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Bulletin de l' art pour tous — 1903

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No 207 (Mars 1903)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19292#0009
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NUMERO SPECIAL — 1

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T-POUR-TOUS

$fcdËâPf ENCYCLOPEDIE FF LARTINDUSTRIEL ET DÉCORATIF

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•pa'ratssant tcrus les mots

FONDE PAR EMILE REIBER

'^^^^^^iM^wm'awnl'^^"'' Henry GU^DY' a'"CkiteCte 'S" A- F-)

I^^JÎllMk Librairies-Imprimeries réunies

",rue Saint-Benoît

Mars 1903

L'ŒUVRE DE LIGIBR RIOHIER

beau et de l'idéal. Il n'est pas besoin d'avoir un Michel-Ange de la France,
il suffit qu'il y en ait eu un.

Nous ne comparerons donc pas l'œuvre de Ligier à celles d'autres artistes,
parce qu'il était livré à ses propres moyens, que la Lorraine n'est pas la
terre classique des beaux-arts comme l'Italie, et que, seul, il n'avait pas les
moyens de produire, comme Jean Goujon ou Germain Pilon, vivant à la cour
de H erande majorité des amateurs, I dans un air ambiant plus propre à faire éclore la richesse dans la compo-

Ligier Richier, pour tous ceux qui
n'ont étudié que superficiellement
l'histoire de l'art, n'est que l'auteur
de l'œuvre originale : le Squelette, de
l'église Saint-Pierre, à Bar-le-Duc.
Mais son œuvre complète est ignorée

qui, en général, limite l'évolution arlis
tiquedela Renaissanceau mouvemenl
parisien, dirigé par Germain Pilon. Il
existait cependant à celle époque des
courants secondaires, comme celui de
Troyes avec François Gentil et Julyot,
et celui de Toulouse avec Nicolas Ba-
chelier, courants qui ont une impor-
tance au point de vue artistique, surtout
si l'on veut considérer qu'ils ne proviennent
pas tous du seul fait de l'évolution parisienne.
Ligier Richier a été le chef du groupe lorrain

silion que l'aleliqr de Ligier à Saint-Mihiel.

Pour nous résumer, nous dirons que l'œuvre de Ligier est intéressante
à éludier et à connaître, parce qu'elle représente le travail d'un artiste
profond et sincère; mais vouloir comparer Ligier à d'autres maîtres, n'est
pas le vrai moyen de le glorifier, car il deviendrait moins intéressant en
s'éloignanl de son milieu et de son centre artistique. Henry Guêdy

BIOGRAPHIE

Ligier (Lieger Legier) Richier naquit à Saint-Mihiel, selon certains auteurs,
vers 1500, et selon Chevrier, qui ne mérite aucune créance, le 4avril 1506. Les docu-
ments sont muets sur son adolescence et sur les sources de son éducation artistique.
Si l'on accepte la date de naissance de Ligier que nous donne_ Cheyner, (I

et, sans se caractériser par une vision d'art spé- n'aurait eu que dix-sept ans lorsqu'il lit le bas-relief de l'église d'Hattonchàlel.

ciale, il est cependant intéressant à éludier,
parce qu'il a créé un mouvement artistique dans
sa région. Lorsque M. Louis Gonse écrit, à
propos de cet artiste, dans son ouvrage de la

L'ornementation savante, l'exécution vraiment surprenante de certaines parties de
cet ouvrage atlesteraient un talent déjà très exercé et si précoce que nous sommes
plus disposé à admettre l'assertion qui le fait naître en 1500, ce qui lui donnerait
vingt-trois ans à l'époque de l'achèvement du relable d'Hattonchâtel.

En 1532, la réputation de Ligier Richier était déjà très grande et les ouvrages
Sculpture française, que Ligier n'a été qu'un I qu'il avait exécutés à Saint-Mihiel et à Bar-le-Duc, le faisaient passer pour le plus
artiste de second plan, un homme de reflet, expert et meilleur ouvrier en son art que l'on vît jamais.

qu'il n'est pas un initiateur et lorsqu'il lui refuse Cette réputation apporta au sculpteur des commandes importantes de la part

toute grâce et tout esprit, il fait là une critique des ducs de Lorraine ; en 1533, il fut chargé de faire le portrait du duc Antoine et de
h;„n cAw\,.o c^c 1 la duchesse sa femme. La considération dont il jouissait alors lui valut un éclatant

témoignage de la confiance de ses concitoyens, qui l'élurent au nombre des quatre
syndics, en IS'kS.

En 1554, il est chargé de la décoration intérieure de la collégiale de Saint-Maxe ;
en 1559, il dirige les apprêts et les dispositions d'une fête donnée à Saint-Mihiel
pour l'arrivée du duc Charles IV; en 1564, il reçoit de Jacques de Silly, probable-

bien sévère de ses œuvres

Pour défendre Ligier d'être un homme de
reflet, il faudrait savoir quel est ou quels sont
les maîtres qu'il reflète; on a souvent nommé
Michel-Ange, mais Ligier n'a que peu de chose

dans sa facture qui rappelle Michel-An^e II n'en j ment pour prix de ses travaux, 2400 livres, somme très considérable dans ce temps,
a pas la puissance, ni la merveilleuse science ana- Ce fait n'implique-t-iJ pas que les ouvrages de Richier étaient estimés à un haut prix.
Inmimif'- o\ r-nnime ln Inrp c\p celui nui se D'après une vague tradition Ligier eut deux frères sculpteurs comme lui.

omiquc, et, comme la laie de celui qui se Souhaut a imaginé de nommer l'aîné de la famille Claude et le cadet Jean,

laisse influencer se montre par 1 exagération En im a épo°se Marguerite Royer dont il eul deux enfants : Gérard, né en

dans les qualités, nous retrouverions chez Ligier 1534j mort en igoo, et une fille, Bernardine qui, en 1558, était épouse de Pierre

Godard, ou Godari, homme ingénieux pour les forteresses.

La mort de Ligier, dit M.'Bour, l'ut, comme sa naissance, entourée de mystère.
On croit qu'il mourut en 1567, à l'âge de soixante-sept ans, environ. Jusqu'alors, on
n'a trouvé aucun document sérieux pouvant fixer le lieu où il rendit le dernier soupir.
On sait seulement que, en 1560, Ligier et son fils Gérard signèrent une pétition
adressée au duc de Lorraine, Charles III, pour obtenir en faveur des réformés calvi-
nisles le libre exercice de leur culte. 11 semble que, à cette époque, tous deux
avaient adopté les nouvelles doctrines religieuses. Leurs supplications ne furent
point écoutées et, dès lors, ils durent quitter Saint-Mihiel pour se réfugier à Genève,
où il ne parait pas qu'ils y exercèrent leur art.

EXPLICATION DES PLANCHES

une autre indication, une autre façon de rendre
1 énergie musculaire.

A notre avis, Ligier n'a subi aucune in-
fluence prépondérante. Il a été instruit du mou-
vement de la Renaissance par l'affinité qui règne
entre les artistes d'une même époque et, si Ton
peut lui adresser un reproche, c'est que, sans
refléter personne, il n'a pas été assez personnel;
il n a pas produit ou du moins il ne nous reste
pas de lui une œuvre, c'est-à-dire un morceau
qui, sans le secours d'aucun agencement scéni-
que, soitl œuvre où il ait réuni toute la force de
son talent.

Le Côté personne], que nous aurions voulu ,
<"-K^~- trouver dans la conception de la composition, La Pâmoison cie la. Vierge (Planche I)

dans l'esthélique des formes, ne se manifeste que par un défaut, la Jf groupe qui représente la Vierge défaillante, soutenue par saint Jean esi
forme opulente, un peu germanisante, mais s il se rapproche des artistes "P™fJ? bepulcre, dit M. Léon Germain, le très érudit archéologue oui a consacré
de l'école allemande, il est beaucoup plus simple et beaucoup plus {jj«J»ÎS&Sï^.iÛS'SSiyiSÎr f"» «««iSîSto ^

mhirpl miViiv S'il en est a nsi pour presque toutes ses œuvres de ° ^"hilzLZ„ '^nt conservées a Saint-Mihiel.
Sculpfur^iîn^n^st pSsde même 'pour a sciilpture ornementale Là, il scen^o^

serait impossible de refuser à Ligier le rôle d'initiateur. Je ne considérerai, j détruits Ligier Richier a représenté!" ^elu^Z^^en!Z^tc^r^
à ce point de vue, qu'une de ses œuvres, œuvre très simple et rès secon- fils attache à la croix l a mère est comme f.apjfée au cœuTpa^
daire : la cheminée qui se trouve mamtenan a la maison curiale de Han-sur- se llent les forces l'abandonnent et elle tomberait anéantie PaMa dou'eu. -

Meuse Refuser le rôle d'inilialeurà celui qui composa celte œuvre en 1d40, *»«« <*•»« ~"- — >» nu-sS.-----„""',,.!

alors oue beaucoup d'archéologues classeraient celte cheminée avec les

- - • -----: uI « . moîe il n a g n (T) I mail

si le

disciple bien-aimé ne soutenait dans ses bras celle que le Christ mourant lui avait
monlrée en lui disant : Fils, voici votre mère ! Ce groupe, traité avec un sentiment
profond, est en bois de noyer tellement vermoulu, qu'on a cru, dit M. Cournault,
devoir l'imbiber d'une couche d'huile chaude colorée par la céruse pour relarder

que beaucoup cl arcneoiuyuoo ----

œuvres du xvmc siècle, me parait impossible; mais il ne s agit, malheureuse- ^

meVfoe„ £aeeSiffi^~iSeinivaui de Ligier par ordre chrono-

logique' en commuant pTrTe relable d'Hattonchâtel dont l'attribution, ffî^'S^I^^ ornemetUs P^hromes dont Ligier Richier avait
nous devons le dire, est très contestée, pour finir au Sépulcre de Saint- La composition de ce groupe n'est pas absolument sans défaut : la position de

M'hiel, on peut voir la succession des efforts de ce artiste, la transfor- kj main gauche du saint Jean, placée sur le sein delà Vierge, est une mTdresse ;

talion qui s'opère et qui amène, petit à petit, la vie dans chacune de ses "P^V^^™^8™ f ef Pas assez marqué, et saint Jean n'a pas l'air de sup-

ceuvres =y.\h Veiffe<ïul> cependant, s'évanouit complètement; maison peut louer l'exprès-

«Ligier Richier, Michel-Ange de la France.» Pourquoi toujours comparer? , une scène iconographique tout à fait différenteTelque nousrffl««iSSS?Stoî

11 Y a un Michel-Ange pour le monde, et son œuvre appartient a tous planche I I, c est-a-dire : la Vierge tenant sur ses genoux le corps inanimé de Jésus,

ceux qui pensent et placent au-dessus de tout, les jouissances émanant du | après la déposition de la croix.

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. - N° 207.
 
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