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CHAPITRE I. 3

autour du village de Niniouah. On a, en effet, répandu beaucoup d'opinions erronées
au sujet de l'état actuel des ruines de Ninive; on les a représentées comme une mine
journellement exploitée de briques et de pierres utilisées dans la construction des maisons
de Mossul; et on les a ainsi assimilées aux ruines de Babylone, qui ont fourni pendant
plusieurs siècles, et fournissent encore les matériaux nécessaires à la bâtisse dans les villes
environnantes. Mais il n'en a jamais pu être ainsi à Ninive, et bien certainement il n'en
est point ainsi aujourd'hui. La raison en est évidente : la masse des ruines de l'ancienne
ville, tout ce qui en subsiste encore, murailles d'enceinte et monticules, étant formé de
briques simplement séchées au soleil, et réduites par l'action du temps à un état terreux,
celles-ci ne sont pas propres à servir de nouveau.

Sans doute dans la construction des anciens monuments on a dû employer quelque-
fois des matériaux plus solides, tels que pierres et briques cuites au four, et c'est ainsi que
par hasard on a pu en découvrir; mais on ne les a employés que comme accessoires, la
masse des murailles étant formée de briques crues. Il n'y a donc, sous ce rapport, aucune
similitude entre Ninive et Babylone : les ruines de cette dernière ville offrant des amas
énormes de briques excellentes, ont pu être exploitées comme des carrières; tandis que
les masses de terre, seuls restes de Ninive, ne pouvaient être utilisées de la même manière.
Aussi ne comprendrait-on pas qu'on y cherchât au hasard de rares matériaux, lorsqu'aux
portes de Mossul se trouvent des carrières de gypse dont l'exploitation est moins dispen-
dieuse que ne le seraient des fouilles incertaines.

C'est seulement près de Mossul, et souvent même dans son enceinte, que les habitants
ont quelquefois cherché des matériaux. A quelques pieds sous terre ils y trouvent des
restes d'anciennes constructions; mais malgré toutes mes recherches, je n'ai pas remarqué
un seul indice qui me permît de rapporter ces restes à une époque antérieure à la fonda-
tion de la ville actuelle. Jamais, à ma connaissance, cette exploitation n'a mis au jour des
briques antiques ou des pierres portant des inscriptions cunéiformes, que les habitants
connaissent bien aujourd'hui, et dont ils m'auraient certainement apporté les moindres
débris s'ils en avaient trouvé. Aussi suis-je convaincu que les murailles existantes sous le
sol dans l'intérieur de Mossul, ou près de ses portes, sont relativement modernes; ce sont
les fondations ou les appartements souterrains 1 de maisons ruinées à une époque où la
ville, comme il y a peu d'années encore, occupait un espace beaucoup plus considérable
qu'aujourd'hui.

Quant aux ruines situées sur la rive orientale du Tigre, pendant un séjour de plusieurs
années je n'ai jamais entendu dire qu'on y fît des fouilles pour y chercher des matériaux de

1 Dans les maisons de Mossul comme dans celles de
Bagdad, il y a toujours un appartement souterrain,
nommé serclâb dans le pays; les habitants s'y réfugient
pendant l'été pour passer les heures les plus chaudes
de la journée. Pour être habitables, ces appartements

doivent nécessairement être revêtus de plaques de gypse
de Mossul, et en outre les murailles doivent avoir une
grande solidité, puisqu'elles supportent tout le poids
des constructions supérieures; cela peut expliquer leur-
conservation sous terre.
 
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