des Doges, les coupoles de Saint-Marc,
la colonne du lion, au-dessus du Canal
semé de paillettes, et à cette minute
où les monuments s’auréolent du der-
nier rayon d’or.
D’ailleurs, à partir du moment où
meurt le jour, ces harmonies poétiques
de Venise sont loin de revêtir un
aspect uniforme. Il y a, pour les yeux
subtils et les pinceaux prompts à saisir
une symphonie qui ne dure pas, cet
adorable instant où sur le ciel encore
clair, de tons atténués et fatigués de
vieille soie, le Palais Ducal se plombe,
insinue du bleu froid dans le treillis
rose de sa construction, et prend la
couleur d’une corbeille d’œillets mauves.
La poésie de la nuit, dans toute
son ample et diverse inspiration, avec
tout ce qu’elle contient de fraîcheur,
de lassitude, de volupté, certes elle ne
peut être nulle part mieux sentie et
respirée qu’à Venise. S’il en fallait un
impérissable témoignage, où pourrait-
on en chercher un plus évident que ce
second acte de Tristan, que Wagner
PIERETTO BIANCO
H. FAULKNER
S‘ Marc en plein soleil
la colonne du lion, au-dessus du Canal
semé de paillettes, et à cette minute
où les monuments s’auréolent du der-
nier rayon d’or.
D’ailleurs, à partir du moment où
meurt le jour, ces harmonies poétiques
de Venise sont loin de revêtir un
aspect uniforme. Il y a, pour les yeux
subtils et les pinceaux prompts à saisir
une symphonie qui ne dure pas, cet
adorable instant où sur le ciel encore
clair, de tons atténués et fatigués de
vieille soie, le Palais Ducal se plombe,
insinue du bleu froid dans le treillis
rose de sa construction, et prend la
couleur d’une corbeille d’œillets mauves.
La poésie de la nuit, dans toute
son ample et diverse inspiration, avec
tout ce qu’elle contient de fraîcheur,
de lassitude, de volupté, certes elle ne
peut être nulle part mieux sentie et
respirée qu’à Venise. S’il en fallait un
impérissable témoignage, où pourrait-
on en chercher un plus évident que ce
second acte de Tristan, que Wagner
PIERETTO BIANCO
H. FAULKNER
S‘ Marc en plein soleil