DOI Heft:
No 6 (1908)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.27141#0067
2» SERIE. 1“ ANNEE'
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N» 6. JUIN 1908
BULLETIN
DES MUSEES ROYAUX
DES ARTS DECORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d’Art, Art monumental et décoratif, Armes et Armures, Ethnographie)
A BRUXELLES
Ce Bulletin sert d’organe à la Société des Amis des Musées royaux de l’État, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l’Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.
LES FUNÉRAILLES DE FRÈRE JEHAN
FIEFVÉS (7 1426), BAS-RELIEF VOTIF
DE L’ÉCOLE DE TOURNAI.
LA Société des Amis des Musées royaux vient
de marquer sa sympathie et sa générosité vis-
à-vis de nos collections d’art national en les enri-
chissant d’un accroissement de premier ordre, qui
formera une des pièces les plus en vue de notre
série de monuments lapidaires. Ce nous est le plus
agréable des devoirs que d’exprimer notre profonde
reconnaissance envers ces amis dévoués : le don
précieux qui nous est fait est un témoignage du
zèle éclairé que déploie la Société naissante pour
assurer à notre pays la conservation des trésors
d’art, nés sur le sol belge, qu’il possède encore et
que les ardentes convoitises de l’étranger, aidées
trop souvent, hélas ! des complicités du dedans,
voudraient lui ravir.
Le monument qui est ainsi libéralement offert
aux Musées de l'État appartenait auparavant à
l’Académie de Saint-Luc à Tournai, qui avait
autorisé, il y a quelques années, notre service des
moulages à en faire une reproduction en plâtre.
C’est à Tournai qu’il a été découvert en 1890 par
M. Cloquet, sur l’emplacement de l’ancien couvent
1. «Dans le vieux pavement d’une dépendance du cou
vent des Clarisses, immeuble possédé par M. H. Desclée,
de Tournai, lequel en a fait don au Musée de l’Ecole de
Saint-Luc. » Cloquet, Revue de l’Art chrétien, 1902,
p. 257.
2. L’Art à Tournai, dans Bulletins de la Société histori-
que et littéraire de Tournai, t. xxm, 1890, p. 351 sq. ;
Compte rendu du Congrès archéologique et historique de
t
des Frères Mineurs *, qui était très riche en bas-
reliefs funéraires et d'où proviennent notamment
ceux de la cathédrale, exhumés au même endroit
par Barthélemy Du Mortier. Décrit à diverses
reprises par M. Cloquet 2, il a été étudié ensuite
par M. Maeterlinck 3, et plus récemment par
M. Koechlin, dans son intéressant travail sur La
Sculpture belge et les Influences françaises aux
XIIIe et XIVe siècles 4.
Mieux que n’importe quelle description, un
coup d’œil jeté sur la planche ci-jointe fera saisir
au lecteur le caractère vécu de la scène représentée
sur le bas-relief5. Sur une civière déposée sur des
tiéteaux et recouverte d’une natte de paille fine-
ment tressée, dont les moindres détails apparais-
sent, repose la dépouille d’un Frère Mineur, vêtu
de la robe de bure ; les manches de son vêtement
cachent les mains, croisées sur la poitrine. La
physionomie du mort respire une parfaite sérénité.
De sa bouche part une banderole portant une invo-
cation à la Vierge Marie : nunc mater exor a natum
ut meum tollat reatum. La Mère de Dieu domine
la scène, tenant sur le bras gauche l’enfant Jésus;
elle est représentée à mi-corps, sortant des nuées,
la tête ceinte d'une couronne fleuronnée, et abais-
sant son regard miséricordieux sur le visage du
défunt, tandis qu’en réponse à la pieuse invocation,
Bruxelles de 1891, p. 372 sq. ; Revue de l'Art chrétien,
4e série, t. XIII, 1902, p. 257.
3. Roger van der Weyden, sculpteur. Extrait de la
Gazette des Beaux-Arts, 1901, p. 9 sq.
4. Extrait de la Gazette des Beaux-Arts, 1903, p. 32-
37, 43-44-
5. Hauteur de celui-ci : om94 ; largeur : im27.
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N» 6. JUIN 1908
BULLETIN
DES MUSEES ROYAUX
DES ARTS DECORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d’Art, Art monumental et décoratif, Armes et Armures, Ethnographie)
A BRUXELLES
Ce Bulletin sert d’organe à la Société des Amis des Musées royaux de l’État, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l’Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.
LES FUNÉRAILLES DE FRÈRE JEHAN
FIEFVÉS (7 1426), BAS-RELIEF VOTIF
DE L’ÉCOLE DE TOURNAI.
LA Société des Amis des Musées royaux vient
de marquer sa sympathie et sa générosité vis-
à-vis de nos collections d’art national en les enri-
chissant d’un accroissement de premier ordre, qui
formera une des pièces les plus en vue de notre
série de monuments lapidaires. Ce nous est le plus
agréable des devoirs que d’exprimer notre profonde
reconnaissance envers ces amis dévoués : le don
précieux qui nous est fait est un témoignage du
zèle éclairé que déploie la Société naissante pour
assurer à notre pays la conservation des trésors
d’art, nés sur le sol belge, qu’il possède encore et
que les ardentes convoitises de l’étranger, aidées
trop souvent, hélas ! des complicités du dedans,
voudraient lui ravir.
Le monument qui est ainsi libéralement offert
aux Musées de l'État appartenait auparavant à
l’Académie de Saint-Luc à Tournai, qui avait
autorisé, il y a quelques années, notre service des
moulages à en faire une reproduction en plâtre.
C’est à Tournai qu’il a été découvert en 1890 par
M. Cloquet, sur l’emplacement de l’ancien couvent
1. «Dans le vieux pavement d’une dépendance du cou
vent des Clarisses, immeuble possédé par M. H. Desclée,
de Tournai, lequel en a fait don au Musée de l’Ecole de
Saint-Luc. » Cloquet, Revue de l’Art chrétien, 1902,
p. 257.
2. L’Art à Tournai, dans Bulletins de la Société histori-
que et littéraire de Tournai, t. xxm, 1890, p. 351 sq. ;
Compte rendu du Congrès archéologique et historique de
t
des Frères Mineurs *, qui était très riche en bas-
reliefs funéraires et d'où proviennent notamment
ceux de la cathédrale, exhumés au même endroit
par Barthélemy Du Mortier. Décrit à diverses
reprises par M. Cloquet 2, il a été étudié ensuite
par M. Maeterlinck 3, et plus récemment par
M. Koechlin, dans son intéressant travail sur La
Sculpture belge et les Influences françaises aux
XIIIe et XIVe siècles 4.
Mieux que n’importe quelle description, un
coup d’œil jeté sur la planche ci-jointe fera saisir
au lecteur le caractère vécu de la scène représentée
sur le bas-relief5. Sur une civière déposée sur des
tiéteaux et recouverte d’une natte de paille fine-
ment tressée, dont les moindres détails apparais-
sent, repose la dépouille d’un Frère Mineur, vêtu
de la robe de bure ; les manches de son vêtement
cachent les mains, croisées sur la poitrine. La
physionomie du mort respire une parfaite sérénité.
De sa bouche part une banderole portant une invo-
cation à la Vierge Marie : nunc mater exor a natum
ut meum tollat reatum. La Mère de Dieu domine
la scène, tenant sur le bras gauche l’enfant Jésus;
elle est représentée à mi-corps, sortant des nuées,
la tête ceinte d'une couronne fleuronnée, et abais-
sant son regard miséricordieux sur le visage du
défunt, tandis qu’en réponse à la pieuse invocation,
Bruxelles de 1891, p. 372 sq. ; Revue de l'Art chrétien,
4e série, t. XIII, 1902, p. 257.
3. Roger van der Weyden, sculpteur. Extrait de la
Gazette des Beaux-Arts, 1901, p. 9 sq.
4. Extrait de la Gazette des Beaux-Arts, 1903, p. 32-
37, 43-44-
5. Hauteur de celui-ci : om94 ; largeur : im27.