derniers on
compte un bon nombre de naturalistes sans le savoir, et l'on
en peut citer qui se réclament de la religion littéraire dont
ils attaquent le pontife. Ce n'est pas un mince honneur
pour l'auteur de l'Assommoir d'inspirer des haines farouches,
et il le sait bien, il en sent tout le prix, car il fait de son
mieux pour les provoquer et les entretenir; il les excite avec autant de zèle et avec plus
d'adresse que ses adversaires n'en apportent parfois dans leurs polémiques. Ne les a-t-on pas
vus dans une circonstance récente, à propos de la triomphante reprise de Ruy Blas, opposer
aux tentatives de la nouvelle école naturaliste la poétique féerie de Victor Hugo ? La tactique
était naïve. N'était-ce pas diminuer l'œuvre du maître que d'en faire une arme de combat, un
pavé bon à jeter dans le jardin du voisin? N'était-ce pas d'autre part rendre un éclatant
hommage à l'ennemi que de lui lancer à la tête un chef-d'œuvre applaudi par trois générations
de spectateurs ?
1. Voir l'Art, j<= année, tome II, page 145 et 169.
-Maries-de-la-Mer. Coucher de
Dessin d'Adolphe Potter d'après
soleil en
son tableau.
Camargue (Bouches-du-Rhône).
(Salon de 1871;.)
LA PEINTURE'
AU SALON DE PARIS, 1879
(suite.)
l est passé le temps des grandes batailles artistiques, des
luttes d'école et d'atelier, le temps où l'on se passionnait
pour ou contre un drapeau, une doctrine, un nom, une œuvre.
La littérature n'a pas complètement renoncé à la tradition
militante des mœurs d'autrefois. La guerre est déclarée entre
les naturalistes et ceux qui ne le sont pas, ou plutôt entre
les zolistes et les antizolistes, car parmi ces derniers on
compte un bon nombre de naturalistes sans le savoir, et l'on
en peut citer qui se réclament de la religion littéraire dont
ils attaquent le pontife. Ce n'est pas un mince honneur
pour l'auteur de l'Assommoir d'inspirer des haines farouches,
et il le sait bien, il en sent tout le prix, car il fait de son
mieux pour les provoquer et les entretenir; il les excite avec autant de zèle et avec plus
d'adresse que ses adversaires n'en apportent parfois dans leurs polémiques. Ne les a-t-on pas
vus dans une circonstance récente, à propos de la triomphante reprise de Ruy Blas, opposer
aux tentatives de la nouvelle école naturaliste la poétique féerie de Victor Hugo ? La tactique
était naïve. N'était-ce pas diminuer l'œuvre du maître que d'en faire une arme de combat, un
pavé bon à jeter dans le jardin du voisin? N'était-ce pas d'autre part rendre un éclatant
hommage à l'ennemi que de lui lancer à la tête un chef-d'œuvre applaudi par trois générations
de spectateurs ?
1. Voir l'Art, j<= année, tome II, page 145 et 169.