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https://doi.org/10.11588/diglit.22044#0131
74 ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III.
CHAPITRE XIII.
Defcription du portail de S. Jacques ù° de S. Philippe du haut-pas,
fitué rue du Faubourg St. Jacques.
Pottaiides. T 'EGLISE Paroiftiale dont nous donnons feulement ici le portail, fut commencée
Ham-pasdu I_i à bâtir en 1630, & ce fut Jean-Baptifle Gafton de France, Duc d'Orléans & Frère
de Louis XIII, qui en pofa la première pierre. Cet édifice fut continué jufqu'à l'entière
perfection du chœur feulement, & ce ne fut qu'en 1675 que l'on continua cette Eglife
des fonds que Madame la DuchefTe de Longueville donna à cet effet. Pour lors on
commença la nef & le portail, & cette Dame en pofa la première pierre le 19 Juillet
de la même année. Cette Eglife en général eft affez vafte, & les voûtes de fes bas côtés,
entr'autre chofes, font d'une exécution affez hardie.
Le portail de cette Eglife eft du deffein de Daniel Gittard, Architecte du Roi, dont
nous avons parlé, page 37 de ce Volume. Cet édifice n'eft effimé que pour l'Ordre
Dorique du rez-de-chauffée, dont l'ordonnance eft régulière & d'une exécution affez
correcte 5 fon entablement eft mutulaire, couronné d'un fronton fur lequel dévoient
être les figures de Saint Jacques & de Saint Philippe, mais que l'ceconomie a fait sup-
primer, quoiqu'on les voye fur cette Planche. Cette même raifon fans doute a porté à
obmettre les vafes & les autres ftatues qui fe remarquent ici 3 au refte cette Planche an-
ciennement gravée par Marot eft affez conforme au projet qu'en avoit conçu Gittard.
La porte du grand entrecolonnement qui donne entrée à la nef eft d'une belle pro-
portion, auffi bien que celles des bas côtés 3 les yeux de bœuf qui font au-deffus de ces
dernières font trop grands & font d'autant plus condamnables que ces grandes ouver-
tures font inutiles du côté de l'intérieur de l'Eglife, & que la grandeur de leur diamètre
a empêché la continuité de l'entablement Dorique, qui fans cette fuppreflîon, auroit
rendu toute la partie inférieure de cet édifice d'une très-bonne Architecture. La porte A
donne entrée à un paffage qui communique à la rue d'Enfer & qui fépare l'Eglife dont
nous parlons d'avec le Séminaire de St. Magloire, que nous avons cité en parlant de
celui de St. Sulpice, Chapitre fixiéme de ce Volume. La porte B ne fe voit point au-
jourd'hui, à l'exception d'un piédroit & d'un commencement d'arc qui fait partie du
mur de face d'une maifon contigue à cette Eglife.
La partie élevée au-deffus de l'Ordre Dorique eft d'une Architecture trop négligée,
& le vitrail qui eft au milieu occupe un trop grand efpace, & femble n'avoir aucune
analogie avec les ouvertures de l'ordonnance de deffous : la baluftrade qui eft au-deffus
de ce vitrail eft auffi trop confidérable, la continuité de 27 baluftres fans piédeftaux qui
les féparent eft un abus que nous avons blâmé dans l'Introduction, page 92, & qui
rend ce couronnement trop évuidé & d'une Architecture trop grêle, comparée avec la
fimplicité de l'ordonnance qui la reçoit.
Dans l'exécution on ne voit que la tour marquée C, celle qui lui eft oppofée n'a
jamais été conftruite : fans doute elle fut projettée par l'Auteur pour fatisfaire à la fi-
métrie, mais elle a été lupprimée, n'étant pas d'ufage dans les Eglifes Paroiflîales d'élever
deux tours, quoiqu'on en conftruife aujourd'hui deux à l'Eglife de St. Sulpice, qui dif-
férent néanmoins de celles des Eglifes Métropolitaines en ce qu'elles font terminées par
des campanilles & non en plate-formes comme celles de Notre-Dame à Paris. Cette
confidération devroit déterminer à placer cette tour dans une des parties de l'édifice qui
ne foit point apperçue, comme on l'a pratiqué à S. Roch, autrement une feule tour
fur le frontifpice d'une églife nuit à la fimétrie, à moins qu'on n'affecte, lors de la
CHAPITRE XIII.
Defcription du portail de S. Jacques ù° de S. Philippe du haut-pas,
fitué rue du Faubourg St. Jacques.
Pottaiides. T 'EGLISE Paroiftiale dont nous donnons feulement ici le portail, fut commencée
Ham-pasdu I_i à bâtir en 1630, & ce fut Jean-Baptifle Gafton de France, Duc d'Orléans & Frère
de Louis XIII, qui en pofa la première pierre. Cet édifice fut continué jufqu'à l'entière
perfection du chœur feulement, & ce ne fut qu'en 1675 que l'on continua cette Eglife
des fonds que Madame la DuchefTe de Longueville donna à cet effet. Pour lors on
commença la nef & le portail, & cette Dame en pofa la première pierre le 19 Juillet
de la même année. Cette Eglife en général eft affez vafte, & les voûtes de fes bas côtés,
entr'autre chofes, font d'une exécution affez hardie.
Le portail de cette Eglife eft du deffein de Daniel Gittard, Architecte du Roi, dont
nous avons parlé, page 37 de ce Volume. Cet édifice n'eft effimé que pour l'Ordre
Dorique du rez-de-chauffée, dont l'ordonnance eft régulière & d'une exécution affez
correcte 5 fon entablement eft mutulaire, couronné d'un fronton fur lequel dévoient
être les figures de Saint Jacques & de Saint Philippe, mais que l'ceconomie a fait sup-
primer, quoiqu'on les voye fur cette Planche. Cette même raifon fans doute a porté à
obmettre les vafes & les autres ftatues qui fe remarquent ici 3 au refte cette Planche an-
ciennement gravée par Marot eft affez conforme au projet qu'en avoit conçu Gittard.
La porte du grand entrecolonnement qui donne entrée à la nef eft d'une belle pro-
portion, auffi bien que celles des bas côtés 3 les yeux de bœuf qui font au-deffus de ces
dernières font trop grands & font d'autant plus condamnables que ces grandes ouver-
tures font inutiles du côté de l'intérieur de l'Eglife, & que la grandeur de leur diamètre
a empêché la continuité de l'entablement Dorique, qui fans cette fuppreflîon, auroit
rendu toute la partie inférieure de cet édifice d'une très-bonne Architecture. La porte A
donne entrée à un paffage qui communique à la rue d'Enfer & qui fépare l'Eglife dont
nous parlons d'avec le Séminaire de St. Magloire, que nous avons cité en parlant de
celui de St. Sulpice, Chapitre fixiéme de ce Volume. La porte B ne fe voit point au-
jourd'hui, à l'exception d'un piédroit & d'un commencement d'arc qui fait partie du
mur de face d'une maifon contigue à cette Eglife.
La partie élevée au-deffus de l'Ordre Dorique eft d'une Architecture trop négligée,
& le vitrail qui eft au milieu occupe un trop grand efpace, & femble n'avoir aucune
analogie avec les ouvertures de l'ordonnance de deffous : la baluftrade qui eft au-deffus
de ce vitrail eft auffi trop confidérable, la continuité de 27 baluftres fans piédeftaux qui
les féparent eft un abus que nous avons blâmé dans l'Introduction, page 92, & qui
rend ce couronnement trop évuidé & d'une Architecture trop grêle, comparée avec la
fimplicité de l'ordonnance qui la reçoit.
Dans l'exécution on ne voit que la tour marquée C, celle qui lui eft oppofée n'a
jamais été conftruite : fans doute elle fut projettée par l'Auteur pour fatisfaire à la fi-
métrie, mais elle a été lupprimée, n'étant pas d'ufage dans les Eglifes Paroiflîales d'élever
deux tours, quoiqu'on en conftruife aujourd'hui deux à l'Eglife de St. Sulpice, qui dif-
férent néanmoins de celles des Eglifes Métropolitaines en ce qu'elles font terminées par
des campanilles & non en plate-formes comme celles de Notre-Dame à Paris. Cette
confidération devroit déterminer à placer cette tour dans une des parties de l'édifice qui
ne foit point apperçue, comme on l'a pratiqué à S. Roch, autrement une feule tour
fur le frontifpice d'une églife nuit à la fimétrie, à moins qu'on n'affecte, lors de la