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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 10.1911

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No 8 (Août 1911)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24676#0071
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58

BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

contenait encore, au moment de la découverte,
un petit boulet de fer, fondu à coquilles, et repo-
sant sur un lit de poudre grossière, mélangée de
vase.

La lumière est protégée par une bande de fer
forgé, dont une extrémité est mobile autour d'une
charnière, tandis que l'autre extrémité, repercée
d'une ouverture rectangulaire, vient se loger
autour d'un tenon muni d’un trou permettant
d’y passer une clavette ou un cadenas destiné à
maintenir la bande en place et à fermer ainsi la
lumière, pour empêcher la pluie d’y pénétrer et
les malveillants d’enclouer la pièce.

Ces couvre-lumières, que l'artillerie de la fin
du xve siècle et du commencement du xvie siè-
cle connaissait sous les noms de bendes de fer
à freiner les lumières (i), nocquetz (2), nocque-

vers la fin de ce siècle, des muselières (1).

Cette pièce d’artillerie est évidemment une
coulevrine de la fin du xve siècle qui, primitive-
ment montée sur un affût léger à roues, ou sur
une légère charpenterie (2) en bois, pouvait servir
en campagne ou pour la défense d’une place
forte. Mais il nous paraît certain que l’étrier en
fer forgé fixé autour de ses tourillons et la longue
queue de manœuvre en fer ont été ajoutés à la
pièce postérieurement à l’époque de sa fabrication
et probablement à la fin du xvie siècle, afin de
permettre à la coulevrine, montée sur un affût en
bois, semblable, ou à peu près, à celui que nous
représentons à la figure 3, de servir sur un navire.
Ce qui tendrait à confirmer ce point de vue, c’est
que la coulevrine a été découverte dans le lit du
Rupel, en même temps que des fragments d’épées

FIG. 2. - PARTIE ANTÉRIEURE DE LA VOLÉE D’UNE COULEVRINE A TOURILLONS, DE LA FIN DU XVe SIÈCLE

(Musée de la Porte de Hal)

tières (3), nocquières à bendes (4), étaient em-
ployés déjà dès l’origine de l’artillerie (5) et conti-
nuèrent à l'être au xvie siècle (6) ; on leur adjoignit,

(1) (2) (3) Cf. de la Fons-Mélicocq, De l’Artillerie de
la ville de Lille aux XIVe, XVe et XVIe siècles, i855,
p. 24.

(4) L’argentier de la ville de Lille signale, en 1487, les
deux nocquières à bende, pour couvrir les lumières de
deux engiens, et les deux fors nocques, pour freiner lesd.
bendes. Cf. de la Fons-Mélicocq, op. cit., p. 24.

(5) Un compte se rapportant à un grand canon fait à
Caen, en i3y5, pour le siège de Saint-Sauveur, mentionne :
une serrure de fer servant à « fremer un grand plataine de
fer, laquelle estoit sur le pertuis par où l’on mettoit le feu
audit canon, afin qu’il ne pleust en icelui quand il seroit
chargé ». Cf. Louis Napoléon Bonaparte, Etudes sur le
passé et l’avenir de l'artillerie, (ouvrage continué à l’aide
des notes de l’empereur par le colonel Favé) t. III, pp. 97
et 98, Paris, 1862.

(6) Cf. de la Fons-Mélicocq, op. cit., pp. 3o et 35. Les
comptes de Lille nous parlent en i5i3, 1529, 1537, L46,
i565, 1572, etc. des fors nocques à fremer les lumières,
des nocques. des nocquets, des nocquières, des bendes de
fer pour fremer les lumières.

En i535, les échevins de Lille s’adressent à Marcq Flo-
rens, orfèvre et horloger de la ville, et lui accordent
LIX 1. VIII s., pour avoir effectué divers travaux à six ser-
pentines de cuivre faites à Tournai et, notamment, pour
avoir fait VI nocquières et XII crampons pour couvrir
les lumières.

de la fin’du xvie siècle et que les débris d’un bateau
à l’armement duquel, très vraisemblablement, elle
a dû servir.

Notre coulevrine est décorée, près des touril-
lons, d’une guirlande de fleurs de lis, dans le style
gothique, et porte sur le pan supérieur, vers le
tonnerre, un écusson sans armoiries. Mais ce qui
fait l’originalité et la rareté de cette pièce d’artil-
lerie, c’est qu’elle se termine vers la bouche, en
fût de colonne gothique, sortant de la gueule
ouverte d’un dragon fantastique, finement mais
puissamment modelé, et d’un grand effet déco-
ratif.

L’histoire de l’artillerie ancienne nous a con-
servé le souvenir, écrit et figuré, de pièces ana-
logues à la nôtre et décorées de même ; le motif
décoratif, tète de lion, de dragon, de serpent, se
trouve placé, soit sur la volée ou à la culasse, soit,

(1) En 1590. Toussaint Mas, orfèvre, demande XVI s.
pour chacune des paires de pentures et des trois freumans
destinés aux custodes des lumières, et XXX s. pour cha-
cune des muselières des pièces d’artillerie, et chacun des
quatre nocquets qui servent à fermer ces muselières.

Cf. de la Fons-Mélicocq, op. cit.. p. 35.

(2) On appelait ainsi les affûts fixes, en bois, des pièces
d’artillerie de l’époque.
 
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