^fcÉ^4o4SÏ 1036=1037
L'ARTPOUR-TOÛS
FAfCYCLOPgDJZDF L'ART/NjDUSmΣL ET'DECORATIF
j3aravssan,t toxis les m.oi.S
FONDÉ PAR EMILE REIEER
Directeur: Henry GUÉDY, architecte (S. A. f
Librairies-Imprimeries ré
Arvciermo Maison MoVèl
^SEffg^fiirrain 3jo5BMil PARIS
i- r~" "*^-_^^7 7>rue Saint-Benoit '
<+2e Année ____
Août 1903
LÀ
PHOTOGRAPHIE DES COULEURS
H y a beaucoup de personnes qui ne saventpas
si le problème de la photographie des couleurs
est scientifiquement résolu. Ce doute est légi-
time, car on a décrit, et surtout vendu, des pro-
cédés de photographie en couleurs qui sont de
simples coloriages d'épreuves ordinaires mono-
chromes.
11 existe en réalité deux méthodes scientifiques
d'encres colorées transparentes. Deux procédés > procédé trichrome ou indirect • 2° le procédé in
photomécaniques, la photocollographie (photo- j terférentiel ou direct.
typie) et la phololypogravure (simili-gravure),
conviennent particulièrement à ce genre de
travaux.
*
* *
Le lecteur se demandera sans doute quel est
l'avenir réservé à l'un et l'autre de ces procédés ;
quel est actuellement le plus accessible a un
amateur.
« L'expérience a déjà répondu en ce qui con-
cerne le procédé trichrome qui est devenu indus-
triel. Ce procédé s'est développé en Allemagne
et plus encore; en Amérique. On en tire parti
pour l'illustration des livres et des prospectus
industriels, et il fera sans doute encore des pro-
grès. Son principal avantage est de se prêter aux
C'est M. Gabriel Lippmann, professeur à la
Faculté des sciences de l'Université de Paris,
qui a donné en 1891 la solution définitive de la
photographie directe des couleurs.
Dans ce second procédé, on enregistre, en
quelque sorte mécaniquement, l'ondulation lumi-
de photographie des couleurs; mais, avant d'en ncuse, comme on enregistre l'onde sonore dans
donner le principe, nous emprunterons à Ducos \e phonographe. Les différentes couleurs sont tirages photomécaniques, c'est-à-dire à la multi
du Hauron, 1 mvenleur de l'un des procédés, la comme les hauteurs diverses des sons enre- plication indéfinie des épreuves. Il est un peu
aetinition — un peu ardue— du problème. p-i<;trè<j „ r .a j j ■ i- i • .
« le r>k«t™.!o„i a„<, i „ j- ! &isues- j complique de produire six clichés pour obtenir
Cette découverte a été réalisée de toutes
pièces, sansrienatlendredu hasard. M. Lippmann
s'est laissé guider uniquement par la théorie ma-
thématique de la lumière. Par la perfection des
résultats, par la valeur scientifique, c'est une des
plus belles découvertes du siècle.
Pour réaliser une photographie des couleurs,
on opère comme pour obtenir un cliché ordi-
naire, on fait une seule pose, un seul développe-
ment, mais il faut une plaque parfaitement trans-
parente, et non translucide comme celles du
commerce, une émulsion extrêmement fine, et
enfin il est nécessaire de placer derrière la
plaque un miroir réfléchissant de mercure.
Les couleurs apparaissent au développement,
elles sont absolument de la même nature que les
couleurs des bulles de savon; elles sont dues au
mécanisme même de la réflexion de la lumière à
l'intérieur d'une lame mince transparente.
Il n'y a besoin d'aucune mise en couleur,
d'aucun choix de pigments colorés arbitraires.
« La photographie des couleurs comprend
toute méthode, soit directe, soit à empreintes
réversibles, à l'aide de laquelle on crée, par
l'action de la lumière et sans l'intervention d'un
travail manuel, soit graphique, soit pictural, un
tableau polychrome dont chaque point provoque
une sensation de lumière et de couleur semblable
à la sensation que provoque chaque point corres-
pondant du modèle. »
Le premier procédé, le plus ancien en date,
fut découvert simultanément, à l'insu l'un de
l'autre, par Ch. Cros et L. Ducos du Hauron,
vers 1868. C'est un procédé indirect. La base
expérimentale sur laquelle il repose est la sui-
vante : « Par le mélange en certaines proportions
de trois couleurs convenablement choisies, dites
couleurs fondamentales, on peut à volonté, étant
donnée une couleur quelconque, produire une
nuance dont l'effet sur l'œil soit identique. »
Supposons qu'on tire trois clichés d'un tableau
coloré, respectivement à travers un verre rouge
.orangé, un verre vert, un verre violet. On ob-
tiendra ainsi trois négatifs différents, mais noirs
et blancs comme les négatifs ordinaires. Avec
ces trois négatifs, on tire trois positifs sur trois
une seule épreuve, mais celte complication de-
vient insignifiante quand on veut tirer à mille ou
dix mille exemplaires. »
De grandes maisons de photographie mettent
dans le commerce des appareils particulièrement
destinés à la photographie trichrome, par le pro-
cédé Ducos du Hauron, en même temps que les
écrans, les plaques et les papiers transparents
convenables.
En résumé, le procédé trichrome est, en ce
moment, à la fois et le procédé industriel et le
plus accessible aux particuliers.
#
* *
On ne peut pas prédire des destinées indus-
trielles aussi brillantes au procédé direct de
M. Lippmann. Il fournit, par une pose unique et
un développement d'un quart d'heure, une
épreuve qui est unique aussi. Pour avoir une se-
conde épreuve, il faut, actuellement du moins,
recommencer toute la série des opérations. De
lames transparentes colorées dont les couleurs ^ ^ gom dg leg disposer à l'avance
respectives sont bleu, rouge, jaune, c'est-à-dire dg façon que chacun pût y voir les couleurs;
complémentaires de celles des écrans corres- dleg ng gont en effel visibles que pour une po
pondants. sition déterminée.
Si on a convenablement repéré ces images Teis sonL, gro^o moio, les principes des deux
monochromes, on peut, en les superposant, ob- meLhodes de chromophotographie. Des ouvrages
tenir une image colorée, à très peu près exacte, speciaux existent, où l'on trouve la manière de
du modèle original. ... ! les mettre en œuvre (1).
I es couleurs apparaissent d'elles-mêmes à leur ,.. „ , ^ , , ,c „ ' .
ua, cuuicuia chinai p\i\s, dit M. Lippmann dans la préface d un de
place- ' ses ouvrages : « il ne pourra se répandre parmi
Malheureusement, ces photographies des cou- ^ amateurg) que si el fabricant de i_
eurs doivent être regardées par réflexion, et intelligenf consent à mettre en vente les
sous un angle déterminé. Nous avons pu en ad- ; transparentes qui y sont nécessaires ».
mirer quelques-unes à lExposilion universelle, . » , . ,. , ,
Ajoutons que la labncation de ces plaques est
délicate, et que peu d'amateurs ont réussi les
opérations que ce procédé exige. Les résultats
sont un peu irréguliers, malgré tout le soin qu'y
apportent des opérateurs habiles.
Par contre, lès épreuves fournies par ce pro-
cédé peuvent être d'une perfection remarquable
comme éclat, comme fidélité el comme fi-
nesse.
La difficulté est, d'une part, le choix des trois ^ , Ce m>ocede es, SUpé,.jeiu. à tout autre pour
couleurs fondamentales; d'autre part, le choix ^ donc auj0Urd'hui deux solutions du pro- fournir la copie indestructible d'un tableau, d'un
des écrans transparents de couleurs comp e- ... ^ de la photographie des couleurs : 1° le paysage, le portrait d'une personne.
menlaires._____ _.- Nous pensons que le procédé trichrome gar-
pi ,iai nnp d'exécuter ainsi trois monochromes cieic , La photographie des couleurs (Ency- ^era sa suprématie industrielle, mais que, sur le
transparTts que l'on superpose ensuite, il est ^fc LW*> « ^LÏ '* ^ " terrain artistique, l'avenir est au procédé direct
,„„ nnint de vue industriel de question. r „ *L La photographie des couleurs. de M. Lippmann. ______......
plus avantageux au po nt de A ^la^rapHiï desUeurs par la rnétUode . Fernand
superposer sur une feuille de pap j .^J^ de M, Lippmam.
impressions exécutées a la presse
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. - N- 212.
L'ARTPOUR-TOÛS
FAfCYCLOPgDJZDF L'ART/NjDUSmΣL ET'DECORATIF
j3aravssan,t toxis les m.oi.S
FONDÉ PAR EMILE REIEER
Directeur: Henry GUÉDY, architecte (S. A. f
Librairies-Imprimeries ré
Arvciermo Maison MoVèl
^SEffg^fiirrain 3jo5BMil PARIS
i- r~" "*^-_^^7 7>rue Saint-Benoit '
<+2e Année ____
Août 1903
LÀ
PHOTOGRAPHIE DES COULEURS
H y a beaucoup de personnes qui ne saventpas
si le problème de la photographie des couleurs
est scientifiquement résolu. Ce doute est légi-
time, car on a décrit, et surtout vendu, des pro-
cédés de photographie en couleurs qui sont de
simples coloriages d'épreuves ordinaires mono-
chromes.
11 existe en réalité deux méthodes scientifiques
d'encres colorées transparentes. Deux procédés > procédé trichrome ou indirect • 2° le procédé in
photomécaniques, la photocollographie (photo- j terférentiel ou direct.
typie) et la phololypogravure (simili-gravure),
conviennent particulièrement à ce genre de
travaux.
*
* *
Le lecteur se demandera sans doute quel est
l'avenir réservé à l'un et l'autre de ces procédés ;
quel est actuellement le plus accessible a un
amateur.
« L'expérience a déjà répondu en ce qui con-
cerne le procédé trichrome qui est devenu indus-
triel. Ce procédé s'est développé en Allemagne
et plus encore; en Amérique. On en tire parti
pour l'illustration des livres et des prospectus
industriels, et il fera sans doute encore des pro-
grès. Son principal avantage est de se prêter aux
C'est M. Gabriel Lippmann, professeur à la
Faculté des sciences de l'Université de Paris,
qui a donné en 1891 la solution définitive de la
photographie directe des couleurs.
Dans ce second procédé, on enregistre, en
quelque sorte mécaniquement, l'ondulation lumi-
de photographie des couleurs; mais, avant d'en ncuse, comme on enregistre l'onde sonore dans
donner le principe, nous emprunterons à Ducos \e phonographe. Les différentes couleurs sont tirages photomécaniques, c'est-à-dire à la multi
du Hauron, 1 mvenleur de l'un des procédés, la comme les hauteurs diverses des sons enre- plication indéfinie des épreuves. Il est un peu
aetinition — un peu ardue— du problème. p-i<;trè<j „ r .a j j ■ i- i • .
« le r>k«t™.!o„i a„<, i „ j- ! &isues- j complique de produire six clichés pour obtenir
Cette découverte a été réalisée de toutes
pièces, sansrienatlendredu hasard. M. Lippmann
s'est laissé guider uniquement par la théorie ma-
thématique de la lumière. Par la perfection des
résultats, par la valeur scientifique, c'est une des
plus belles découvertes du siècle.
Pour réaliser une photographie des couleurs,
on opère comme pour obtenir un cliché ordi-
naire, on fait une seule pose, un seul développe-
ment, mais il faut une plaque parfaitement trans-
parente, et non translucide comme celles du
commerce, une émulsion extrêmement fine, et
enfin il est nécessaire de placer derrière la
plaque un miroir réfléchissant de mercure.
Les couleurs apparaissent au développement,
elles sont absolument de la même nature que les
couleurs des bulles de savon; elles sont dues au
mécanisme même de la réflexion de la lumière à
l'intérieur d'une lame mince transparente.
Il n'y a besoin d'aucune mise en couleur,
d'aucun choix de pigments colorés arbitraires.
« La photographie des couleurs comprend
toute méthode, soit directe, soit à empreintes
réversibles, à l'aide de laquelle on crée, par
l'action de la lumière et sans l'intervention d'un
travail manuel, soit graphique, soit pictural, un
tableau polychrome dont chaque point provoque
une sensation de lumière et de couleur semblable
à la sensation que provoque chaque point corres-
pondant du modèle. »
Le premier procédé, le plus ancien en date,
fut découvert simultanément, à l'insu l'un de
l'autre, par Ch. Cros et L. Ducos du Hauron,
vers 1868. C'est un procédé indirect. La base
expérimentale sur laquelle il repose est la sui-
vante : « Par le mélange en certaines proportions
de trois couleurs convenablement choisies, dites
couleurs fondamentales, on peut à volonté, étant
donnée une couleur quelconque, produire une
nuance dont l'effet sur l'œil soit identique. »
Supposons qu'on tire trois clichés d'un tableau
coloré, respectivement à travers un verre rouge
.orangé, un verre vert, un verre violet. On ob-
tiendra ainsi trois négatifs différents, mais noirs
et blancs comme les négatifs ordinaires. Avec
ces trois négatifs, on tire trois positifs sur trois
une seule épreuve, mais celte complication de-
vient insignifiante quand on veut tirer à mille ou
dix mille exemplaires. »
De grandes maisons de photographie mettent
dans le commerce des appareils particulièrement
destinés à la photographie trichrome, par le pro-
cédé Ducos du Hauron, en même temps que les
écrans, les plaques et les papiers transparents
convenables.
En résumé, le procédé trichrome est, en ce
moment, à la fois et le procédé industriel et le
plus accessible aux particuliers.
#
* *
On ne peut pas prédire des destinées indus-
trielles aussi brillantes au procédé direct de
M. Lippmann. Il fournit, par une pose unique et
un développement d'un quart d'heure, une
épreuve qui est unique aussi. Pour avoir une se-
conde épreuve, il faut, actuellement du moins,
recommencer toute la série des opérations. De
lames transparentes colorées dont les couleurs ^ ^ gom dg leg disposer à l'avance
respectives sont bleu, rouge, jaune, c'est-à-dire dg façon que chacun pût y voir les couleurs;
complémentaires de celles des écrans corres- dleg ng gont en effel visibles que pour une po
pondants. sition déterminée.
Si on a convenablement repéré ces images Teis sonL, gro^o moio, les principes des deux
monochromes, on peut, en les superposant, ob- meLhodes de chromophotographie. Des ouvrages
tenir une image colorée, à très peu près exacte, speciaux existent, où l'on trouve la manière de
du modèle original. ... ! les mettre en œuvre (1).
I es couleurs apparaissent d'elles-mêmes à leur ,.. „ , ^ , , ,c „ ' .
ua, cuuicuia chinai p\i\s, dit M. Lippmann dans la préface d un de
place- ' ses ouvrages : « il ne pourra se répandre parmi
Malheureusement, ces photographies des cou- ^ amateurg) que si el fabricant de i_
eurs doivent être regardées par réflexion, et intelligenf consent à mettre en vente les
sous un angle déterminé. Nous avons pu en ad- ; transparentes qui y sont nécessaires ».
mirer quelques-unes à lExposilion universelle, . » , . ,. , ,
Ajoutons que la labncation de ces plaques est
délicate, et que peu d'amateurs ont réussi les
opérations que ce procédé exige. Les résultats
sont un peu irréguliers, malgré tout le soin qu'y
apportent des opérateurs habiles.
Par contre, lès épreuves fournies par ce pro-
cédé peuvent être d'une perfection remarquable
comme éclat, comme fidélité el comme fi-
nesse.
La difficulté est, d'une part, le choix des trois ^ , Ce m>ocede es, SUpé,.jeiu. à tout autre pour
couleurs fondamentales; d'autre part, le choix ^ donc auj0Urd'hui deux solutions du pro- fournir la copie indestructible d'un tableau, d'un
des écrans transparents de couleurs comp e- ... ^ de la photographie des couleurs : 1° le paysage, le portrait d'une personne.
menlaires._____ _.- Nous pensons que le procédé trichrome gar-
pi ,iai nnp d'exécuter ainsi trois monochromes cieic , La photographie des couleurs (Ency- ^era sa suprématie industrielle, mais que, sur le
transparTts que l'on superpose ensuite, il est ^fc LW*> « ^LÏ '* ^ " terrain artistique, l'avenir est au procédé direct
,„„ nnint de vue industriel de question. r „ *L La photographie des couleurs. de M. Lippmann. ______......
plus avantageux au po nt de A ^la^rapHiï desUeurs par la rnétUode . Fernand
superposer sur une feuille de pap j .^J^ de M, Lippmam.
impressions exécutées a la presse
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. - N- 212.