46 ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III.
CHAPITRE VII.
Defcription de l'Elue du Noviciat des Jéfuites, fitue rue
du Pot de Fer, Faubourg St. Germain.
CETTE Eglife fut bâtie en 1630 fur les defleins du Frère Martel-Ange, Jéfuite,
des libéralités de François Sublet Defnoyers, Secrétaire dEtat, & ce fut Henri
de Bourbon, fils de Henri IV, alors Evêque de Metz, Prince du S. Empire & Abbé
de S. Germain des Prés, qui en pofa la première pierre. Ce monument elt regardé
comme un des morceaux d'Architecture le plus régulier qui foit à Paris dans ce genre,
& cette confidération a plus d'une fois fait fentir aux RR. PP. Jéfuites du dernier
fiécle le reproche qu'ils ont eu à fe faire d'avoir refufé le projet de ce même Architecte,
lorfqu'ils voulurent faire bâtir leur grande Eglife de la Maifon Profeffe, rue St. Antoine,
& de lui avoir préféré celui du Pere Derand. (a)
Plan de cette Eglise. Planche & Figure première.
Cette Eglife a 16 toises de longueur fur 7 toifes deux pieds de largeur dans œuvre
& fept toifes quatre pieds de hauteur fous clef. Deux murs de refend déterminent la
largeur d'une nef continue de 27 pieds de largeur, et lailfent à droite & à gauche deux
efpeces de bas cotés de cinq pieds de largeur chacun, pratiqués feulement pour des
tribunes dont on voit le profil marqué C dans la coupe Figure troifiéme. La nef pro-
prement dite n'a que deux arcades de chaque côté, marquées B, enfuite efl: la croifée
de toute la largeur de l'Eglife, et enfin le chœur qui contient une arcade de chaque
côté, après lefquels cet édifice fe termine en une tour creufe où eft fitué le rétable
d'Autel D.
Les deux Chapelles E, F placées dans la croifée de cette Eglife ont chacune un
tableau affez eftimé, l'un de Simon Vbuet, l'autre de Jacques Stella; on remarque auffi
dans cette Eglife un Crucifix fculpté par Sarrasin, qui efl: un chef-d'œuvre dans ce
genre.
Décoration du Portail de cette Eglise. Planche première, Figure 2.
Ce Portail efl: compofé d'un Ordre de pilaftres Dorique et d'un Ionique, d'une pro-
portion allez exacte. Les pilaftres Doriques A, Figures première et féconde, qui font
pliés, occafionnent un défaut de fimétrie dans la distribution du plafond de la corniche,
qu'il efl: nécessaire d'éviter dans une Architecture régulière. En général on peut remar-
quer que toute cette ordonnance n'a pas affez de relief 5 défaut qui provient fans doute
du peu de largeur de la rue, quoiqu'on ait affecté une demie lune en tour creufe vis-
à-vis de ce Portail, laquelle efl: exprimée dans le plan du rez-de-chaulTée du Séminaire
de S. Sulpice, Chapitre précédent. Il paroît aufli que les parties qui décorent ce Portail
font trop fubdivifées5 telles font les niches, les frontons, les tables, dont néanmoins la
proportion en particulier eft affez analogue à l'expreflion des Ordres de ce frontifpice,
ainfi qu'on peut le remarquer en général fur la Planche II, & en particulier fur la
Planche III, ces Planches étant gravées avec beaucoup plus de correction que celle
dont nous venons de parler. Nous nous ferions même difpenfés de donner cette der-
(a) Le Pere Derand eft le premier qui après Philibert de Lorme ait écrit iur l'art du Trait d'une manière fatisfaiiante
pour la pratique.
CHAPITRE VII.
Defcription de l'Elue du Noviciat des Jéfuites, fitue rue
du Pot de Fer, Faubourg St. Germain.
CETTE Eglife fut bâtie en 1630 fur les defleins du Frère Martel-Ange, Jéfuite,
des libéralités de François Sublet Defnoyers, Secrétaire dEtat, & ce fut Henri
de Bourbon, fils de Henri IV, alors Evêque de Metz, Prince du S. Empire & Abbé
de S. Germain des Prés, qui en pofa la première pierre. Ce monument elt regardé
comme un des morceaux d'Architecture le plus régulier qui foit à Paris dans ce genre,
& cette confidération a plus d'une fois fait fentir aux RR. PP. Jéfuites du dernier
fiécle le reproche qu'ils ont eu à fe faire d'avoir refufé le projet de ce même Architecte,
lorfqu'ils voulurent faire bâtir leur grande Eglife de la Maifon Profeffe, rue St. Antoine,
& de lui avoir préféré celui du Pere Derand. (a)
Plan de cette Eglise. Planche & Figure première.
Cette Eglife a 16 toises de longueur fur 7 toifes deux pieds de largeur dans œuvre
& fept toifes quatre pieds de hauteur fous clef. Deux murs de refend déterminent la
largeur d'une nef continue de 27 pieds de largeur, et lailfent à droite & à gauche deux
efpeces de bas cotés de cinq pieds de largeur chacun, pratiqués feulement pour des
tribunes dont on voit le profil marqué C dans la coupe Figure troifiéme. La nef pro-
prement dite n'a que deux arcades de chaque côté, marquées B, enfuite efl: la croifée
de toute la largeur de l'Eglife, et enfin le chœur qui contient une arcade de chaque
côté, après lefquels cet édifice fe termine en une tour creufe où eft fitué le rétable
d'Autel D.
Les deux Chapelles E, F placées dans la croifée de cette Eglife ont chacune un
tableau affez eftimé, l'un de Simon Vbuet, l'autre de Jacques Stella; on remarque auffi
dans cette Eglife un Crucifix fculpté par Sarrasin, qui efl: un chef-d'œuvre dans ce
genre.
Décoration du Portail de cette Eglise. Planche première, Figure 2.
Ce Portail efl: compofé d'un Ordre de pilaftres Dorique et d'un Ionique, d'une pro-
portion allez exacte. Les pilaftres Doriques A, Figures première et féconde, qui font
pliés, occafionnent un défaut de fimétrie dans la distribution du plafond de la corniche,
qu'il efl: nécessaire d'éviter dans une Architecture régulière. En général on peut remar-
quer que toute cette ordonnance n'a pas affez de relief 5 défaut qui provient fans doute
du peu de largeur de la rue, quoiqu'on ait affecté une demie lune en tour creufe vis-
à-vis de ce Portail, laquelle efl: exprimée dans le plan du rez-de-chaulTée du Séminaire
de S. Sulpice, Chapitre précédent. Il paroît aufli que les parties qui décorent ce Portail
font trop fubdivifées5 telles font les niches, les frontons, les tables, dont néanmoins la
proportion en particulier eft affez analogue à l'expreflion des Ordres de ce frontifpice,
ainfi qu'on peut le remarquer en général fur la Planche II, & en particulier fur la
Planche III, ces Planches étant gravées avec beaucoup plus de correction que celle
dont nous venons de parler. Nous nous ferions même difpenfés de donner cette der-
(a) Le Pere Derand eft le premier qui après Philibert de Lorme ait écrit iur l'art du Trait d'une manière fatisfaiiante
pour la pratique.