M»« HOFRICHTER
velles, trouvailles de goût
exquises ; broderies en
relief gradué, sculptant
pour ainsi dire des fleurs
ou des ornements sur
étoffe, tandis que les
teintes se dégradaient
avec toute la science de
l’harmonie : incrustations
brodées, se fondant parmi
la légèreté des dentelles
ou des soies légères
qu’elles décorent, et qui
se froncent avec des
mouvements de guillochis
autour du motif brodé :
broderies alternant un
travail d’artiste, directement exécuté par l’ar-
tiste lui-même. Pour les meubles de Gallé,
pour les toilettes de Yoni et de Feure, il
fallait plus que des étoffes très riches, aux
tons chatoyants et variés, il fallait de la
broderie véritable. L’impulsion étant donnée,
et de main de maître, la broderie reprenait
son ancien prestige, redevenait un art. Et
dans l’échange des arts mineurs, qui pour
arriver à rendre dans son intégrité la pensée
créatrice du maître, empiètent les uns sur
les autres, la broderie ne me semble pas
avoir été le plus mal partagée. Tandis que
Lalique en bijouterie faisait des choses si
légères, si simples que nulle dentelle ne
peut rivaliser avec elles, tandis que Gallé
brodait de couleurs délicates les pâleurs de
ses verres, les maîtres brodeurs mêlaient leur
art à l’orfèvrerie, à la
peinture, et une ère nou¬
velle d’art s’ouvrait pour
la broderie. Je mets
ici intentionnellement
«maîtres brodeurs», car
il est à remarquer, que
sauf quelques très rares
exceptions, tous les ar¬
tistes en broderie, dont
nous avons admiré les
œuvres aux récentes expo¬
sitions, sont des hommes.
Des artistes de va¬
leur reconstituèrent d'a¬
bord toutes les manières
de broder des anciennes
époques, puis se livrèrent
à des inventions nou-
décor ornemental en teintes plates, avec des
fleurs fidèlement teintées d’après nature, et
mille autres encore, toujours renouvelées,
toujours jolies, et qu’on finit même par ne
plus remarquer. Et après ces artistes de la
première heure qui sont Prouvé, de Feure,
Yoni, Lefaurichon, d’autres, d’autres encore
et jusqu’à de simples ouvriers qui ont trouvé
pour le courant la broderie commerciale, —
par l’adjonction de paillettes, de miettes d’or,
de brins de plumes, de morceaux de nacre
et de cabochons de verre, — des choses de
l’effet le plus charmant et le plus harmonieux.
Les artistes dont le renom était établi dans
les arts ne crurent pas déroger en peignant
à l’aiguille, et grâce à eux la broderie se
trouve en très bonne place à la section des
objets d’art des Salons.
Coussin
M11B KUNZ
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