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Blondel, Jacques-François
Réimpression de l'architecture française (Band 2) — Paris, [1904]

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https://doi.org/10.11588/diglit.22044#0173
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96 ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III.

Manufac- fement eut beaucoup de fuccès5 de forte que les defcendans de Gobelin, à qui celui-ci
bdindsesG° avoit laiffé des biens confidérables, donnèrent à cette maifon le nom d'Hôtel des Go-
belins. Dans la fuite ces bâtimens furent vendus à M. Leleu Confeiller au Parlement,

mais en 1667 M. Colbert attentif à tout ce qui pouvoit contribuer au bien du

Royaume, acheta cet Hôtel avec plufieurs maifons qui lui étoient contigues, pour
y établir une Manufacture, & propofa à Louis XVI de rendre l'Edit (S) du mois de

fubrogerent Noël-Antoine Menu, fous lequel cette Manufac- Il y a dans ces trois lieux de fabriques plus de 600 métiers

tare relia dans le même état de décadence. En 1734 ce Privi- de tapifferies à tenture, fans compter un nombre confidé-

lege fut accordé au lieur Nicolas Befnier, ancien Echevin de rable de maîtres pour canapés & fauteuils, le tout faifant un

Paris : il affocia dans cette entreprife Mr. Jean-Baptiffe Oudry, objet de commerce conlidérable tant au dedans qu'au dehors

Peintre du Roi, qui ne tarda pas à montrer ce que peut un du Royaume.

homme d'art à la tête d'un établifTement de cette nature. Il le Pour former à cette Manufacture des fujets capables de la

releva en peu de tems de la décadence abfolue où il l'avoit perfectionner de plus en plus, le Roi entretient deux écoles

trouvé & en porta les ouvrages à un tel degré de perfection de deffein à Aubuffon, & a établi dans chacune un prix an-

qu'ils font enlevés avec emprefTement par toutes les perfonnes nuel. S. M. entretient auffi dans la même Manufacture un

qui veulent décorer leurs appartenons avec des meubles d'une Peintre, un Teinturier & un Affortiffeur.

certaine magnificence. En 1742, feu M. Fagon entreprit d'établir en la Ville

Quoique la Manufacture de Beauvais foit en droit par fes d'Aubuffon une fabrique de tapis de pied façon de Perfe & de

titres inftitutifs de fabriquer également en haute & baffe liffe, Turquie. Cette entreprife quoique très-difficile dans un lieu

elle ne travaille cependant qu'en baffe liffe, & tous fes ouvrages où l'on n'avoit pas la moindre notion de ce travail, s'avança

depuis long-tems font à perfonnages, quoique par fes Privi- affez pendant les deux premières années, mais depuis elle a

leges de 1664 elle eut la faculté de faire des verdures. fait des progrès plus confidérables, & elle fournit au public des

Pour les fuccès de cet établiffement, M. Oudry tient à tapis très-bien conditionnés, pour le fervice des Citoyens aifés

fes frais dans cette Manufacture deux écoles de deffein, une qui ne fçauroient avoir des tapis de la Savonnerie, la grande

pour les ouvriers & une pour les externes, c'eft-à-dire pour beauté de ces derniers les rendant d'un prix confidérable.

les enfans des Bourgeois de Beauvais qui ont du goût pour les Par arrêt du Confeil du 21 mai 1746 le Privilège de cette

arts; attention bien digne du zèle de ce célèbre Artifte, fi fabrique a été accordé pour 10 ans aux fieurs Pierre Mage &

connu par les ouvrages de peinture que l'on voit de lui dans Jacques Defferteaux, Marchands tapiffiers de Paris,

nos Maifons Royales. Ayant parlé des trois Manufactures Royales de haute &

baffe liffe qui font établies en France, il nous a femblé qu'il

Manufacture d'Aubuffon. ne ^rolt Pas nors de propos que l'origine de la Manufacture

des tapis de pied de la Savonnerie trouvât fa place à la fuite

La plupart des habitans de la Ville d'Aubuffon, du Bourg de de ce que nous venons de dire de celles des Gobelins, de

la Cour & de la Ville de Feuilletin s'occupent depuis un tems Beauvais & d'Aubuffon.

immémorial à la fabrique de la tapifferie, mais ils n'ont jamais En 1604, ou 1608, Henry IV accorda à Pierre Dupont

fait que des ouvrages d'un ordre fort inférieur. un brevet qui lui permettoit de fabriquer en France des ou-

M. Colbert dont les vues s'étendoient fur tout, entreprit vrages façon de Perfe & du Levant, dont il étoit l'inventeur,

de relever un peu ce travail afin de le tirer de l'extrême grof- A cet effet il lui accorda un logement aux Galleries du Lou-

liereté où il étoit comme détenu, fans cependant vouloir le vre pour y travailler & faire des élevés, ce qui fe continua

perfectionner affez pour pouvoir entrer en concurrence avec les ainfi jufques à ce qu'en 1670 Mr. Colbert protégeant cet

deux Manufactures dont nous venons de parler. établiffement qui s'étoit acquis une grande réputation & qui

Ce Miniftre établit des moyens convenables pour remplir avoit déjà fourni le grand tapis de pied qui de voit couvrir tout

cet objet par des Statuts & K.églemens publiés au mois de le parquet de la grande Gallerie du Louvre, & qui confifte en

Juillet i66j, qui entr'autres établiffoient un Peintre entretenu quatre-vingt-douze pièces, fit accorder des titres de Nobleffe

par S. M. pour y veiller & conduire les Ouvriers de cette à Pierre Dupont, & lui fit donner une maifon appartenante à

Manufacture. Sa Majefté, fituée à Chaillot, où anciennement on avoit fa-

Tant que ces réglemens furent foutenus par les fecours qui en briqué du Savon, ce qui a fait appeller depuis l'établiffement

étoient comme la bafe, les Fabriquans donnoient des ouvrages dont nous parlons, Manufacture de la Savonnerie. Les def-

paffables, mais livrés à eux-mêmes après la mort de ce Miniftre, cendans de Pierre Dupont ont toujours continué de diriger

ils retombèrent dans leur premier état. cette Manufacture qui fe foutient avec le plus grand fuccès.

M. Fagon qui étoit alors à la tête du Bureau du commerce, Les bâtimens de cette Manufacture ont été reparés en 1713 par

reprit les erremens de M. Colbert, & procura à cette Manufac- ordre de M. le Duc d'Antin, pour lors Directeur général des

ture des tableaux aux frais de Sa Majefté. Il fut établi des Bâtimens & Manufactures de France, ainfi qu'il paroît par

réglemens pour celles d'Aubuffon & du Bourg de la Cour, une Infcription gravée fur un marbre noir qui eft fur la porte

arrêtés au Confeil d'Etat du Roi 22 Décembre 1730, & auto- de cet édifice.

rifés par Lettres Patentes du 28 Mai 1732. Vint enfuite le (b) Cet Edit porte entr'autres que le Surintendant des Bâ-

réglement fait pour les Manufactures de Feuilletin, autorifées timens& le Directeur, fous fes ordres, tiendront la Manufac-

par Lettres Patentes du 29 Janvier 1737, &c. ture remplie de bons Peintres, maîtres Tapiffiers, Orphévres,

Aubuffon eft le lieu principal des fabriques en queftion, Fondeurs, Sculpteurs, Graveurs, Lapidaires, Menuifiers en

on y fait des tapifferies depuis 100 livres jufqu'à 20 livres ébene, Teinturiers & autres Ouvriers en toutes fortes d'arts

l'aune, auffi bien que des canapés & des fauteuils, dans les & métiers, & que les jeunes gens fous ces maîtres, entretenus

mêmes proportions de prix. pendant cinq années, pourront après fix ans d'apprentiffage

Le Bourg de la Cour eft une efpece de Faubourg d'Aubuf- & quatre années de fervice, lever & tenir boutiques de mar-

fon, très-peu diftant de cette Ville. On y fait, ainfi qu'à la chandifes, arts & métiers, auxquels ils auront été inftruits,

Ville de Feuilletin, des tapifferies du plus bas prix. tant à Paris que daus les autres Villes du Royaume.
 
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