N° 209
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS
voies et moyens d'assurer l'existence du Comité per-
manent international.
Pour la partie pédagogique, le Congrès sera divisé
en deux sections :
1" section : Enseignement général;
2e section : Enseignement spécial.
La première section étudiera la méthode d'ensei-
gnement du dessin et la valeur sociale de cet ensei-
gnement dans l'éducation générale, depuis le jardin
d'enfants jusqu'au degré le plus élevé, l'Université.
La deuxième section étudiera tout ce qui concerne
l'enseignement du dessin dans l'enseignement spé-
cial, professionnel, technique et artistique.
Pour chacune des deux sections, il a été établi un
programme de questions. Dans la lettre qu'il adresse
aux futurs congressistes, le président termine ainsi :
« Nous espérons, dit-il, que vous voudrez bien parti-
ciper à ce Congrès et nous vous serions reconnais-
sants de bien vouloir faire autour de vous la plus
active propagande en vue d'en augmenter la fré-
quentation.
« Le nombre et la variété des questions portées au
programme étant assez considérable, nous sommes
certains que l'une ou l'autre d'entre elles vous inté-
ressera particulièrement; nous serions heureux de
vous voir au nombre des rapporteurs, et nous vous
prions, si vous voulez bien tenir compte de notre de-
mande, de nous envoyer votre rapport avant la fin de
décembre 1903. »
Un Comité spécial a été désigné pour s'occuper de
rendre aussi agréable et aussi économique que pos-
sible le séjour des congressistes en Suisse.
Toutes les demandes de renseignements et bul-
letins d'adhésion doivent être adressées à M. Blom,
directeur du musée industriel, à Berne.
BIBLIOGRAPHIE
Comment discerner les styles : LE STYLE PIRA-
NES1. Paris, Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine.
Enseigner les styles par l'image, c'était bien là le
moyen de rendre possible à tous, ces éludes un peu
arides; sous cette nouvelle forme, on peut s'instruire
en parcourant seulement un ouvrage. Présenté par un
bibliophile très expert, ce volume peut être utile à
tous, si ce n'est pour l'instruction ; il forme pour
l'amateur un recueil précieux sur le style de la fin du
xvin" siècle.
Le style Piranési contient deux cent soixante repro-
ductions documentaires : cartels, chaises à porteurs,
cheminées et foyers, commodes, consoles, flambeaux,
pendules, sièges, tables, vases, etc.
C'est à Piranési que nous devons la réaction
contre le style rocaille de l'époque Louis XV,
et c'est lui qui amena l'assagissement élégant'du
style Louis XVI.
La vogue que ses productions eurent en Europe, et
principalement en Angleterre, fut infinie, non seule-
ment par l'intérêt qu'il savait donner jusqu'aux plus
petits objets, mais encore parce qu'il semblait à tout
le monde qu'on commençait alors à bien connaître
de loin les antiquités romaines.
Piranési a voulu que chaque objet ait un décor ap-
proprié à la place qu'il doit occuper dans l'édifice,
— qu'il s'agisse d'un palais ou d'une maison, — ap-
proprié également à sa destination, et il l'a rappelé
dans la nécessité du décor qui fait la demeure
agréable.
Mais s'il a voulu à chaque objet mobilier sa forme
belle et son décor heureux, Piranési a exigé encore
que tous ces différents décors s'harmonisent dans la
pièce, et constituent par l'accord de tous les éléments
entre eux une sorte de symphonie qui satisfasse le
goût. Dans son œuvre, il a emprunté à l'antiquité une
infinité de motifs et, par un arrangement adroit, avec
un grand respect de la ligne, avec un sens éveillé de la
pondération, avec une intelligence souple de ce qui
doit être élevé en même temps qu'élégant.
Piranési prêcha d'exemple : s'il n'inventa pas un
style, il amena certainement, par l'intérêt de ses
transpositions de style, une réaction où l'on relève
tous les éléments constitutifs du style Louis XVI. A ce
point de vue spécial il méritait que la partie de son
œuvre, décorative et mobilière, qui se réfère à son
action décisive sur ses contemporains, fût l'objet
d'une publication d'un si grand intérêt; elle sera une
révélation pour un grand nombre de fabricants, d'ar-
tistes décorateurs, d'amateurs et d'antiquaires, qui
trouveront là des documents peu connus sur le style
de la fin du xvm0 siècle.
LE DOCUMENT DU DÉCORATEUR. Paris,
Armand Guérinet, éditeur. Librairie de l'a Art dé-
coratif », 140, faubourg Saint-Martin.
Les documents sérieux sont choses rares en ce qui
concerne l'art moderne, aussi les modèles inédits
d'ornementation, fleurs et figures que met en vente
M. Armand Guérinet, sont-ils bien venus. Ces mo-
dèles peuvent être copiés et interprètes facilement,
parce qu'ils ont été conçus avec l'idée d'être immé-
diatement applicables. Le Document du Décorateur
comprend 32 planches dues à divers auteurs, parmi
lesquels nous citerons MM. Herbinier, V. Coquelle,
Lejeune, Street. Ce recueil, très bien présenté, me
paraît indispensable à tous les artistes qui se laissent
prendre aux charmes du « modem style », et il a sa
raison d'être, étant donnée sa conception pratique et
utilitaire.
HISTOIRE DE LYON depuis les origines jusqu'à
nos jours, par S. Charléty, professeur-adjoint à la
Faculté des Lettres. 1 vol. in-8. A. Rey et Cie,
imprimeurs-éditeurs, à Lyon.
Sous ce titre Histoire de Lyon depuis les origines
jusqu'à nos jours, l'auteur, M. S. Charléty, professeur
à la Faculté des Lettres, présente en un résumé pré-
cis et ordonné l'essentiel de nos connaissances sur
la vie politique, économique, artistique et littéraire
de la ville de Lyon pendant les vingt siècles de son
histoire.
La colonie de Munatius Plancus, capitale opulente
des Gaules, grand carrefour du monde occiden-
tal, subit toutes les misères des temps confus et durs
du moyen âge. Elle en sort par la conquête auda-
cieuse et énergique de son indépendance communale.
Mais l'allié complaisant qu'elle a trouvé dans sa lutte
contre le passé féodal, le roi de France, devient vile
'[ un maître impérieux. Tandis que toute la vitalité de
Lyon éclate dans l'incomparable éclat de sa Renais-
sance, le roi confisque ses libertés, et exploite sans
prévoyance le travail de >-es artisans habiles, de ses
commerçants actifs, qui ont fait de leur villes un des
premiers ateliers de l'Europe. La lièvre révolution-
naire l'agite et y remue des passions plus profondes
et plus durables qu'à Paris même. Puis, quand les
Lyonnais se remettent au travail, c'est pour poser,
avant tous, le redoutable problème social.
Une existence forte, jamais banale, traversée d'é-
clairs, que la centralisation a pu comprimer parfois,
jamais, étouffer, fait de Lyon une des plus hautes
personnalités morales de l'histoire de France.
L'ouvrage de M. Charléty renferme des documents
précieux, présentés sans longueur et d'une façon
claire, cela sans rien omettre de l'histoire de la ville
de Lyon. C'est un livre à lire, parce qu'il est instruc-
tif pour la majorité; et cela sans être le moins du
monde ennuyeux. On prend même plaisir à suivre
ces mouvements et ces personnalités locales, que l'on
ne soupçonnait pas, ainsi la partie de l'ouvrage que M.
Charléty consacre à la période révolutionnaire, com-
porte une étude que l'on regrette à chaque tin de
chapitre de voir trop tôt s'achever.
Le volume est illustré de nombreuses gravures,
qui ne sont pas des compositions quelconques, mais
des documents se rattachant à l'histoire de Lyon.
L'ART DE BATIR LES VILLES, PAR
CAMILLO SITTE. — Notes et réflexions d'un
architecte, traduites et complétées par Camille Mar-
tin. Un vol. in-8 avec dix-sept dessins à la plume
de Pùlzer. Bernoulli et Hindermann, 106 plans de
villes et 4 planches hors texte. Paris, Librairie
Renouard, H. Laurens, éditeur. Genève, Ch. Eggi-
mann et Cie, /go3. — 7 fr. 50.
M. Sitte, architecte et directeur de l'Ecole impériale
et royale des arts industriels à Vienne, fit paraître en
188'J dans cette ville, sous le titre de : Der Stàdtebau
nach setnen Kilnstlerischen Prinppien, une étude
abordant un domaine jusqu'alors à peu près inex-
ploré. Si, en effet, des praticiens avaient déjà exposé
avec méthode les principes de la construction des
villes, personne encore n'avait vu clans celte question
autre chose qu'un problème technique à résoudre.
', M. Sitte, le premier, a tenté de faire revivre l'art de
bâtir les villes. Le succès obtenu par son ouvrage
auprès du public allemand (trois éditions successives)
l'engagea a le faire connaître ailleurs, et c'est à ce
dessein qu'il chargea M. Camille Martin du soin d'en
préparer une édition française. Celle-ci a été soigneu-
sement remaniée et débarrassée des exemples d'un
intérêt trop exclusivement viennois ou allemand. Les
[ illustrations ont été dessinées spécialement pour l'édi-
tion française et les plans des villes ont été revus et
!; complétés.
Dans la première partie de son Art de bâtir les
villes, M. Sitte, après avoir constaté combien les villes
modernes se développent d'une façon peu artistique,
cherche à expliquer l'attrait qu'exercent sur nous les
cités du passe. Il nous démontre, au moyen de nom-
breux exemples, que les villes pittoresques qui nous
charment encore au jourd'hui n'ont point poussé com-
plètement au hasard, mais que leurs habitants, guidés
; par une tradition vivante, les ont construites en obéis-
sant, peut-être sans le savoir, à certains principes
d'art. Ces principes n'étaient point déduits de théories
absolues, mais ils découlaient tout naturellement de
l'observation des faits. Selon les circonstances, ou la
situaiion topographique d'une ville, ses places et ses
rues recelaient une forme ou une autre. C'est pour-
quoi leurs aspects nous ravissent par leur variété, car
ils sont dus à chaque endroit à des causes différentes.
Les progrès accomplis dans le domaine de la science
et dans celui de l'hygiène rendirent évidentes les im-
perfections des villes d'autrefois. Il fallut un peu par-
tout assainir et transformer de vieux quartiers et en
bâtir rapidement de nouveaux. Pour gagner du temps,
on simplifia 1 art de bâtir les villes en le réduisant à
un certain nombre de systèmes. Sur n'importe quel
terrain, fût-il à Paris ou à Berlin, on appliqua un ré-
seau de lignes droites aboutissant à des ronds-points
toujours circulaires. La géométrie et la symétrie furent
les seules sources où les constructeurs de villes allè-
rent puiser leurs inspirations.
L'auteur ne se contente pas de critiquer les métho-
des actuelles, mais il montre comment l'on pourrait
imiter à nouveau les modèles des anciens, non pas en
faisant des copies consciencieuses, mais en exami-
nant ce qu'il y a d'essentiel dans leurs créations et en
l'adaptant aux circonstances mo lernes.
Ces conseils ont été écoutés, et la vue des plans de
villes, projetés ou exécutés pendant ces dernières an-
nées et que le traducteur a joints à l'édition française,
forceront les esprits les plus sceptiques à reconnaître
qu'il n'est pas du tout nécessaire de projeter les plans
des villes modernes de la façon machinale usitée de
nos jours.
Ce volume envisage une question, certes bien ac-
tuelle, sous un jour très nouveau. Il n'intéressera pas
les seuls spécialistes, car l'art de bâtir les villes est,
certes, le plus populaire de tous les arts, celui dont
les manifestations ont le plus d'influence sur la vie de
tous les instants.
CHRONIQUE ARTISTIQUE
THÉÂTRE FRANÇAIS : Les Affaires sont les Affaires,
comédie en trois actes, de M. Octave Mirbeau.
Ma désillusion est grande chaque fois que j'assiste
à la représentation d'une nouvelle pièce de M. Octave
Mirbeau; il me semble, en effet, que ce grand talent
doit produire quelque chose de personnel qui sort de
la banalité habituelle et où l'on reconnaisse la con-
ception du grand artiste qu'il est. Malheureusement,
il n'en est rien, et sa nouvelle comédie, les Affaires
sont les Affaires, est très quelconque, et si M de Fé-
raudy, admirablement entouréde M. Leloiret M"«Lara,
n'enlevait pas avec tant de brio son rôle, on aurait pu
craindre une défaite.
Comment se fait-il que l'auteur du Calvaire, du
Jardin des supplices tombe ainsi dans la banalité et
qu'il mette dans sa p'èce des scènes sans intérêt et
sans portée, étant donné surtout que les personnages,
qu'il transforme en conférenciers, ne sont pas pré-
sentés par l'auteur comme ayant des idées saines et
une morale irréprochable? Tout cela étonne du talent
de M. Mirbeau.
THEATRE DES BOUFFES : P'tit jeune homme,
pièce en trois actes, de MM. Willy et Luvey.
MUe Polaire nous apparaît aujourd'hui en p'tit jeune
homme ; cetie transformation ne nuit en rien au talent
si original de cette artiste, qui a ce quelque chose de
rare et précieux, qu'elle n'imite personne, et que, dans
tous les rôles qu'elle crée, elle a ce côté inaitendu et
ce charme pervers qui lui font une place très person-
nelle. P'tit jeune homme réussira certainement au
Théâtre des Bouffes, car cette pièce renferme des-
scènes vraiment délicieuses. — H. G.
THEATRE DE L'ODÉON
Sous les auspices de M. Paul Ginisty, directeur
du théâtre rational de l'Odéon, vient de se constituer
la « Société des Conférences de l'Odéon », ouverle
à tous les orateurs qui ont pris au moins trois fois la
parole, sur des sujets différents, dans ce théâtre, en
ces dernières années. Ont adhéré déjà: M. Gustave
Larroumet, Mme Dieulafoy, MM. Bérenger, Bernar-
din, Chantavoine, Léo Claretie, Auguste Dorchain,
Léopold Lacour, Lintilhac, George Varor.
PROGRAMME DES SPECTACLES
Opéra........ Lohengrin, pour les débuts du
ténor Scaremberg.
Comédie-Française. P. N Les affaires sont les af-
faires (Mrae Lara, M. de Fé-
raudy).
Odéon........ La Rabouilleuse (M™0 Mégard,
M. Gémier).
Sarah-Bernhardt . . La Damnation de Faust (M™
Lafargue, MM. Renaud, Caze-
neuve et Chalmin.
Vaudeville...... Petite Mère, La Neige.
Nouveautés.....Maître Nilouche (M. Germain,
Mmc Cassive).
Bouffes-Parisiens. . Le P'tit jeune homme (Mm° Po-
laire).
Ambigu.......Le Ruban rouge.
Cluny......... Les Noces de Mlh Loriquet.
Théâtre international d'Art (La Bodinière). Lucifer,.
Don Pietro Caruso.
Nouveau Cirque. . Spectacle équestre, le Cakewalk.
Tour Eiffel. — Ouverte de 10 h. à la nuit. Tous les
jours à 3 heures, aux Folies-Concert, revue Vers
les Etoiles. Restaurant. Déjeuners.
CHEMIN DE FER DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE
VOYAGES CIRCULAIRES A ITINÉRAIRES FIXES
Il est délivré toute l'année, à la gare de Paris-
Lyon, ainsi que dans les principales gares situées sur
les itinéraires, des billets de voyages circulaires à
itinéraires fixes, extrêmement variés, permettant de
visiter, en lr0 ou en 2° classe, à des prix très réduits,
les contrées les plus intéressantes de la France ainsi
que l'Algérie, la Tunisie, l'Italie, l'Espagne, l'Autriche
et la Bavière.
Avis important. — Les renseignements les plus
complets sur les voyages circulaires et d'excursion
(prix, conditions, cartes et itinéraires) ainsi que sur
les billets simples et d'aller et retour, caries d'abon-
nement, relations internationales, horaires, etc., sont
renfermés dans le Livret-Guide officiel édité par la
Compagnie P.-L.-M. et mis en vente au prix de 50
centimes dans les gares, bureaux de ville et dans
les bibliothèques des gares de la Compagnie ; ce
livret est également envoyé contre 0 fr. 85 adressés
en timbres-poste au Service Central de l'Exploitation
P.-L.-M. (publicité), 20, boulevard Diderot, Paris.
L'administration de l'Art pour tous recommande
comme professeur d'anglais M'"" Redman, de Londres,
demeurant 164, rue Ordener (XVIIIe arr.). 2 fr. chez
le professeur, 3 fr. en ville.
11249 — Librairies-Imprimeries r:unie-, rue Saint-Benoit, 7, Paris.— Mottekoz, di:ecteur.
Le Gérant : Motteroz.
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS
voies et moyens d'assurer l'existence du Comité per-
manent international.
Pour la partie pédagogique, le Congrès sera divisé
en deux sections :
1" section : Enseignement général;
2e section : Enseignement spécial.
La première section étudiera la méthode d'ensei-
gnement du dessin et la valeur sociale de cet ensei-
gnement dans l'éducation générale, depuis le jardin
d'enfants jusqu'au degré le plus élevé, l'Université.
La deuxième section étudiera tout ce qui concerne
l'enseignement du dessin dans l'enseignement spé-
cial, professionnel, technique et artistique.
Pour chacune des deux sections, il a été établi un
programme de questions. Dans la lettre qu'il adresse
aux futurs congressistes, le président termine ainsi :
« Nous espérons, dit-il, que vous voudrez bien parti-
ciper à ce Congrès et nous vous serions reconnais-
sants de bien vouloir faire autour de vous la plus
active propagande en vue d'en augmenter la fré-
quentation.
« Le nombre et la variété des questions portées au
programme étant assez considérable, nous sommes
certains que l'une ou l'autre d'entre elles vous inté-
ressera particulièrement; nous serions heureux de
vous voir au nombre des rapporteurs, et nous vous
prions, si vous voulez bien tenir compte de notre de-
mande, de nous envoyer votre rapport avant la fin de
décembre 1903. »
Un Comité spécial a été désigné pour s'occuper de
rendre aussi agréable et aussi économique que pos-
sible le séjour des congressistes en Suisse.
Toutes les demandes de renseignements et bul-
letins d'adhésion doivent être adressées à M. Blom,
directeur du musée industriel, à Berne.
BIBLIOGRAPHIE
Comment discerner les styles : LE STYLE PIRA-
NES1. Paris, Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine.
Enseigner les styles par l'image, c'était bien là le
moyen de rendre possible à tous, ces éludes un peu
arides; sous cette nouvelle forme, on peut s'instruire
en parcourant seulement un ouvrage. Présenté par un
bibliophile très expert, ce volume peut être utile à
tous, si ce n'est pour l'instruction ; il forme pour
l'amateur un recueil précieux sur le style de la fin du
xvin" siècle.
Le style Piranési contient deux cent soixante repro-
ductions documentaires : cartels, chaises à porteurs,
cheminées et foyers, commodes, consoles, flambeaux,
pendules, sièges, tables, vases, etc.
C'est à Piranési que nous devons la réaction
contre le style rocaille de l'époque Louis XV,
et c'est lui qui amena l'assagissement élégant'du
style Louis XVI.
La vogue que ses productions eurent en Europe, et
principalement en Angleterre, fut infinie, non seule-
ment par l'intérêt qu'il savait donner jusqu'aux plus
petits objets, mais encore parce qu'il semblait à tout
le monde qu'on commençait alors à bien connaître
de loin les antiquités romaines.
Piranési a voulu que chaque objet ait un décor ap-
proprié à la place qu'il doit occuper dans l'édifice,
— qu'il s'agisse d'un palais ou d'une maison, — ap-
proprié également à sa destination, et il l'a rappelé
dans la nécessité du décor qui fait la demeure
agréable.
Mais s'il a voulu à chaque objet mobilier sa forme
belle et son décor heureux, Piranési a exigé encore
que tous ces différents décors s'harmonisent dans la
pièce, et constituent par l'accord de tous les éléments
entre eux une sorte de symphonie qui satisfasse le
goût. Dans son œuvre, il a emprunté à l'antiquité une
infinité de motifs et, par un arrangement adroit, avec
un grand respect de la ligne, avec un sens éveillé de la
pondération, avec une intelligence souple de ce qui
doit être élevé en même temps qu'élégant.
Piranési prêcha d'exemple : s'il n'inventa pas un
style, il amena certainement, par l'intérêt de ses
transpositions de style, une réaction où l'on relève
tous les éléments constitutifs du style Louis XVI. A ce
point de vue spécial il méritait que la partie de son
œuvre, décorative et mobilière, qui se réfère à son
action décisive sur ses contemporains, fût l'objet
d'une publication d'un si grand intérêt; elle sera une
révélation pour un grand nombre de fabricants, d'ar-
tistes décorateurs, d'amateurs et d'antiquaires, qui
trouveront là des documents peu connus sur le style
de la fin du xvm0 siècle.
LE DOCUMENT DU DÉCORATEUR. Paris,
Armand Guérinet, éditeur. Librairie de l'a Art dé-
coratif », 140, faubourg Saint-Martin.
Les documents sérieux sont choses rares en ce qui
concerne l'art moderne, aussi les modèles inédits
d'ornementation, fleurs et figures que met en vente
M. Armand Guérinet, sont-ils bien venus. Ces mo-
dèles peuvent être copiés et interprètes facilement,
parce qu'ils ont été conçus avec l'idée d'être immé-
diatement applicables. Le Document du Décorateur
comprend 32 planches dues à divers auteurs, parmi
lesquels nous citerons MM. Herbinier, V. Coquelle,
Lejeune, Street. Ce recueil, très bien présenté, me
paraît indispensable à tous les artistes qui se laissent
prendre aux charmes du « modem style », et il a sa
raison d'être, étant donnée sa conception pratique et
utilitaire.
HISTOIRE DE LYON depuis les origines jusqu'à
nos jours, par S. Charléty, professeur-adjoint à la
Faculté des Lettres. 1 vol. in-8. A. Rey et Cie,
imprimeurs-éditeurs, à Lyon.
Sous ce titre Histoire de Lyon depuis les origines
jusqu'à nos jours, l'auteur, M. S. Charléty, professeur
à la Faculté des Lettres, présente en un résumé pré-
cis et ordonné l'essentiel de nos connaissances sur
la vie politique, économique, artistique et littéraire
de la ville de Lyon pendant les vingt siècles de son
histoire.
La colonie de Munatius Plancus, capitale opulente
des Gaules, grand carrefour du monde occiden-
tal, subit toutes les misères des temps confus et durs
du moyen âge. Elle en sort par la conquête auda-
cieuse et énergique de son indépendance communale.
Mais l'allié complaisant qu'elle a trouvé dans sa lutte
contre le passé féodal, le roi de France, devient vile
'[ un maître impérieux. Tandis que toute la vitalité de
Lyon éclate dans l'incomparable éclat de sa Renais-
sance, le roi confisque ses libertés, et exploite sans
prévoyance le travail de >-es artisans habiles, de ses
commerçants actifs, qui ont fait de leur villes un des
premiers ateliers de l'Europe. La lièvre révolution-
naire l'agite et y remue des passions plus profondes
et plus durables qu'à Paris même. Puis, quand les
Lyonnais se remettent au travail, c'est pour poser,
avant tous, le redoutable problème social.
Une existence forte, jamais banale, traversée d'é-
clairs, que la centralisation a pu comprimer parfois,
jamais, étouffer, fait de Lyon une des plus hautes
personnalités morales de l'histoire de France.
L'ouvrage de M. Charléty renferme des documents
précieux, présentés sans longueur et d'une façon
claire, cela sans rien omettre de l'histoire de la ville
de Lyon. C'est un livre à lire, parce qu'il est instruc-
tif pour la majorité; et cela sans être le moins du
monde ennuyeux. On prend même plaisir à suivre
ces mouvements et ces personnalités locales, que l'on
ne soupçonnait pas, ainsi la partie de l'ouvrage que M.
Charléty consacre à la période révolutionnaire, com-
porte une étude que l'on regrette à chaque tin de
chapitre de voir trop tôt s'achever.
Le volume est illustré de nombreuses gravures,
qui ne sont pas des compositions quelconques, mais
des documents se rattachant à l'histoire de Lyon.
L'ART DE BATIR LES VILLES, PAR
CAMILLO SITTE. — Notes et réflexions d'un
architecte, traduites et complétées par Camille Mar-
tin. Un vol. in-8 avec dix-sept dessins à la plume
de Pùlzer. Bernoulli et Hindermann, 106 plans de
villes et 4 planches hors texte. Paris, Librairie
Renouard, H. Laurens, éditeur. Genève, Ch. Eggi-
mann et Cie, /go3. — 7 fr. 50.
M. Sitte, architecte et directeur de l'Ecole impériale
et royale des arts industriels à Vienne, fit paraître en
188'J dans cette ville, sous le titre de : Der Stàdtebau
nach setnen Kilnstlerischen Prinppien, une étude
abordant un domaine jusqu'alors à peu près inex-
ploré. Si, en effet, des praticiens avaient déjà exposé
avec méthode les principes de la construction des
villes, personne encore n'avait vu clans celte question
autre chose qu'un problème technique à résoudre.
', M. Sitte, le premier, a tenté de faire revivre l'art de
bâtir les villes. Le succès obtenu par son ouvrage
auprès du public allemand (trois éditions successives)
l'engagea a le faire connaître ailleurs, et c'est à ce
dessein qu'il chargea M. Camille Martin du soin d'en
préparer une édition française. Celle-ci a été soigneu-
sement remaniée et débarrassée des exemples d'un
intérêt trop exclusivement viennois ou allemand. Les
[ illustrations ont été dessinées spécialement pour l'édi-
tion française et les plans des villes ont été revus et
!; complétés.
Dans la première partie de son Art de bâtir les
villes, M. Sitte, après avoir constaté combien les villes
modernes se développent d'une façon peu artistique,
cherche à expliquer l'attrait qu'exercent sur nous les
cités du passe. Il nous démontre, au moyen de nom-
breux exemples, que les villes pittoresques qui nous
charment encore au jourd'hui n'ont point poussé com-
plètement au hasard, mais que leurs habitants, guidés
; par une tradition vivante, les ont construites en obéis-
sant, peut-être sans le savoir, à certains principes
d'art. Ces principes n'étaient point déduits de théories
absolues, mais ils découlaient tout naturellement de
l'observation des faits. Selon les circonstances, ou la
situaiion topographique d'une ville, ses places et ses
rues recelaient une forme ou une autre. C'est pour-
quoi leurs aspects nous ravissent par leur variété, car
ils sont dus à chaque endroit à des causes différentes.
Les progrès accomplis dans le domaine de la science
et dans celui de l'hygiène rendirent évidentes les im-
perfections des villes d'autrefois. Il fallut un peu par-
tout assainir et transformer de vieux quartiers et en
bâtir rapidement de nouveaux. Pour gagner du temps,
on simplifia 1 art de bâtir les villes en le réduisant à
un certain nombre de systèmes. Sur n'importe quel
terrain, fût-il à Paris ou à Berlin, on appliqua un ré-
seau de lignes droites aboutissant à des ronds-points
toujours circulaires. La géométrie et la symétrie furent
les seules sources où les constructeurs de villes allè-
rent puiser leurs inspirations.
L'auteur ne se contente pas de critiquer les métho-
des actuelles, mais il montre comment l'on pourrait
imiter à nouveau les modèles des anciens, non pas en
faisant des copies consciencieuses, mais en exami-
nant ce qu'il y a d'essentiel dans leurs créations et en
l'adaptant aux circonstances mo lernes.
Ces conseils ont été écoutés, et la vue des plans de
villes, projetés ou exécutés pendant ces dernières an-
nées et que le traducteur a joints à l'édition française,
forceront les esprits les plus sceptiques à reconnaître
qu'il n'est pas du tout nécessaire de projeter les plans
des villes modernes de la façon machinale usitée de
nos jours.
Ce volume envisage une question, certes bien ac-
tuelle, sous un jour très nouveau. Il n'intéressera pas
les seuls spécialistes, car l'art de bâtir les villes est,
certes, le plus populaire de tous les arts, celui dont
les manifestations ont le plus d'influence sur la vie de
tous les instants.
CHRONIQUE ARTISTIQUE
THÉÂTRE FRANÇAIS : Les Affaires sont les Affaires,
comédie en trois actes, de M. Octave Mirbeau.
Ma désillusion est grande chaque fois que j'assiste
à la représentation d'une nouvelle pièce de M. Octave
Mirbeau; il me semble, en effet, que ce grand talent
doit produire quelque chose de personnel qui sort de
la banalité habituelle et où l'on reconnaisse la con-
ception du grand artiste qu'il est. Malheureusement,
il n'en est rien, et sa nouvelle comédie, les Affaires
sont les Affaires, est très quelconque, et si M de Fé-
raudy, admirablement entouréde M. Leloiret M"«Lara,
n'enlevait pas avec tant de brio son rôle, on aurait pu
craindre une défaite.
Comment se fait-il que l'auteur du Calvaire, du
Jardin des supplices tombe ainsi dans la banalité et
qu'il mette dans sa p'èce des scènes sans intérêt et
sans portée, étant donné surtout que les personnages,
qu'il transforme en conférenciers, ne sont pas pré-
sentés par l'auteur comme ayant des idées saines et
une morale irréprochable? Tout cela étonne du talent
de M. Mirbeau.
THEATRE DES BOUFFES : P'tit jeune homme,
pièce en trois actes, de MM. Willy et Luvey.
MUe Polaire nous apparaît aujourd'hui en p'tit jeune
homme ; cetie transformation ne nuit en rien au talent
si original de cette artiste, qui a ce quelque chose de
rare et précieux, qu'elle n'imite personne, et que, dans
tous les rôles qu'elle crée, elle a ce côté inaitendu et
ce charme pervers qui lui font une place très person-
nelle. P'tit jeune homme réussira certainement au
Théâtre des Bouffes, car cette pièce renferme des-
scènes vraiment délicieuses. — H. G.
THEATRE DE L'ODÉON
Sous les auspices de M. Paul Ginisty, directeur
du théâtre rational de l'Odéon, vient de se constituer
la « Société des Conférences de l'Odéon », ouverle
à tous les orateurs qui ont pris au moins trois fois la
parole, sur des sujets différents, dans ce théâtre, en
ces dernières années. Ont adhéré déjà: M. Gustave
Larroumet, Mme Dieulafoy, MM. Bérenger, Bernar-
din, Chantavoine, Léo Claretie, Auguste Dorchain,
Léopold Lacour, Lintilhac, George Varor.
PROGRAMME DES SPECTACLES
Opéra........ Lohengrin, pour les débuts du
ténor Scaremberg.
Comédie-Française. P. N Les affaires sont les af-
faires (Mrae Lara, M. de Fé-
raudy).
Odéon........ La Rabouilleuse (M™0 Mégard,
M. Gémier).
Sarah-Bernhardt . . La Damnation de Faust (M™
Lafargue, MM. Renaud, Caze-
neuve et Chalmin.
Vaudeville...... Petite Mère, La Neige.
Nouveautés.....Maître Nilouche (M. Germain,
Mmc Cassive).
Bouffes-Parisiens. . Le P'tit jeune homme (Mm° Po-
laire).
Ambigu.......Le Ruban rouge.
Cluny......... Les Noces de Mlh Loriquet.
Théâtre international d'Art (La Bodinière). Lucifer,.
Don Pietro Caruso.
Nouveau Cirque. . Spectacle équestre, le Cakewalk.
Tour Eiffel. — Ouverte de 10 h. à la nuit. Tous les
jours à 3 heures, aux Folies-Concert, revue Vers
les Etoiles. Restaurant. Déjeuners.
CHEMIN DE FER DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE
VOYAGES CIRCULAIRES A ITINÉRAIRES FIXES
Il est délivré toute l'année, à la gare de Paris-
Lyon, ainsi que dans les principales gares situées sur
les itinéraires, des billets de voyages circulaires à
itinéraires fixes, extrêmement variés, permettant de
visiter, en lr0 ou en 2° classe, à des prix très réduits,
les contrées les plus intéressantes de la France ainsi
que l'Algérie, la Tunisie, l'Italie, l'Espagne, l'Autriche
et la Bavière.
Avis important. — Les renseignements les plus
complets sur les voyages circulaires et d'excursion
(prix, conditions, cartes et itinéraires) ainsi que sur
les billets simples et d'aller et retour, caries d'abon-
nement, relations internationales, horaires, etc., sont
renfermés dans le Livret-Guide officiel édité par la
Compagnie P.-L.-M. et mis en vente au prix de 50
centimes dans les gares, bureaux de ville et dans
les bibliothèques des gares de la Compagnie ; ce
livret est également envoyé contre 0 fr. 85 adressés
en timbres-poste au Service Central de l'Exploitation
P.-L.-M. (publicité), 20, boulevard Diderot, Paris.
L'administration de l'Art pour tous recommande
comme professeur d'anglais M'"" Redman, de Londres,
demeurant 164, rue Ordener (XVIIIe arr.). 2 fr. chez
le professeur, 3 fr. en ville.
11249 — Librairies-Imprimeries r:unie-, rue Saint-Benoit, 7, Paris.— Mottekoz, di:ecteur.
Le Gérant : Motteroz.