Bulletin de l' art pour tous (1903)

N° 20G

BULLETIN DE L'ART POUPx TOUS

le souvenir précis qu'on y retrouve de la nature.

Déprécié par les uns, sous prétexte qu'il ne
doit avoir sa place que dans le tableau de che-
valet, il a cependant prouvé quels services il
pouvait rendre à l'art décoratif; car, dès que la
peinture est sortie de ses périodes d'enfante

sions des formes à reliefs dimension toute aussi que c'est un Cercle et que nombre de ses membres t pour se débarrasser des encombrants mobiliers sans

' n'en font partie que pour avoir le droit d'y exposer style du faubourg, qui ne répondaient en rien à nos

intéressante que les deux autres et dont la sup- leurs petites élucubrations picturales. Ce sont des petits appartemenls modernes. Heureusement, des

pression risque d'enlever on pourrait dire amaleurs ceux-là, et ils doivent se plaindre quelque- artistes ont songé que le Louis XIII avait été fait

1 1 ' -, foisaussique lesarlistesarrivés,militants,encombrent pour de grandes et vastes pièce», que le Louis XV

mathématiquement, un tiers de linleret. INous trop les cjmajses; eux qui ont les salons officiels et voulait la richesse des boiseries sculptées, et que

n'entendons nas ici par modelé une facture augmentent fort peu la cagnotte du Cercle. Les ama- cela n'allait pas avec les petites cages que construi-

1 .' . teurs, hommes, ont le Cercle, les femmes ont l'Union saient nos architectes,

estompée, précieuse et mesquine, mais au des femmes peintres, etc. La lutte qui fut entreprise contre tous ces mobiliers

contraire simple large et franche constiluant Ne chicanons donc pas la place occupée par eux sans style, fut une belle lutte artistique. Ne plus voir

i , dans celte exposition et cherchons dans l'ivraie la l'encombrant buffet Renaissance, le secrétaire Era-

un des moyens de rendu les plus attachants par belle herbe qui s'y trouve toujours I pire, cela parais-ail irréalisable, pourtant petit à petit

Quel admirable morceau dé peinture que ce portrait la transformation s'opère, et l'art nouveau pénètre,
de M. Laloux par Gabriel Ferrier! C'est une œuvre La belle série de meubles art nouveau que M. Emile
maîtresse; jamais l'artiste n'a été en plus entière pos- Thézard a su grouper est réellement utile, les archi-
session de son talent, de sa maîtrise; ceux qui lui tectes, et les artistes y trouveront une source certaine
reprochaient de faire trop beau dans le domaine du de documents, car le meuble est très complexe dans
rêve, seront convaincus qu'il sait faire beau de vérité ses différentes attributions, et d'une ligne, d'un dé-
dans le sévère et le vécu. tail, on peut tirer un parti.

D'autres portraitistes s'imposent ici : M. Bonnat, L'ouvrage contient 43 planches avec de nombreux

toujours impeccable et moins solennel que de cou- ensembles et détails, à grande échelle ; c'est un livre

ment ou de misère, on a vu les artistes s'épren- tume. M. Desvallières, ô surprise! nous montre une blen fal1 et hien présenté qui méritait notre attention.
, , i i • , i • •.;,„• „„j„,,„ jeune femme en toilette de soirée, douillettement

dre du modèle et le poursuivre avec une aideui enveloppée d'un manteau clair doublé d'hermine. GLACES ET MIROIRS. Concours et exposition

et une conviction témoignant de leur foi en ce Abandonnerait-il la famille vert noir qu'il cher- d'art moderne de ig02. Emile Thézard, éditeur à

chait à acclimater chez nous ? Ce portrait est rempli Dourdan.

T K '' , ■ , , , « de quf^tés fraîches, élégantes, et on y retrouve tou- g; t des mai ph é gi t moderne

La raison cachée de ses détracteurs est facile jours l'admirable, l'impeccable dessinateur enclin trop a fait édore des fleurs au seuil dès maisons si les

à deviner : le modelé exige une étude longue et *ouveif%Vm/n™n ™2 XocLfcettl1 oif lfcS' balcons ont élé transformés en éventaires fleuris, et si

, „ ,P . % , \ ■„ AM. FIamengon peut reprocher, celte fois, le çon- les souches de cheminées ne supportent plus leur

difficile et 1 on bénéficie d une grande économie traire; il a vu trop beau, trop jeune, trop spirituel, éterne| mitroil ou leur abat_vent ul manquait encore

de temps, de même qu'on s'évite bien des préoc- ï!OT4Ï^W^a^T&^ l^transformation des cadres à glace el des chemi-

cupations en le laissant de côté. Delà celle éclo- trop de talent pour ne pas s'être aperçu de son erreur, La cheminée sauf de rares exceptions parait rester

sion de compositions à teintes plates, pourvues ] bailleurs Je portrait est admirablement peint intangible, mais les miroirs et cadres à glace viennent

1 111 Joli envoi de M. Paul Gnabas; portrait dislingue de s'allier à l'art nouveau

et légende délicatement peinte sans mièvrerie. Beau Dang lm nouve, ouv " M. Emi!e Thézard à ras-

portrait d une jolie femme par M. Laulh. Bémblè les couvres principales, que la Chambre svn-

Portraits et compositions intéressants des maîtres dicale deg miroUiers a récompensé lors de ces derniers

Bouguereau, J Lefebvre, 1 atlegrain Humbert, concours. 11 nous donne ainsi 35 planches 30X40, re-

J Benard, Samt-Pierre, 1 riquet, Umbricht, Swiller, présentant des cadres à glace modem style pour

R. Collm, etc. ... . cheminées et, poussant ses recherches, il nous montre

On remarque beaucoup la petite composition de loul ce ue ,,art nouveau peut produire dans les mi-

M 0. Merson (Mortes!), ]1 s agit de la Justice et de roi console, table console, glace dan- panneau

la Liberté, traîtreusement assassinées et clouées au sur lambris, écran sur pieds, étagère "ornée de

sol ! Ce pouvait être un drame, ce n'est qu une ,ace coiffeuse, jardinière, gl .ce applique tru-

satire, un avertissement; I œuvre, par sa dimension ^eau console avcc carte| ou baromètre, psyché ou
et 1 élégance de son exécution, ne peut nous alarmer j toul autre glace mobile a une deux ou ,r' £ feuille

ni nous trop longtemps attrister. caisson a rideaux, galerie, table à bijoux, vitrine

Arrêtons-nous devant les paysages ou marines de à bibelots d'art, bordure pour tableau, peintura ou

MM. Carolus Duran, Dameron Grandsire, Demont, gravure, guéridon ou tout autre objet se rapportant

Gjinier, Koecklin, Franc Lamy (ah ! combien joli son de près 0Ù dc loin a ,a miroiterie ouJa la dorure_

envoi des « Vieilles Maisons de Bruges »), Guirand de Tous ces exemples bien choisis el raciiemcnt exé.

Sceyola, Le Cout-Cerard Bompard (admirables vues cutables. sont les premiers documents qui paraissent

de Venise). S Germier, Higollol Gossehn, Delestre sur cclle partje intérieure de la maison ' Va hi_

(un jeune, à la vision juste et a 1 exécution bien per- tecle tient a dlriger Ie p|us souvent pou'r le par(ait

sonnelle). ensemble de son œuvre.

Signalons toul particulièrement les notations artis-

tiques de M. A. Maignan sur Burgos, Tolède.Vérone L'ŒUVRE DE LICIER RICHIER.— Notre pro-

elScoupd'œuvres que nous ne pouvons citer ici ^e^raîd ^ÏZ S^U^^
SX œ r^^ ^ numéro fpécial, composé à grand/frais et qui

Fig. 25

de cernures plus ou moins multiples, sous pré-
texte d'effet décoratif, et dont le seul mérite est
d'être à la porlée de loul le monde.

On n'a qu'à jeter un coup d'œil en arrière sur rant les bustes dej^ueeh (M. Clarelie), Récipon j ^^SSS prépaiesœuVesTÛ

les belles décorations modelées depuis les pein- \ { ^ el objetg ^ de MM. licouleux et kr^^ffil

turcs des villesdu Vésuve et celles des primitifs Ruffe. de propager l'œuvré de Ligier Richier,et d'aboutir

delà Renaissance jusqu'à nos jours, en passant Miniatures, enluminures, etc. ainsi à la formation du musée spécial de cet artiste,

. . . . \ r, \ \r ■ • t . 1—. •,. , 1 • ■ , ...... ce numéro sera mis en vente séparément au prix de

par le cycle enchanteur des Faut Veroncse, L Exposition de la miniature, de 1 enluminure et 4 francs envoyés par mandat poste à M d'Herville

Rubens, Lebrun, Coypel, de Troy, Watteau, des arts précieux a été celle année un véritable ravis- 21, rue de Sèvres, à Paris, jusqu'au 28 février, dernier

( scmcnL. ) cl g Ici i

Lancrct, Boucher, Huet, Tiepolo et cent autres, j Que de jolies choses entrevues ! Que de bibelots, En dehors de nos abonnés et du service des co'lec-

pour constater que leur valeur el leur variélé <je bijoux exquis, de miniatures divines ! Peu ou pas lionS) co numéro spécial ne sera tiré que d'après les

de mauvaises cnoses. . . , demandes des souscripteurs et ne sera jamais reliré.

\01la une Société qui a du faire de terribles exé-
cutions pour arriver à éliminer les braves jeunes MANUEL DE PEINTURE A L'AQUARELLE
femmes et leunes filles sans U lent qui 1 encombraient (Librairie encyclopédique Roret. L. Mulo, succes-
1 y a quelques années. Le résultat est merveilleux. ' ro „,aJa.,,\.f0^;-nji d 2 f..„..„*!f \
n-ï 1 ,■ , • . 1 r,. • . , „„ sein, 12, rue tiauteteuitle). Prix 3 francs (franco).
Citons les artistes qui, a eux seuls, suftiraient pour as- ' ' j 1 j \i

surer le succès de l'Exposition (pour êlre juste ilfau- L'Encyclopédie Roret que tous nos lecteurs con-

drait les citer presque tous). naissent vient d'ajouter à sa remarquable collection

Enfin, nommons MM. Debillemont-Chardon, Delà- un Manuel de peinture à l'aquarelle. Ce manuel qui

consistent uniquement dans l'accentuation ou
Xatténuation des effets naturels.

La morale à tirer pour l'art décoratif est donc
celle-ci : Compter principalement sur la nature
et sur les effets qu'elle présente, en se bor-
nant à exagérer ou à modérer leur action

la fabrication.

& . roche, Isbert, etc., pour les miniatures; MM. de Cal- se p'ace à un point de vue absolument pratique, a

suivant les circonstances, et ne pas se faire lias, Doigneau, Gervais, Job, Robida, Zier, Lalauze j pour but d'apprendre le côté matériel de la peinture
d'illusions sur la valeur des procédés don! l'in- (aquarelles gemmées); MmM Popehn, Delacroix-Gar- j a l'aquarelle, ce qui ne l'empêche pas de donner la
... , . . ,, .... nier, Marie Garmer, pour les fines aquarelles et les ■ définition du côté artistique, et comment il faut l'élu-

troduclion n est excusaDie cjue si elle est jucli - dessins; M. Feuillâtre, pour ses émaux et ses bijoux; dier dans toutes les œuvres._Au premier chapitre

cieusement motivée par le sujet, la matière ou M- Delagrange, pour ses fines statuettes en cire; et de cet ouvrage nous trouvons: le choix du papier,

M. Mucha, pour ses jolis panneaux tt vélins dores des couleurs des pinceaux, leur emploi ; puis, dans les
et gemmés (La Moravie). — Magda FoYOT-d'ALVAR. chapitres suivants, nous voyons successivement étu-

dier les moyens de faire une aquarelle d'après nature,
j puis comment il fauttrailer Icsdétails, arbres, herbes,
fleurs, ciel, eau, etc., etc. C'est un livre que tous les
aquarellistes voudront avoir, car il renferme des con-
t> 1 h> L, 10 (j K. A r Hit} seils précieux pour l'élève et pour le maître.

Le Manuel de peinture à l'aquarelle comprend en

1 pc FYPOmTION'î outre des indications sur la peinture à la gouache,

1 " J ' 1 lv/'>0 miniature, lavis, sépia, peinture sur soie, sur étoffes,

BIBLIOTHEQUE DE L'AMEUBLEMENT. - gobelins, et tous les procédés modernes. - H. D.
MEUBLES D'ART NOUVEAU au salon du mo-
bilier de jg02.—Librairie spéciale de l'ameuble-

Henri Mayeux.
Architecte du Gouvernement,
Professeur d'art décoratif
à l'iîcole nationale des Beaux-Arts.

Cercle Volney

La saison des violettes ramène, avec les palmes
académiques, les expositions de peinture.

Artistes et amateurs rivalisent d'ardeur pour mon-
trer aux Parisiens, éblouis de lanl de couleurs amon

ment. M. d'or à l'E.U. 1 goo. Emile Thézard, éditeur ,,„„,.,, . ncc coc^taci ce

à Dourdan. Prix 40 francs, PROGRAMME DES SPECTACLES

C'est le premier recueil sérieux, réellement utilisa-

eelées*'ïe\irs"travaux^Tétud^ ! ble, de meubles d'art nouveau qui paraît. L'exposition J Opéra........ Paillasse; Bacchus(J. deReszké)

On dit que le Cercle Volney présente trop d'œuvres, du mobilier ne pouvait être mieux choisie pour pren- Comédie-Française. L'Autre danger.

dre les documents nécessaires à cette publication ; là, Odéon........ Résurrection.

en effet, fabricants et artistes avaient exposé leurs Sarah-Bernhard't'. i Théroigne de Méricùurt.

recherches les plus artistiques, et tous le, meubles . Nouveaulés..... La Duchesse des Folies-Bergères

qui y figurnent étaient conçus dans un but d utilité ,-> r a>> - ; • ,a .. . *

pratique, tout en restant des œuvres d'art. Renaissance..... La Châtelaine (Guitry).

La majorité de ceux qui critiquent l'art moderne, Ambigu....... P. IN. Les Dernières cartouches.

refusent à cet art tout esprit pratique. II y a là une Bouffes-Parisiens. . P. N. Florodora.

erreur, le modem style n'a été créé, que pour satis- Cluny......... P. N. Ma bonne Cousine.

faire un but pratique et décoratif, il n'a été conçu que Nouveau Cirque . . Spectacle équestre.

et qu'une sélection rendrait l'exposition plus intéres-
sante en éliminant ceitaines médiocrités?
Tout cela semble juste, mais il ne faut pas oublier

(t) En dehors de la peinture, n'a-t-on pas vu la tapisserie,
par exemple, trouver dans le modelé une source d'attraits
que le rendu à plat et sommaire n'eût pu certainement
procurer.

10182 — Librairies-Imorimeries réunies, rue Saint-Benoit, 7, Paris. — Motteroz, directeur.

I.e Gérant : Motteiioz.