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Bulletin de l' art pour tous — 1903

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No 208 (Avril 1903)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19292#0013
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L'ART-POUR-TOUS

ENCYCLOPEDIE DF L 'ÀRTJ7VDUSTMÏEL ET DECORATIF
parai-ss an-t tous les rnxns

fondé par emile reiber

Directeur: Henry GUÉDY, architecte (S. A. F.)

Librairies-Imprimeries reunies

8 -M. •':•*' ti"*r^f\ (T\ PARIS fô ^O^^^^u^sK^é^KZ^i

7, rue Saint-Benoit \^___^*^ °"

42e Année ^ Avril 1903

Il est des noms d'une telle douceur, qu'à peine j mannequins raides de Pielro. Ce lableau estau-
prononcés ils nous font sourire en dedans, pour jourd'hui enfermé à Milan, dans une boite qu'on

DADHAPI ( \\ I école. C'est aussi fin et aussi naïf que le Peru- ) reux nmir son m-t n „a,,„i .

RAPHAbL (1) gin, mais avec plus de souplesse, el le jeune temDS tfFl^

Par Ernest Legouvé, de l'Académie française. homme habillé en rouge qui casse une baguette ! connais „! „^ i ?PPr.enai'e- Comme je

«mr son .rppnii a déià bien nlns un corns rmp W 1 £ °n peie' c 111 est un homme de bien et

^n„°°nK If ^,nnal eCl,0n,n6' ef comme J^me aussi beau-

d? c sous lous les ''apports son fils, gentil et

ainsi dire, et réveillent en nous les idéeslesplus j n'ouvre qu'à certaines heures ; un Anglais en a bonne fiJn -Tp lo ^1™^!!?^ qU1' a.mve .a
suaves el les plus gracieuses. Est-ce que le mot offert cent mille Irancs ; on refusa et on eut rai- ' f \VZZ A™? *
de vierge ne Vous* enchante pas? Est-ce que son ; car pour moi, si je pouvais choisir dans Fa nrhnl de Z w! f qTJC 6 PU'S'
vous ne trouvez pas que le nom de Cimarosa est lous les chefs-d'œuvre de Raphaël, c'est celui-là amom e moi S seront Ï T!' tâl
-tout plein de musique ? Est-ce que vous pouvez que je prendrais. 11 y a de sa'main des lableaux J*te ^S^^Tc^S^J^S^à
dire Marie sans un sentiment de plaisir? Ra- bien plus puissants, bien plus vigoureux, mais gréable de vous 'je me le tiendrai offert à
phaèl est un de ces noms privilégiés ; certes, ce j rien qui soil lui comme celte toile, rien de suave moi-même et Pen serai Irès reconnaissante
n'est pas par hasard que son père l'a nommé et d'embaumé commecetle première fleur éclose ■ '
ainsi ; il y a quelque bon génie là-dessous. Rien sur ce bel arbre. " Joa>,,n,a I'eltria di Ruvere.
n'est si rare que l'unité chez les hommes; et Raphaël avait alors à peu près vingt et un j C'est sous ces auspices, c'est avec ces pensées
Rapnaeleslle lout, le plus harmonieux du monde; ans; sa réputation s'elendail déjà assez loin: de gloire dans le cœur qu'à la fin de l'année
son corps son âme, sa vie son génie, tout cela mais un instinct vague lui disail qu'il y avait rM? ]e ;enne homme de i>éme passa pour la
n est que e développement d une môme chose, encore autre chose dans le domaine de l'art que première fois sous les portes de cette cité ce-
la beauté ... Comme il a bien (qu on me par- ce qu'on lui avait appris, el il brûlait d'aller à lôbre qu'on appelait Florence, et que l'on com-
donne celle expression) comme il a bien le nom rait ' Alhènes. Quel malheur que les grands
de sa figure elle aient de son nom! Etnedirail- jjMM^ hommes n'éerivenfpas tout ce qu!ils éprouventl
on pas que la nature la lait naître en même J&*\ ' Ne vous semble-t-il pas qu'il a dû se passer de

temps que Michel-Ange comme elle place un lac
bleu et frais auprès d'un âpre et colossal rocher?
N'est-ce pas lout à faiL l'ange Gabriel assis près
du Tout-Puissant?

rugino s'attacha bien vile el du fond du cœur à
ce jeune garçon, si bon, si doux, et qui se trou-
vait toujours naturellement et sans efforl àu-

belles choses dans ce cœur de vingt et un ans,
quand il fit le premier pas dans Florence, et ne
seraient-ce pas d'admirables pages que celles qui
nous retraceraient tous ses rêves, toutes ses

Rafaello Sanzio naquit a Lrbin en 1483. ^^V-— ^^ÉL. espérances, tous ses pressentiments ? car on ne

Comme s'il y avait je ne sais quel lien mystérieux ^P^mik^'^-'WÊ^ porte pas dans son sein une gloire comme celle

entre le Chris! el Raphaël, le peintre vint au ^ÈsÊ^ÊS^^nM^^^ de Raphaël sans la sentir frémir el remuer ainsi

monde le jour et à l'heure ou mourut le Dieu. (S^SÊêÊO^^SÊSÊÊÊI^^L que l'enfant clans les entrailles de la femme. Mais

un vendredi-saint a trois heures, et il expira fa^^^^^^pHpSp^P^^V Raphaël n'écrivait que par son pinceau. Devi-

aussi un vendredi-saint. La famille de I'.aphaël j^^^^^Ê^BMSMs^^^^^^t nons donc ; c'est le plus grand de tous les

avait déjà compté cinq peintres parmi ses mem- j ^^^ÈMM^fmSSÊÊSÊÊ^^m^ I bonheurs après celui de savoir,
bres. Son père, Giovanni de Sanli, artiste

.. père, Giovanni de Sanli, ai-liste me- l^^m^^^nB^vK^SÊÊÊÏF^Wk .V peine arrivé, il courut, avide cl recherché,

diocre, était un homme de mœurs patriarcales ? gpN'Iy §^i^:^W&O^^^^Ê^^m I se mêler à tout ce qui avait un nom; il se lia

sa mère élait belle et douce ; ils ne voulurent ^^M^^^W^^SlSÊÊÊ^ÊÊÊMla avec Ghirlandaïo, Aristolile, fit, comme lous les

pas que leur en la al lïil nourri d'un autre la il S^^^m^^^^WÊÊÊÊS^ÊÊKÊmlt jeunes artistes, de profondes études à la cha-

que le lail maternel : el plus lard, dans leur Ê^^^^^^mmWÊmWlÊ^i pelle del Carminé peinte par Masaccio, «Unia!

crainte que le contact des autres enfants n'alté- f^^Ê^^^ÊÊÊmWÊm^SÊ^^ l'ami du célèbre Fra Barlolomeo, trouva en lui

l'a! la candeur naïve el bonne qui se faisait j^^m^^^WmÊWB^m^WM i un bon guide, el médita avec ardeur les compo-

remarquer dans leur jeune fils, ils le gardèrent HraMHBHIil sitions de Léonard de Vinci ; mais un grand

toujours sous leurs ailes jusqu'à l'âge de qua- M^Êmmk< %WmmÊÊÊBÊm^\ événement dans 1 histoire de la peinture vint

■ ..... ' surtout déterminer en Raphaël une crise d ou

sortit sa seconde manière.

A la fin du quinzième siècle, on ne savait pas
ce que c'était que la science du dessin ; le dessin

lorze ans, la mère le nourrissant de sentiments
tendres, pieux et d'affections domestiques ; le
père, assez habile dans la théorie de l'art, lui

donnant les premières notions de la peinture: y ^.:jnm'.^m-^*.

cependant, il s'aperçut bientôt qu'il fallait un ^^WW|r^ n elait que 1 art d esquisser les traits d une fi

autre maître à cet élève ; mais lequel choisir ? - Jlf il ^ T C°T\Û " p3S P°UI" 6S

comment lancer seul dans le monde cet enfant ÊbÊË ^T^^t^Z^J^^Ïi fi

■ i i i ii- a o r i i • „ .i WW^WËMË y ou moins gauches; les personnages n étaient

si tendrement cull.ve ? Enfin le bon pe c alla a WMk W dcs &a[[s ^ H ^ ^ ^ ^

Perouse ou Pielro Perugmo tenait alors son fll W cées au haut d'un manteau; pas cle membres,

école, cl lui remit, avec bien des prières et des Wj M ____ P*s de nu ; le costume moderne qui voilait le

recommandations, son beau et candide fils, WM " corps était pour quelque chose dans cette igno-

lout baigne encore des larmes maternelles. Fe- w\ __ -, " ' „„„i,- ^.o,. îko nrnét^c „',„„:»ni „„„ „„mm» j.,

rance, car les arlistes n'avaient pas, comme les
anciens, les modèles sous les yeux. Cependant
Laurent-le-Magnifique ayant ouvert ses jardins,
tout peuplé de statues et de lorses anliques, les

dessus des autres En peu de mois il devint e r,,^n_ ou brillaient des talents du premier peintres commencèrent à soupçonner que
premier élève 1 élevé favor, et même l'égal de F lorence, ou brma un lableau Com- "homme n'est pas tout entier dans le visage, et
son maître Toutes les qualUés du Perugin pas- ordre^ Il laissa cionc i ^ ^ i chefs-d'œuvre de la seuTpturc
sèrent s. vile dans sa tête et dans ses doigts, mence et pari t ton ^ commenôait à se faire sentir dans le dessin des
quonne pouvait pus discerner un tableau du au8P fJflK Jrâces dtt.'COtps et de l'âme': sa tableaux: aucun artiste cependant n'avait en-
disciple d avec un lableau du maître ; semblable f^1 ^- e"J|feg( avait cinq pieds deux pouces corc osé donner l'exemple. Eh bien ! voilà que
a un miroir bien pur et bien poli, Raphaël réflé- taille était petite ^bpes s'hai.moni. gul ft c0 au milieu c/e ces milWl„des de mé-
ch.ssait tout ce qu i trouvait de beau devant lui : et.demi), niais tous se ^éléganGe ; il Lhode J homme, im géant) un dieUj Michel-
du reste, 1 art n était pas bien avance à l'école sa.en ,dans un enseme pCu° olivâtre, Ange, arrive, et, chargé de faire un carton pour
du Perugin ; peu de science du dessin et quant f^'^^J^Irunl el longs, point ou peu de une sàlle du palais à Florence, il vous jette sur
au.colons, le talent n allait pas au-delàd'un cer- • les cheveuxbrun i et voilés; un cou ZI toile, non pas un corps, mais dix, mais cent,
tain faire précieux el fini, qui ne manqua, pas barbe, c es yeux noirs, ^ denig i posilions possibles, assis, cou-
de grâce, mais qui avait toute la Umidite de de femme long, b anc: ei , VOyait, onl!ai- ?ant, couchés,debout,sebattant, tombant,ettous
1 inexpérience. C est dans ce système, que Ra- ta^lf ?^^SS pour F orence, la duchesse nus, tous beaux comme l'Apollon, et passion-
phael, après plusieurs tableaux assez heureux, ^fi^^t^ ceS iôar lui au gonfalonnier nés comme le Laocoon ! Ce fui un cri univer-
composa son Sposahzio, ou mariage de la Vierge, d Urbin ecnvit ceci p » ^ rendre l'effet de ce chef-
qui est certainement le chef-d'œuvre de son Sodenni : d'œuvre ; c'est comme le matin, à l'aube, quand

-:- Magnifique Seigneur, tout est encore à demi-obscur, que soudain un

(I) Dans noire prochain numéro, nous donnerons la lin ' |p|||,p Ra_ ravon part, le soleil se montre et l'univers

de cetarice, ainsi que quatre dessins inédits de Raphaël, rvl,,; nui vous DOrtera celte lettre est na- '"J"" F"'l> ,„.„„. r,„„,K^/»
que nous avons choisis' parce qu'ils permetient dé voi^ J « Celui ,^ut V9H? P."11^ • avant un génie heu- ' rayonne, une seconde auparavant sombie et

]!artisle dans toutes les phases de sa conception. phael, peintre 0 Uluni, qu., j o

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N° 208.
 
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