DOI Artikel:
Boutet, Henri: Daniel Vierge
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0256
DANIEL VIERGE
presque supérieur à lui-même. Il est des
pages d’un tel ragoût de couleur, d’une si
puissante intensité lumineuse, qu’elles ampli-
fient encore ses brillantes qualités d’éclat et
de lumière. Il en est devant lesquelles on
s’éponge le front. Personne plus que lui n’a
mis des rayons de soleil sur sa palette.
Des peintures, dans son atelier, notam-
ment le saisissant tableau Episode de la
guerre de 70, le révèlent comme peintre de
premier ordre. Vierge avait en lui tous les
dons.
L’éditeur Baschet publia son premier
livre après l’accident: le Cabaret des trois
Vertus. Puis suivirent : L'Espagnole, La
Nonne Alfere\, Sur les traces de Don Qui-
chotte, Le Dernier des Abencerages, Colomba,
Le Duc et le sculpteur, Don Quichotte, Le
Barbier de Séville, Gaspard de la Nuit, etc...
Depuis longtemps Vierge était hanté par
l’idée de faire de l’eau-forte. Nous lui fîmes
faire son premier essai en 1888. Absorbé par
ses nombreux travaux il n’eut guère le temps
de s’y remettre. Cependant, quelques jours
avant sa mort nous parlions ensemble de
son projet; et, dans la revue L’Eau-forte
il publia sa dernière planche en annonçant
une suite dont le plan était arrêté. Il eût
certainement gravé à l’eau-forte sa Carmen
qui était en train et c’eut été une merveille.
Cette cuisine de l’eau-forte le troublait
un peu et il me demandait des leçons. Des
leçons à Vierge! « Mais, lui disais-je, je
vous dirai bien, Vierge, que votre vernis
a été trop chauffé ou que votre acide ne
mord pas as¬
sez, puis ce
sera tout, et
c’est moi qui
viendrai plus
tard vous de-
mander des
leçons ». En
effet, son sens
de la distribu-
tion des lu-
mières, la sur-
perbe colora-
tion de ses
dessins eussent
fait de Vierge
un puissant
aqua-fortiste...
Mais la mort
implacable est
venue mettre
à néant tous
ces projets.
Ce fut la
dernière fois
que je vis
Vierge. Dans
le coin de son
atelier, dans ce
2 1 5
presque supérieur à lui-même. Il est des
pages d’un tel ragoût de couleur, d’une si
puissante intensité lumineuse, qu’elles ampli-
fient encore ses brillantes qualités d’éclat et
de lumière. Il en est devant lesquelles on
s’éponge le front. Personne plus que lui n’a
mis des rayons de soleil sur sa palette.
Des peintures, dans son atelier, notam-
ment le saisissant tableau Episode de la
guerre de 70, le révèlent comme peintre de
premier ordre. Vierge avait en lui tous les
dons.
L’éditeur Baschet publia son premier
livre après l’accident: le Cabaret des trois
Vertus. Puis suivirent : L'Espagnole, La
Nonne Alfere\, Sur les traces de Don Qui-
chotte, Le Dernier des Abencerages, Colomba,
Le Duc et le sculpteur, Don Quichotte, Le
Barbier de Séville, Gaspard de la Nuit, etc...
Depuis longtemps Vierge était hanté par
l’idée de faire de l’eau-forte. Nous lui fîmes
faire son premier essai en 1888. Absorbé par
ses nombreux travaux il n’eut guère le temps
de s’y remettre. Cependant, quelques jours
avant sa mort nous parlions ensemble de
son projet; et, dans la revue L’Eau-forte
il publia sa dernière planche en annonçant
une suite dont le plan était arrêté. Il eût
certainement gravé à l’eau-forte sa Carmen
qui était en train et c’eut été une merveille.
Cette cuisine de l’eau-forte le troublait
un peu et il me demandait des leçons. Des
leçons à Vierge! « Mais, lui disais-je, je
vous dirai bien, Vierge, que votre vernis
a été trop chauffé ou que votre acide ne
mord pas as¬
sez, puis ce
sera tout, et
c’est moi qui
viendrai plus
tard vous de-
mander des
leçons ». En
effet, son sens
de la distribu-
tion des lu-
mières, la sur-
perbe colora-
tion de ses
dessins eussent
fait de Vierge
un puissant
aqua-fortiste...
Mais la mort
implacable est
venue mettre
à néant tous
ces projets.
Ce fut la
dernière fois
que je vis
Vierge. Dans
le coin de son
atelier, dans ce
2 1 5