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CHAPITRE L 15

talion; car le transport des sculptures exigeait des radeaux dune dimension inusitée, et
quelques jours de retard pouvaient îue mettre dans la nécessité d'attendre l'année sui-
vante.

A force d'activité je parvins à surmonter les obstacles, et à terminer ces pénibles opéra-
tions avant que le Tigre eût achevé de décroître. Au mois de juin 181\ 5, huit mois après
l'achèvement des fouilles, toutes les sculptures avaient été amenées sur le bord du fleuve,
et au moyen d'un plan incliné pratiqué dans la berge, embarquées sur des radeaux1. Ce
dernier travail fut malheureusement clos par un triste accident. On travaillait à charger le
dernier bloc, et déjà on l'avait placé sur le plan incliné; pour le mettre en mouvement, un
des Nestoriens s'obstina, malgré des avertissements réitérés, à le tirer par devant; on ne
put arrêter la course de cette lourde masse déjà ébranlée, et le malheureux ouvrier fut
écrasé contre les pièces précédemment chargées sur le radeau. Ce fut le seul accident
grave que j'aie eu à regretter pendant toute la durée des travaux.

Puisquen écrivant ce préambule j'ai eu principalement en vue de rendre justice à ceux
qui m'ont aidé, on me pardonnera, j'espère, de citer en finissant le chef des ouvriers,
Naaman ebn Naouch, qui depuis le commencement de mes recherches dans le monticule
de Koyoundjouk jusqu'à la fin des travaux, n'a cessé de me donner les preuves de deux
qualités bien rares dans son pays, l'intelligence et la probité; c'est lui que j'avais chargé
d'aller explorer Khorsabad, et qui en a découvert les richesses cachées; depuis cette époque
son activité et son esprit de ressources m'ont été du plus grand secours dans les circons-
tances difficiles, et c'est bien certainement à lui que je dois d'avoir pu surmonter les dif-
ficultés que j'ai rencontrées pendant le transport des sculptures.

A la fin du mois de mai toutes les sculptures extraites du monticule de Khorsabad avaient
été heureusement débarquées à Bagdad, et confiées aux soins intelligents de M. le baron
Loewe de Veymars, consul général de France, désormais chargé de les acheminer vers leur
destination définitive. Pendant un an il les eut en quelque sorte sous sa garde; car les

r

nécessités du service ne permirent pas plus tôt l'envoi d'un bâtiment de l'Etat, et les rares
navires du commerce qui fréquentent le golfe Persique n'auraient pu se charger d'une sem-
blable cargaison. Ce fut seulement au mois de mars 18!\6 que la gabare le Cormoran,
commandée par M. le lieutenant de vaisseau Cabaret, put arriver à Bassora. M. Loewe de
Veymars eut alors, pour charger ces masses à bord des barques du pays, tout autant de
peine que j'en avais eu à les envoyer jusqu'à Bagdad; mais il réussit également à leur faire

1 La navigation du Tigre se fait au moyen de radeaux
construits avec des pièces de bois supportées par des
outres gonflées; les plus grands peuvent porter jusqu'à
12,000 kilogr. Ces radeaux, auxquels dans le pays on
donne le nom de kelek, sont très-propres à la descente
de cette rivière, qui dans l'été conserve très-peu d'eau;
mais ils ne peuvent servir à la remonte. Arrivés à Bag-
dad, les radeanx sont démolis, les bois vendus souvent

avec profit, et les outres sont rapportées par terre à
Mossul, pour servir encore au même usage. Tel fut le
moyen dont je me servis avec succès pour envoyer à
Bagdad les sculptures de Khorsabad; seulement les ra-
deaux dont j'avais besoin exigeant plus de solidité, je
fus obligé de faire couper dans les montagnes des bois
d'une grande dimension , el d'employer un nombre
d'outrés proportionné à leur grandeur.
 
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