Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 2)

DOI article:
Les expositions de province, [1]: société des Amis des Arts de Lyon (XLIIIe année)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.17800#0157

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LES EXPOSITIONS DE PROVINCE

[Correspondances particulières de l'Art.)

I

SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE LYON (XLIIP ANNÉE)

Cette anne'e plus que jamais le manque d'un local convena-
ble pour l'exposition annuelle de la Société des Amis des Arts
s'est fiait sentir d'une façon regrettable. La grande salle du musée,
complètement insuffisante pour les 762 numéros acceptés par la
commission, n'aurait pu donner l'hospitalité qu'à un nombre
restreint de tableaux, et force a été de recourir aux salles nou-
velles du musée Bernard pour caser le trop plein des envois de
cette année. Pour notre part, nous eussions préféré qu'une forte
épuration vînt restreindre le nombre des admissions, mais com-
prenant toutes les difficultés de la tâche de la commission exécu-
tive nous ne nous permettons aucun blâme à son égard ; bien
au contraire nous admirons le dévouement et le zèle de ses
membres qui n'épargnent ni temps ni peines pour arriver à
satisfaire, autant que faire se peut, le public et les artistes : tâche
ingrate et souvent mal récompensée.

Environ 200 œuvres étaient envoyées par des artistes de la
localité, ou tout au moins de la région, qui n'exposent générale-
ment pas à Paris. Pour ne pas fatiguer nos lecteurs par des
redites inutiles, — ce qui nous arriverait forcément si nous nous
occupions des artistes parisiens ou même des artistes qui expo-
sent à Paris, — nous nous bornerons à parler des exposants soi-
disant lyonnais et encore nous limiterons-nous à de simples
notes sans aucune prétention.

Et de fait, il serait téméraire d'élever bien haut la voix pour
faire l'éloge de notre Salon, car il a été singulièrement terne
dans son ensemble, et même nous ne saurions trouver une
« œuvre » dont nous puissions nous montrer fiers. Nous parle-
rons tout d'abord du genre lyonnais par excellence ; nous avons
nommé la peinture de fleurs. — Lyon peut en effet revendiquer,
à ce point de vue, une place d'honneur et l'a souvent occupée
sans conteste même à l'exposition des Champs-Elysées ; dans
plus d'un musée les œuvres de Saint-Jean, notre grand artiste si
regretté, écrasent de leur puissance rayonnante toutes peintures
analogues.— Mais, hélas! Saint-Jean n'est plus et personne ne l'a
remplacé complètement. Ce n'est pas â dire néanmoins que nous
manquions de bons peintres de fleurs ; tout au contraire, et
chaque exposition nous en fournit une preuve nouvelle, l'école
lyonnaise se maintient à un niveau très honorable ; chaque
année voit poindre quelques nouveaux talents. Parmi les anciens,
plusieurs ont conservé le souvenir de l'enseignement du maître
et leurs œuvres en prouvent le respect ; d'autres ont cherché et
trouvé leur voie et tous ou presque tous offrent quelque qualité
aimable. Une chose digne de remarque, c'est que peu de peintu-
res de fleurs, huile, gouache, aquarelle, sont foncièrement et
absolument mauvaises ; que ne peut-on en dire autant des autres
genres ! Mais nous devons avouer que nos artistes choisissent
généralement bien mal leurs accessoires et sont peu heureux
dans la réussite de leurs fonds : roches, terrains, ciel, tentures, etc.

Un artiste qui échappe à cette critique et que nous sommes
heureux de pouvoir féliciter sans cette restriction, c'est M. Castex-
Dégrange, un transfuge que nous revendiquons, car il nous
appartient de toutes façons, et s'il a porté à Paris sa merveilleuse
palette, il en a pris à Lyon tous les éléments. Donc cet artiste

ne nous a pas oubliés et nous a envoyé deux vaillantes toiles :
Bataille, deux aras aux couleurs splendides se livrant bataille
les ailes déployées, grand ensemble mouvementé et chaleureux :
un tableau de Fruits, où nous avons retrouvé les qualités sail-
lantes de l'artiste qui n'est jamais terne, ni banal.

Dans un genre tout opposé à celui de M. Castex, M. Rei-
gnier, le savant professeur de notre école de fleurs, nous présen-
tait deux œuvres d'un grand charme : un agréable Vase de
fleurs, d'un faire un peu minutieux, et un Buisson d'aubépines,
joli prétexte à un ensemble élégant de fleurs, de dentelles et
d'accessoires ingénieux.

Cette année encore, M"" Puyroche-Wagner nous proposait
une énigme. Son Échappée sur le ciel, toile d'assez grande di-
mension, nous représente un bouquet de roses variées voyageant
dans l'espace couché sur un nuage; les roses sont bien traitées,
mais la tonalité des feuillages nous semble contestable et les
nuées paraissent peintes sur tôle; quant à « l'idée », nous la
cherchons encore. — Le « Coin ignoré », de la même artiste, a
un charme mystérieux et pénétrant et captive sans tapage. —
M. J. P. Lays a été souvent plus heureux; ses deux grandes
toiles, « Fruits d'automne et Fleurs variées, sont des œuvres
savantes, consciencieuses, bien étudiées et de la grande école de
Saint-Jean, mais leur tonalité générale est triste.

Tout près de M. Lays se trouvait un petit tableau de
M. B. Peretti, qui constituait tout le bagage de cet artiste :
Fruits conservés, pas davantage; des raisins roses, noirs et même
blancs avec quelques feuilles flétries ; un rien, mais d'un rendu
étonnant, un petit chef-d'œuvre d'exécution.

Arrêtons-nous devant M. Paul Jance, élève de l'École des
beaux-arts de Lyon ; il nous offre tout simplement quelques
roses dans un vase de cristal; une guipure de Venise abandonnée
sur la table est le seul accessoire employé par l'artiste. Compo-
sition modeste et sobre, traitement excellent; en somme, œuvre
charmante dont on ne se lasse pas.

Nous voudrions pouvoir crier « bravo » à M. Perrachon,
dont la couleur est toujours charmante ; mais sous quel étrange
aspect nous présente-t-il ses roses ? Quel vent de malheur vient
les éparpiller? Et contre quoi sont-elles appuyées? Serait-ce un
mur, une toile ou simplement l'immensité ? Ce fond grenu est
un logogriphe dont nous n'avons pas pu trouver la clef.

M. Chabal-Dussurgey est un maître, et nous l'avons sou-
vent admiré, même et surtout dans les belles études qu'il a
publiées à l'usage des jeunes peintres de fleurs; mais c'est un
modèle industriel qu'il nous a envoyé cette fois; évidemment
cette magnifique couronne de roses a son emploi marqué, et les
Gobelins l'attendent pour la reproduire avec toute la perfection
de leurs œuvres patientes; à défaut des Gobelins, le papier peint
en tirerait grand parti, car c'est de la peinture industrielle de
tout premier ordre ; mais nous eussions préféré le Chabal des
anciens jours1.

Passer de M. Chabal-Dussurgey à M. Vernay, c'est bondir
de la méthode la plus savante et de la correction la plus châtiée
au dévergondage de dessin et de couleur le plus incroyable qu'il

1. La commission a décide l'acquisition du tableau de M. Chibal-Dussurgey pour le compte de la ville de Lyon, laquelle affecte annuellement une somme
de 6,000 francs à l'achat d'une œuvre dont elle confie le choix à la commission des beaux-arts. Cette décision n'infirme en rien notre appréciation, au contraire.
 
Annotationen