10e ANNEE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N° 5. MAT 1911
BULLETIN
DES MUSÉES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif, Armes et Armures, Ethnographie)
A BRUXELLES
Ce bulletin sert d'organe à la Société des Amis des Musées royaux de l'Etat, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l'étranger . . 6 fr. 50. — Le numéro . . 50 centimes.
A PROPOS DE MÉDAILLONS
FLORENTINS DU XVe SIÈCLE
A BRUGES (HOTEL BLADELIN)
Monsieur le Conservateur en Chef
des Musées Royaux
Parc du Cinquantenaire à Bruxelles.
Monsieur,
Je crois avoir trouvé une solution définitive au
problème que pose M. Henry Rousseau dans un
article paru le 2 février de cette année dans le
Bulletin des Musées Royaux.
Il s’agit de la section d’art monumental et des
médaillons-portraits de grande dimension, exis-
tant à Bruges, dans l’ancien Hôtel de Pierre
Bladelin (xve siècle).
Ces médaillons sont encastrés dans une façade
intérieure, donnant sur la cour d’entrée de cet
intéressant hôtel patricien, rue des Aiguilles, à
Bruges.
Ils ont été moulés récemment pour le musée
des échanges à Bruxelles. La question, qui se
présente maintenant, de savoir dans quelle caté-
gorie de nos modèles d’art décoratif il y a lieu de
les placer, peut, à mon avis, se résoudre sûrement.
Sont-ils d’essence flamande ou bien provien-
nent-ils d’une autre contrée ?
Ces effigies ne seraient-elles pas celles de sou-
verains des Pays-Bas au xve siècle, Charles le
Téméraire ou Philippe le Beau et leurs femmes?...
et même on a penché à y voir Bladelin et son
épouse...?
Il ne paraît pas qu’on ait songé à Tltalie, à des
personnages de cette contrée.
Les recherches suivies et de longue durée déjà,
que j’ai faites dans la ville de Bruges, m’avaient
nécessairement entraîné à pénétrer dans ce vieil
hôtel de Bladelin qui, actuellement est une école
dentellière.
Les médaillons, attirant mes regards, me lais-
saient toujours l’impression qu’ils étaient d’origine
italienne, que leur caractère étonnant, les types
représentés, leurs encadrements, devaient se rap-
porter à la Renaissance de ce pays et plus spécia-
lement de celle de Florence. Et c’est dans ce sens
que j’ai cherché à trouver la vérité à leur sujet.
Et de fait aussi, c’est bien à cette détermination
que de nouvelles et de patientes études, m’ont
mené et je m’empresse de vous communiquer le
résultat auquel je suis arrivé.
Le médaillon représentant un buste d’homme,
serait celui de Laurent de Médicis, dit le Magni-
fique, aussi le Père des Muses (1448-1492); l’autre
médaillon nous donnerait le portrait de sa femme
Clarisse des Ursins (Orsini) -f- 1488.
Voici comment je suis parvenu à me faire cette
conviction, et pourquoi je leur donne l’attribu-
tion d’origine que j’indique et par laquelle nous
saurons aussi à quelle époque approximative et
à quel milieu d’art ils doivent se rapporter.
Bladelin, le trésorier de Philippe le Bon, mem-
bre du conseil et maître d’hôtel du riche Duc de
Bourgogne (riche, lui aussi, de bien et de fortune
oultre mesure), habitait l’hôtel de la rue des
Aiguilles et y est mort en 1472, sans postérité.
Après lui sa propriété passe aux de Fiennes et elle
est certainement habitée par Thomas Portunari
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N° 5. MAT 1911
BULLETIN
DES MUSÉES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif, Armes et Armures, Ethnographie)
A BRUXELLES
Ce bulletin sert d'organe à la Société des Amis des Musées royaux de l'Etat, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l'étranger . . 6 fr. 50. — Le numéro . . 50 centimes.
A PROPOS DE MÉDAILLONS
FLORENTINS DU XVe SIÈCLE
A BRUGES (HOTEL BLADELIN)
Monsieur le Conservateur en Chef
des Musées Royaux
Parc du Cinquantenaire à Bruxelles.
Monsieur,
Je crois avoir trouvé une solution définitive au
problème que pose M. Henry Rousseau dans un
article paru le 2 février de cette année dans le
Bulletin des Musées Royaux.
Il s’agit de la section d’art monumental et des
médaillons-portraits de grande dimension, exis-
tant à Bruges, dans l’ancien Hôtel de Pierre
Bladelin (xve siècle).
Ces médaillons sont encastrés dans une façade
intérieure, donnant sur la cour d’entrée de cet
intéressant hôtel patricien, rue des Aiguilles, à
Bruges.
Ils ont été moulés récemment pour le musée
des échanges à Bruxelles. La question, qui se
présente maintenant, de savoir dans quelle caté-
gorie de nos modèles d’art décoratif il y a lieu de
les placer, peut, à mon avis, se résoudre sûrement.
Sont-ils d’essence flamande ou bien provien-
nent-ils d’une autre contrée ?
Ces effigies ne seraient-elles pas celles de sou-
verains des Pays-Bas au xve siècle, Charles le
Téméraire ou Philippe le Beau et leurs femmes?...
et même on a penché à y voir Bladelin et son
épouse...?
Il ne paraît pas qu’on ait songé à Tltalie, à des
personnages de cette contrée.
Les recherches suivies et de longue durée déjà,
que j’ai faites dans la ville de Bruges, m’avaient
nécessairement entraîné à pénétrer dans ce vieil
hôtel de Bladelin qui, actuellement est une école
dentellière.
Les médaillons, attirant mes regards, me lais-
saient toujours l’impression qu’ils étaient d’origine
italienne, que leur caractère étonnant, les types
représentés, leurs encadrements, devaient se rap-
porter à la Renaissance de ce pays et plus spécia-
lement de celle de Florence. Et c’est dans ce sens
que j’ai cherché à trouver la vérité à leur sujet.
Et de fait aussi, c’est bien à cette détermination
que de nouvelles et de patientes études, m’ont
mené et je m’empresse de vous communiquer le
résultat auquel je suis arrivé.
Le médaillon représentant un buste d’homme,
serait celui de Laurent de Médicis, dit le Magni-
fique, aussi le Père des Muses (1448-1492); l’autre
médaillon nous donnerait le portrait de sa femme
Clarisse des Ursins (Orsini) -f- 1488.
Voici comment je suis parvenu à me faire cette
conviction, et pourquoi je leur donne l’attribu-
tion d’origine que j’indique et par laquelle nous
saurons aussi à quelle époque approximative et
à quel milieu d’art ils doivent se rapporter.
Bladelin, le trésorier de Philippe le Bon, mem-
bre du conseil et maître d’hôtel du riche Duc de
Bourgogne (riche, lui aussi, de bien et de fortune
oultre mesure), habitait l’hôtel de la rue des
Aiguilles et y est mort en 1472, sans postérité.
Après lui sa propriété passe aux de Fiennes et elle
est certainement habitée par Thomas Portunari