DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
3i
humaine, enguirlandé de feuillages et de fruits, et
dont la gaine, renforcée de quatre tigelles de lai-
ton doré, forme manche, est assis, nu, dans une
pose pleine d’abandon, un amour joufflu et frisé
dont la tête, d’un modelé délicat, est pleine
d’expression.
C’est là un joli morceau de sculpture, qui donne
à l’arme un cachet vraiment artistique et une
valeur toute particulière.
En acceptant de nous confier pour l’Exposition
de Bruxelles 1910 l’ensemble des armes qui
viennent d’être décrites au cours de cette rapide
esquisse, et en nous autorisant à les reproduire,
S. A. S. le duc d’Arenberg avait voulu, par un
geste gracieux dont tous les amateurs d’armes lui
surent gré, mettre à la portée du grand public
cette intéressante partie de ses collections.
Il nous est particulièrement agréable de l’en
remercier et nous le prions de recevoir ici l’ex-
pression de notre vive gratitude pour l'exemple
précieux qu’il voulut bien donner.
Georges Macoir.
COSTUME MILITAIRE DU XIV * SIÈCLE
LA superbe lame funéraire des seigneurs de
Heers, au Musée des Arts décoratifs, à
Bruxelles, dont nous reproduisons les person-
nages, est dans son genre un des plus remar-
quables spécimens de l’art du xive siècle (1).
Les deux personnages, Jean et Gérard, sei-
gneurs de Heers, sont figurés revêtus de leurs
armures reproduites dans leurs plus minutieux
détails. A ce titre, cette lame tumulaire constitue
un des plus précieux documents qui puissent
s offrir à nous pour l’étude du costume chevale-
resque à cette époque.
Étant donné que les seigneurs de Heers sont
morts à un intervalle de 66 ans (1332-1398), on
pourrait s’étonner de les voir représentés dans des
costumes identiques l'un à l’autre. Un détail
d exécution nous en donne l’explication : le millé-
sime de l’épitaphe de Gérard de Heers a été
ajouté par une autre main que celle qui a gravé
(1) Une étude sur cette œuvre d’art paraîtra ultérieure-
ment dans l’ouvrageque publie notre collègue, M. Destree,
intitulé , Les Musées royaux du Parc du Cinquantenaire
et de la Porte de Hal, à Bruxelles, armes, armures,
industries d’art.
toute la lame. Nous sommes donc en présence
d’une œuvre de la première moitié du xive siècle,
c’est-à-dire d’une époque de transition et de
tâtonnements, où les plates s’ajoutaient à la
maille avant de s’y substituer entièrement. Seuls
les bras et les jambes des chevaliers en sont
armés.
Le surcot ou pourpoint d’étoffe très luxueuse
à en juger par la richesse du dessin — dont il
nous a été impossible de reproduire ici les
détails — laisse apercevoir la maille du hauber-
geon au cou et à l’intérieur des arrière-bras.
La ceinture de chevalerie, dite aussi ceinture
d’orfèvrerie, qui se portait à hauteur des hanches,
nous montre par la beauté des détails de son des-
sin (non reproduits ici) ce que devait être cette
partie du costume sur laquelle se reportait prin-
cipalement le luxe du chevalier. Les seigneurs de
Heers portent une ceinture sur laquelle est
figurée une suite d’élégants chaînons articulés
reproduisant sans doute quelque chef-d’œuvre
d’un joaillier de l’époque.
On remarquera que les genouillères sont
découpées en ailerons à l’intérieur des genoux.
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humaine, enguirlandé de feuillages et de fruits, et
dont la gaine, renforcée de quatre tigelles de lai-
ton doré, forme manche, est assis, nu, dans une
pose pleine d’abandon, un amour joufflu et frisé
dont la tête, d’un modelé délicat, est pleine
d’expression.
C’est là un joli morceau de sculpture, qui donne
à l’arme un cachet vraiment artistique et une
valeur toute particulière.
En acceptant de nous confier pour l’Exposition
de Bruxelles 1910 l’ensemble des armes qui
viennent d’être décrites au cours de cette rapide
esquisse, et en nous autorisant à les reproduire,
S. A. S. le duc d’Arenberg avait voulu, par un
geste gracieux dont tous les amateurs d’armes lui
surent gré, mettre à la portée du grand public
cette intéressante partie de ses collections.
Il nous est particulièrement agréable de l’en
remercier et nous le prions de recevoir ici l’ex-
pression de notre vive gratitude pour l'exemple
précieux qu’il voulut bien donner.
Georges Macoir.
COSTUME MILITAIRE DU XIV * SIÈCLE
LA superbe lame funéraire des seigneurs de
Heers, au Musée des Arts décoratifs, à
Bruxelles, dont nous reproduisons les person-
nages, est dans son genre un des plus remar-
quables spécimens de l’art du xive siècle (1).
Les deux personnages, Jean et Gérard, sei-
gneurs de Heers, sont figurés revêtus de leurs
armures reproduites dans leurs plus minutieux
détails. A ce titre, cette lame tumulaire constitue
un des plus précieux documents qui puissent
s offrir à nous pour l’étude du costume chevale-
resque à cette époque.
Étant donné que les seigneurs de Heers sont
morts à un intervalle de 66 ans (1332-1398), on
pourrait s’étonner de les voir représentés dans des
costumes identiques l'un à l’autre. Un détail
d exécution nous en donne l’explication : le millé-
sime de l’épitaphe de Gérard de Heers a été
ajouté par une autre main que celle qui a gravé
(1) Une étude sur cette œuvre d’art paraîtra ultérieure-
ment dans l’ouvrageque publie notre collègue, M. Destree,
intitulé , Les Musées royaux du Parc du Cinquantenaire
et de la Porte de Hal, à Bruxelles, armes, armures,
industries d’art.
toute la lame. Nous sommes donc en présence
d’une œuvre de la première moitié du xive siècle,
c’est-à-dire d’une époque de transition et de
tâtonnements, où les plates s’ajoutaient à la
maille avant de s’y substituer entièrement. Seuls
les bras et les jambes des chevaliers en sont
armés.
Le surcot ou pourpoint d’étoffe très luxueuse
à en juger par la richesse du dessin — dont il
nous a été impossible de reproduire ici les
détails — laisse apercevoir la maille du hauber-
geon au cou et à l’intérieur des arrière-bras.
La ceinture de chevalerie, dite aussi ceinture
d’orfèvrerie, qui se portait à hauteur des hanches,
nous montre par la beauté des détails de son des-
sin (non reproduits ici) ce que devait être cette
partie du costume sur laquelle se reportait prin-
cipalement le luxe du chevalier. Les seigneurs de
Heers portent une ceinture sur laquelle est
figurée une suite d’élégants chaînons articulés
reproduisant sans doute quelque chef-d’œuvre
d’un joaillier de l’époque.
On remarquera que les genouillères sont
découpées en ailerons à l’intérieur des genoux.