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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1908

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No 1 (1908)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27141#0024
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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

C'est une œuvre sévère en son exécution encore
archaïque (voyez le dessin de la musculature et des
cheveux), en sa silhouette un peu sèche et décou-
pée, dont a été écartée toute recherche de joliesse,
au profit d’une harmonie grandiose et simple :
c’est l'expression, dépouillée de toute littérature,
d’une action
athlétique, mais
rendue avec une
telle acuité d'ob-
servation qu’on
ne peut bien l’ap-
précier que depuis
que l’on connaît
la photographie
instantanée. Ce-
pendant alors que
l’instantané ne
donne que la re-
présentation figée
d’un stade de l’ac-
tion, le sculpteur,
fondant en une
seule plusieurs
images mentales
— car il est évi-
dent que, dans
une composition
de ce genre, la mé-
moire joue un rôle
prépondérant —
arrive, à la fois, à
donner l’impres-
sion du point cul-
minant du mou-
vement — celui
où tout le corps
tendu et ramassé
comme un arc,
s’immobilise
avant la détente
finale — et à faire
prévoir cette détente en montrant le pied, frôlant
déjà le sol de la pointe des orteils, entraîné par
l’impulsion du jet, et non pas s’appuyant à terre.
Et de ce ryhtmé combiné avec le style élevé de la
figure, dont tout détail individuel ou accidentel a
été écarté, il se dégage une harmonie grave et
profonde, nombreuse et pourtant pondérée. C’est
de la musique de Bach, a pu dire un archéologue
(Amelung). C’est la plus complète expression
gymnastique de la force, et l’on songe aussitôt à
ces autres expressions, moins différentes au fond
qu’on pourrait le croire, car elles sont stylisées à
leur façon, de la force laborieuse dont l’œuvre de
Meunier fournit les plus éclatants exemples.

Si nous analysons les causes de la vive impres-
sion produite sur nous par le discobole, à côté de
l’observation de la nature et de l’idéalisation des
formes, nous devons faire entrer en ligne de
compte la composition de la figure. Celle-ci n’ar-
rive à son expression complète que lorsqu’elle est

vue sous un angle
déterminé (celui
que donne notre
reproduction).
Certes, tourner
autour de la sta-
tue ne nuit nulle-
ment à l’admira-
tion qu’en suscite
l’exécution et le
prodigieux équi-
libre ; mais dès le
premier coup
d’œil, nous savons
tout ce que l’ar-
tiste a voulu dire,
tant est claire et
complète la silhou-
ette de sa figure.
Il n’y a point place
ici pour cette in-
certitude et cette
inquiétude que
l’on ressent de-
vant tant d’œu-
vres, louables par
ailleurs, de la
sculpture mo-
derne, parce que
leur silhouette est
confuse et qu’il
faut tourner au-
tour d'elles pour
comprendre ce
qu’elles veulent
dire. Nous n’arri-
vons, alors, à fondre toutes les impressions ressen-
ties successivement en une impression d’ensemble
que par un travail de reconstitution mentale qui
tue l’émotion.

Ici, la figure est conçue comme un haut relief,
vue et dessinée en un même plan, et cette particu-
larité, commune à toutes les œuvres statuaires de
l’époque classique grecque, est un des principaux
éléments créateurs de ce calme serein et de cette
grandeur sublime (stille Ruhe underhahene Grosse)
qui, selon l’expression lapidaire de Winckelmann,
en sont la caractéristique.

Cette conception en haut-relief découlait d’ail-
leurs de l’évolution normale de la plastique : le

RESTAURATION DU DISCOBOLE DE CASTEL PORZIANO
PAR M. RIZZO.
 
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