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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1908

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No 9 (1908)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27141#0093
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2e SÉRIE. 1™ ANNÉE

PARAISSANT TOUS LES MOIS

N° 9. SEPTEMBRE 1908

BULLETIN

DES MUSEES ROYAUX

DES ARTS DECORATIFS ET INDUSTRIELS

(Antiquités, Industries d’Art, Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie)

A BRUXELLES

Ce Bulletin sert d’organe à la Société des Amis des Musées royaux de l’État, à Bruxelles.

Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.

ABONNEMENTS :

Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l’Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.

_ _ ■ *

LA TONTE DES MOUTONS

TAPISSERIE FRANÇAISE DU DÉBUT
DU XVIe SIÈCLE

LES scènes de l’Ancien et du Nouveau Testa-
ment, les hauts faits d'Alexandre ou de
César, les prouesses de Charlemagne, de Roland/de
Godefroid de Bouillon et de bien d’autres héros
furent souvent représentés dans les ' tentures du
moyen âge. O11 aurait tort de croire cependant
que les sujets idylliques ou familiers étaient dédai-
gnés de nos ancêtres. A cet égard les anciens
inventaires abondent en mentions aussi variées que
suggestives. Et, aujourd’hui, nous déplorons que
tant d’œuvres si curieuses et si instructives au
point de vue de l’histoire des mœurs soient irré-
médiablement perdues. Il eût été, en outre, fort
piquant d’établir un parallèle entre les productions
des imagiers et celles des tapissiers. Autant qu’il
est possible déjuger par les épaves qui nous sont
parvenues, ceux-ci tombent rarement dans le
genre bas et trivial, même lorsqu’ils représentent
un sujet scabreux tel que le Bal des Sauvages con-
servé dans l’église de Notre-Dame de Nantilly, à
Saumur ; ceux-là n’ont pas la même retenue,
ils s’expriment souvent avec une concision toute
brutale, et il semble que chaque coup de ciseau
a sa signification et son accent propre. Les.tapis-
series étaient d’ailleurs destinées à figurer dans
toutes sortes d’appartements et, de là, une discré-
tion qu'on ne songeait pas à réclamer de celui qui
historiait des culs-de-lampe ou des miséricordes de
stalles.

De tous les sujets de genre ou idylliques, ce sont

les bergeries qui furent les dernières à perdre la
faveur du public. Dourdin, l’associé du célèbre
Parisien Bataille pour l’exécution des joutes de
Saint-Denis, livra à Philippe le Hardi des tapisse-
ries figurant des bergers et des bergères ; et, dans
l’inventaire de ce prince, je relève 1’ « Arc de
Bergherie, six tapis de haute lisse de bergerie »,
un tapis représentant la Danse des Bergères.
Charles VI, le duc Jean de Berry partageaient
le même goût pour ce genre de sujets.

« On prisait fort, dit M. Jules Guiffrey, les diver-
tissements rustiques parfois relevés d’une pointe
de sel gaulois, et auxquels un versificateur prêtait
souvent sa collaboration. Il nous reste encore
plusieurs exemplaires d’une série appartenant à ce
type particulier, qui a joui d’un vif succès pendant
bien des générations.La représentation de Gombaut
et de Macée, dont l’origine remonte probablement
au xve siècle, a été reproduite pendant deux cents
ans par les fabriques les plus célèbres. Nous avons
rencontré plus de vingt pièces différentes consa-
crées aux aventures de ces héros populaires. Les
ateliers de Bruxelles, d’Aubusson et de Paris les ont
copiées et recopiées sous Louis XIII1 ». Seulement,
les scènes, à force de se répéter, ne laissèrent
pas de se défraîchir, de devenir banales et, fina-
lement, de tomber dans le discrédit. Les bergers de
Watteau et de Boucher frais, gracieux, pomponnés,
chassèrent définitivement tout ce qui rappelait les
mœurs des vieux paysans français. Et, cependant,
ni la facture enchanteresse de Watteau ni le

1. Histoire de. la tapisserie depuis le moyen âge jusqu'à
nos jours, p. 69.
 
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