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LÀRTPOUR-TOU^
jÉii^^^^É^ FNCyCLOPjÉZ>IE VF LARTINDUSTRIEL ET DÉCORATIF
^vH^^^v^Sw •parav.ssant tcrus l
p>arat.ssavu tcrus Les m-otS
FONDÉ PAR EMILE REIBER
Directeur: Henry GUÉDY, architecte (S. A. F.)
^^fl,^! Librairies-Imprimeries réunies
•-.■j^-.iB^L... — ,- - -
7, rue Saint-Benoît \V^_____^^""'*>,®>5
42e Année ^ • Novembre 1903
DE L'IPIPORTHNCE DE IH SILHOUETTE
dans la Décoration
Dans les œuvres de peinture conçues sans
préoccupation de milieu ou d'adaptation
décorative, tels les tableaux de chevalet,
ajoutant un élément de clarté et d'équilibre aux i Ne pouvant guère ici ne présenter que des
qualités picturales, n'est pas à dédaigner. On modèles de petites dimensions, j'aurais cerlai-
comprendra que l'émotion profonde ou la douce nement pu les emprunter, par exemple, aux plats
poésie faisant ici à peu près défaut, il est né- italiens en faïence où les profils des visages, les
cessaire d'en remplacer en partie l'avantage par contours des coiffures, les jeux de banderollefi
l'intérêt d'une silhouette bien comprise accu- flottantes, les feuillages lestement jetés con-
sant, déjà à distance, une sensation agréable. courent à des effets de silhouette très caracté-
Le décorateur n'a jamais trop de moyens à sa
disposition pour obtenir un bon effet et la re-
cherche en question est un de ceux qu'il ne
doit jamais négliger.
D'ailleurs si l'on examine à ce seul point de
vue les oeuvres des grands peintres décora-
ristiques. Mais comme ces motifs sont connus
de tout le monde, que les musées et les publi-
cations en regorgent, j'ai préféré présenter deux
compositions personnelles où la valeur d'art,
assurément discutable, trouvera peut-être une
certaine compensation dans la recherche de Par-
leurs depuis les primitifs (je n'ose dire rangement et surtout de la silhouette dans des
ceux de l'ancienne Egypte) jusqu'à Puvis j cadreg imposés. Ce scra meme une raison pour
rendre la théorie plus probante que si l'on avait
fait choix de modèles classiques dont les qualités
supérieures auraient probablement laissé dans
l'ombre l'objet principal de la présente cau-
serie.
Henri Mayeux,
de Chàvannes, on s'aperçoit aisément
que, malgré la différence de leurs tem-
péraments, tous ont éprouvé la
préoccupation du contour sur le
fond.
Par le temps qui court et avec
le vent d'indépendance qui souffle,
certains artistes décorateurs, je
Professeur d'art décoratif
à VEcole nationale des Beaux-Arts.
par exemple, la silhouette, c'est-à-dire la
découpure des sujets sur les fonds, n'a qu'une
importance relative; la recherche d'une émo-
tion par le sujet même ou par les qualités de
la peinture constituant ici les éléments essen-
tiels de l'effet (1).
Dans les couvres purement décoratives, au
contraire, où les conditions de convenance et le
simple plaisir des yeux sont seuls à rechercher,
'I est hors de doute qu'une bonne silhouette,
parle de ceux seulement qui ont AAAAAAAAAAAAAAAAA
du talent, trouvent inutile cette ■---
condition de Part, sous prétexte ClMABUÉ—GIOTTO—BUONAMICO—ORGÀGNA
d'abord que la nature ne présente peintres
bonne silhouette que par hasard, Suite et fin (2)
que c'est un procédé convenu et ma- _L
chinai, etc. Aussi voit-on parfois des
... Une autre lois, il travaillait dans un couvent
compositions assurément bien conçues, , ...
1 de religieuses et, comme il n agissait jamais
mais où la silhouette fait défaut, ou plutôt cQmme leg autreSj u ne portait en peignant ni
vient comme elle peut, produisant ainsi, à dis- manteau ni capuchon; les religieuses qui regar-
tance, la confusion et le manque d'effet. daient à travers; une fente dans son atelier, se
Comme toujours, la paresse d'esprit est une plaignirent à leur supérieure que Buonamico
des principales raisons cachées de ce dédain peignît en chemise; et voyant que leurs plaintes
injustifié qui, quoi qu'on fasse, ne sera jamais n'amenaient aucun changement, elles pensèrent
définitivement accepté dans l'élude de Part dé- que c'éLail le broyeur de couleurs qui travaillait,
coraiif et firent dire à Buonamico que c'était à lui et
t 1 ., i-i . j. , non à son garçon de faire le'tableau. Buonamico
Il y aurait au contraire beaucoup a dire sur le 6 , . . „.
. , 21 *it_ ... , répondit quelles seraient satisfaites. Il prit
rôle important qu a 1011e la silhouette dans tous , 1 , ,, ., , , ,,
, , . , , donc une Lable, mil une cruche sur cette lable,
les arts du dessin et les exemples a citer seraient gur ,& cruche un capucholl) couvrit le touL
légion, aussi bien dans les peintures murales d»un yaste et large manleau, mit dans le bec de
que dans ses dérivés en céramique, dans les la cruche un pinceau, et partit. Les religieuses
émaux et mosaïques, comme dans les tapisse- vinrent regarder à travers la fenle, et voyant ce
ries et broderies. maitre postiche habillé solennellement comme
un évèque, se retirèrent toulesjoyeuses. Quinze
jours se passèrent sans que Buonamico vînt à
l'alelier, et sans que le mannequin bougeât de
sa place. Une nuit, les religieuses, pensant que
le maitre n'y était plus, et curieuses de voir ce
qu'il avait fait, se glissèrent mystérieusement
jusqu'à l'atelier; elles approchent : l'une d'elles,
plus hardie, arrive jusqu'au tableau. Quelle fut
leur confusion en voyant le mannequin ! Buo-
(1) La sculpture qui ne possède pas des ressources
aussi variées et n'a pas, par suite, autant de compensa-
tions, exige absolument des conditions de bonne silhouette,
autant pour les groupes et statues isolées que pour le
bas-relief.
(2) Voir i'Art pour tous, n° d'oclobre 1903.
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N« 215.
LÀRTPOUR-TOU^
jÉii^^^^É^ FNCyCLOPjÉZ>IE VF LARTINDUSTRIEL ET DÉCORATIF
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FONDÉ PAR EMILE REIBER
Directeur: Henry GUÉDY, architecte (S. A. F.)
^^fl,^! Librairies-Imprimeries réunies
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42e Année ^ • Novembre 1903
DE L'IPIPORTHNCE DE IH SILHOUETTE
dans la Décoration
Dans les œuvres de peinture conçues sans
préoccupation de milieu ou d'adaptation
décorative, tels les tableaux de chevalet,
ajoutant un élément de clarté et d'équilibre aux i Ne pouvant guère ici ne présenter que des
qualités picturales, n'est pas à dédaigner. On modèles de petites dimensions, j'aurais cerlai-
comprendra que l'émotion profonde ou la douce nement pu les emprunter, par exemple, aux plats
poésie faisant ici à peu près défaut, il est né- italiens en faïence où les profils des visages, les
cessaire d'en remplacer en partie l'avantage par contours des coiffures, les jeux de banderollefi
l'intérêt d'une silhouette bien comprise accu- flottantes, les feuillages lestement jetés con-
sant, déjà à distance, une sensation agréable. courent à des effets de silhouette très caracté-
Le décorateur n'a jamais trop de moyens à sa
disposition pour obtenir un bon effet et la re-
cherche en question est un de ceux qu'il ne
doit jamais négliger.
D'ailleurs si l'on examine à ce seul point de
vue les oeuvres des grands peintres décora-
ristiques. Mais comme ces motifs sont connus
de tout le monde, que les musées et les publi-
cations en regorgent, j'ai préféré présenter deux
compositions personnelles où la valeur d'art,
assurément discutable, trouvera peut-être une
certaine compensation dans la recherche de Par-
leurs depuis les primitifs (je n'ose dire rangement et surtout de la silhouette dans des
ceux de l'ancienne Egypte) jusqu'à Puvis j cadreg imposés. Ce scra meme une raison pour
rendre la théorie plus probante que si l'on avait
fait choix de modèles classiques dont les qualités
supérieures auraient probablement laissé dans
l'ombre l'objet principal de la présente cau-
serie.
Henri Mayeux,
de Chàvannes, on s'aperçoit aisément
que, malgré la différence de leurs tem-
péraments, tous ont éprouvé la
préoccupation du contour sur le
fond.
Par le temps qui court et avec
le vent d'indépendance qui souffle,
certains artistes décorateurs, je
Professeur d'art décoratif
à VEcole nationale des Beaux-Arts.
par exemple, la silhouette, c'est-à-dire la
découpure des sujets sur les fonds, n'a qu'une
importance relative; la recherche d'une émo-
tion par le sujet même ou par les qualités de
la peinture constituant ici les éléments essen-
tiels de l'effet (1).
Dans les couvres purement décoratives, au
contraire, où les conditions de convenance et le
simple plaisir des yeux sont seuls à rechercher,
'I est hors de doute qu'une bonne silhouette,
parle de ceux seulement qui ont AAAAAAAAAAAAAAAAA
du talent, trouvent inutile cette ■---
condition de Part, sous prétexte ClMABUÉ—GIOTTO—BUONAMICO—ORGÀGNA
d'abord que la nature ne présente peintres
bonne silhouette que par hasard, Suite et fin (2)
que c'est un procédé convenu et ma- _L
chinai, etc. Aussi voit-on parfois des
... Une autre lois, il travaillait dans un couvent
compositions assurément bien conçues, , ...
1 de religieuses et, comme il n agissait jamais
mais où la silhouette fait défaut, ou plutôt cQmme leg autreSj u ne portait en peignant ni
vient comme elle peut, produisant ainsi, à dis- manteau ni capuchon; les religieuses qui regar-
tance, la confusion et le manque d'effet. daient à travers; une fente dans son atelier, se
Comme toujours, la paresse d'esprit est une plaignirent à leur supérieure que Buonamico
des principales raisons cachées de ce dédain peignît en chemise; et voyant que leurs plaintes
injustifié qui, quoi qu'on fasse, ne sera jamais n'amenaient aucun changement, elles pensèrent
définitivement accepté dans l'élude de Part dé- que c'éLail le broyeur de couleurs qui travaillait,
coraiif et firent dire à Buonamico que c'était à lui et
t 1 ., i-i . j. , non à son garçon de faire le'tableau. Buonamico
Il y aurait au contraire beaucoup a dire sur le 6 , . . „.
. , 21 *it_ ... , répondit quelles seraient satisfaites. Il prit
rôle important qu a 1011e la silhouette dans tous , 1 , ,, ., , , ,,
, , . , , donc une Lable, mil une cruche sur cette lable,
les arts du dessin et les exemples a citer seraient gur ,& cruche un capucholl) couvrit le touL
légion, aussi bien dans les peintures murales d»un yaste et large manleau, mit dans le bec de
que dans ses dérivés en céramique, dans les la cruche un pinceau, et partit. Les religieuses
émaux et mosaïques, comme dans les tapisse- vinrent regarder à travers la fenle, et voyant ce
ries et broderies. maitre postiche habillé solennellement comme
un évèque, se retirèrent toulesjoyeuses. Quinze
jours se passèrent sans que Buonamico vînt à
l'alelier, et sans que le mannequin bougeât de
sa place. Une nuit, les religieuses, pensant que
le maitre n'y était plus, et curieuses de voir ce
qu'il avait fait, se glissèrent mystérieusement
jusqu'à l'atelier; elles approchent : l'une d'elles,
plus hardie, arrive jusqu'au tableau. Quelle fut
leur confusion en voyant le mannequin ! Buo-
(1) La sculpture qui ne possède pas des ressources
aussi variées et n'a pas, par suite, autant de compensa-
tions, exige absolument des conditions de bonne silhouette,
autant pour les groupes et statues isolées que pour le
bas-relief.
(2) Voir i'Art pour tous, n° d'oclobre 1903.
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N« 215.