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CHAPITRE VI. 175

d'idéaliser dans une juste mesure. Les Égyptiens, au contraire, enchaînés par un système
théocratique qui réglait toutes les actions de leur vie, n'ont jamais pu s'écarter des pres-
criptions qui leur étaient imposées; leur sculpture en a toujours subi l'influence, et leurs
productions, au temps des Romains même, ne sont que d'imparfaites copies des œuvres
exécutées sous les plus anciens Pharaons. C'est ainsi que de nos jours les peintres qui
décorent les églises grecques ou arméniennes obéissent à des règles ou à des usages con-
sacrés, et se contentent de calquer et de reproduire les anciens types byzantins dans toute
leur raideur et leur naïve simplicité.

Tel qu'il vient de nous apparaître, l'art assyrien est précisément intermédiaire entre les
arts grec et égyptien ; il a, plus que le premier, conservé les formes conventionnelles et
hiératiques, sans en subir le joug autant que le second, qu'il surpasse de beaucoup par
une étude plus recherchée de la nature. En comparant les procédés et les détails d'exé-
cution, on se convaincra facilement de la vérité de ce que je viens d'avancer, et l'on appré-
ciera les degrés de perfection relative de Fart chez ces trois peuples.

Les Egyptiens, comme tous les peuples dans l'enfance, n'ont attaché d'importance qu'à
la ligne extérieure, à la silhouette des objets qu'ils voulaient représenter; en peignant ou
en sculptant, ils faisaient de simples traits d'une hardiesse et d'une netteté étonnantes, et
dans lesquels les proportions et le mouvement étaient rendus avec une grande perfection.
Mais là s'arrêtait leur science; et dans les derniers temps comme à l'époque la plus re-
culée, ils n'ont jamais songé à compléter ces silhouettes par la représentation exacte des
détails anatomiques; leurs plus belles statues même sont, sous ce rapport, aussi défec-
tueuses que leurs bas-rehefs et leurs peintures. Voulant d'ailleurs, dans leur naïveté d'abord
primitive, puis ensuite convenue, faire paraître tout ce qui leur semblait essentiel pour
rendre une figure reconnaissable, ils n'ont jamais manqué de représenter de profil certaines
parties des objets, et surtout des animaux, qui auraient dû, d'après la position, se pré-
senter de face, ou vice versa. Ainsi les corps humains vus de profil leur auraient paru in-
complets, et ils les ont toujours placés de face, faisant le contraire pour les pieds, dont le
profil était plus facile à comprendre; de même en dessinant une vache, ils la montraient
toujours de coté, mais ne manquaient cependant pas de dessiner les deux cornes, quoique
dans cette position exacte l'une dût cacher l'autre. Les lois de la perspective ne sont pas
mieux observées; tous les détails nécessaires pour caractériser les objets sont toujours rendus
visibles lors même que, d'après le point de vue, ils ne pourraient pas être régulièrement
aperçus. Enfin, sacrifiant toujours la vérité au désir de ne rien cacher de ce qui, à leurs
yeux, paraissait le plus important, les sculpteurs égyptiens ont évité avec grand soin de
couper les figures par des objets accessoires qui en auraient caché une partie; par la même
raison ils ont, dans leurs représentations de batailles, donné une plus grande taille aux
vainqueurs qu'aux vaincus.

La plupart de ces caractères se retrouvent dans la sculpture assyrienne; mais ils y sont
moins marqués, et l'on sent que l'on commence à sortir de l'enfance. Les corps sont moins
 
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